La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Pour en finir avec la guerre des serviettes

Êtes-vous prêt à payer pour quelque chose qui était gratuit jusque là? Nous sommes nombreux à nous être posé la question quand il est devenu obligatoire de dégainer sa carte de crédit pour réserver un siège d’avion à l’avance avec un nombre croissant de compagnies aériennes. Mais iriez-vous jusqu’à débourser 25 euros (39$ CA) pour vous assurer d’avoir une chaise longue au bord de la piscine?



C’est ce que va proposer l’agence britannique Thomas Cook dans trois hôtels dès la fin du mois. Dans une vidéo expliquant comment procéder, on découvre qu’il suffira de consulter un plan de la piscine six jours avant le départ pour choisir son emplacement, un peu comme on le fait pour un siège dans un avion. Le service sera offert dans une trentaine d’hôtels à compter de l’été 2018.

Photo: Adi Goldstein, Unsplash
Photo: Adi Goldstein, Unsplash

Bonne ou mauvaise chose?

La nouvelle a fait couler beaucoup d’encre depuis son annonce. J’admets avoir trouvé l’idée farfelue au début, même si Choose your sunbed met en relief une pratique qui m’agace dans certains hôtels offrant la formule «tout compris»: l’incroyable course matinale pour réserver sa chaise longue pour la journée. Se lever avant même le soleil pour courir mettre sa serviette sur une chaise, est-ce ça, des vacances? Sommes-nous «plus» en congé parce que nous avons le meilleur spot près de la piscine? Si la réponse à ces deux questions est oui, nul besoin de délier les cordons de la bourse: vous êtes sans doute un champion de la réservation de chaise longue.

Pour ma part, j’avoue essayer généralement d’éviter les établissements ultra-populaires, où cette activité matinale fait figure de sport de compétition, surtout en haute saison. Mais si je me retrouvais dans l’un de ces hôtels, serais-je prête à payer pour m’assurer d’avoir accès sans souci à ce symbole ultime du repos? Je crois que la réponse serait… oui. On ne devrait pas, à mon avis, devoir régler son réveille-matin en période de repos. Et chercher où se reposer ne devrait jamais être une source de stress!

En creusant la question, je trouve que débourser 38$ n’est pas si cher pour éliminer un irritant potentiel. Ça m’étonne même que personne n’y ait pensé avant. D’autant plus que, comme l’indique Thomas Cook dans son site, le prix est le même, peu importe la durée du séjour. The Guardian rapporte par ailleurs que dès l’été, ces frais s’élèveront à 30 euros (46$ CA) par chambre plutôt qu’à 25 euros par chaise longue.

Photo: Alexander Videnov, Unsplash
Photo: Alexander Videnov, Unsplash

Chaises à revendre?

Deux hics, toutefois: entre 10 et 20% des chaises longues d’un même hôtel pourront être réservées avec ce système et votre chaise sera identifiée avec votre numéro de chambre, information qu’on préfère généralement garder confidentielle. Verrons-nous apparaître des revendeurs de «bonnes places», comme pour les concerts, si ce service devient trop populaire? Vos voisins sans réservation vous espionneront-ils pour aller squatter votre espace dès que vous le quitterez? Assisterons-nous à une guerre des clans après celle des serviettes, soit les «avec chaises longues réservées» et les «sans»?

Bon, d’accord, mes spéculations sont un peu tirées par les cheveux. Mais les resorts, ces microsociétés de bonnes gens qui cherchent à être aussi en vacances qu’ils sont occupés pendant le reste de l’année, restent propices à ce genre de scénarios dignes d’une comédie.

On croyait que tout était inclus dans les «tout inclus». C’était avant qu’on invente des services qui n’existaient pas encore! Thomas Cook permet aussi depuis peu aux vacanciers de choisir leur chambre.

Photo: Pan Xiaozhen, Unsplash
Photo: Pan Xiaozhen, Unsplash

Et l’avenir?

Quand on prend l’avion pour une destination canadienne ou américaine, on doit maintenant payer nos repas à bord et l’enregistrement de notre valise, autant avec Air Canada qu’avec WestJet ou Air Transat. Ces politiques semblent aussi de plus en plus répandues un peu partout sur la planète (et je ne parle même pas des «low cost»!).

Alors que plusieurs se résignent à n’emporter qu’un bagage de cabine, d’autres vont plus loin en enfilant un maximum de vêtements, comme ce voyageur qui avait superposé une dizaine de morceaux. Parions qu’il ne sera pas le dernier à tenter le coup!

Selon Chris Mottershead, directeur général de Thomas Cook, les vacanciers souhaitent aujourd’hui personnaliser leurs forfaits au maximum. «Les forfaits traditionnels sont chose du passé», a-t-il déclaré à The Guardian.

Passé ou pas, le futur risque de coûter de plus en plus cher…


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