La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Le blues de la fin des vacances

Chaque année, c’est pareil. Alors que tout le monde s’excite pour la rentrée scolaire, les paroles de «La Madrague» de Brigitte Bardot se mettent à jouer en boucle dans ma tête.



Sur la plage abandonnée 
Coquillage et crustacés 
Qui l'eût cru déplorent la perte de l'été 
Qui depuis s'en est allé 
On a rangé les vacances 
Dans des valises en carton 
Et c'est triste quand on pense à la saison 
Du soleil et des chansons…

Comment parvenir à chérir les souvenirs des beaux jours d’été sans sombrer dans la déprime? Sélection suggère entre autres de décorer son bureau de photos de vacances, qui aideront à se détendre et à retrouver la force de travailler.

Peu importe la saison, rentrer à la maison après un voyage auquel on a rêvé pendant des mois entraîne inévitablement le spleen. Tout le monde vous le dira: remettre en marche la machine à rêves aide à retrouver le sourire. «Du même souffle, il est utile de mettre à profit la curiosité et l’émerveillement développés en voyage en jouant au touriste chez soi, en expérimentant toutes sortes de choses comme jamais auparavant: fréquenter des restaurants exotiques, prendre part à des tours guidés et redécouvrir sa ville sous un angle nouveau, assister à un festival de musique africaine, etc.», écrit le journaliste et blogueur Gary Lawrence.

Le «choc culturel inversé», c’est-à-dire la redécouverte de son coin de pays après avoir été plongé dans un univers différent, peut entraîner une période de questionnement tant pour les simples vacanciers que pour les aventuriers, les travailleurs qui ont vécu une expatriation plus ou moins longue et les «tourdumondistes». «Plus on part longtemps dans un milieu culturel différent du sien et avec une forte implication dans le pays d’accueil, plus le choc du retour est important», a résumé Marc Doucet, psychologue, au magazine Espaces. Pas étonnant que des formations soient prodiguées aux étudiants et aux coopérants qui s’apprêtent à partir vivre à l’étranger pendant plusieurs mois. Le retour s’avère généralement encore plus déstabilisant que l’adaptation à une nouvelle culture. Certains «impatriés» constatent que, s’ils parlent la langue, ils ne maîtrisent plus les codes. On se sent un peu comme le GPS qui répète inlassablement «recalcul» quand on dévie de l’itinéraire prévu.

Photo: Annie Spratt, Unsplash
Photo: Annie Spratt, Unsplash

Amandine, psychologue et coauteure du blogue Un sac sur le dos, s’est amusée à dresser la liste des signes démontrant qu’on revient de voyage, ainsi que celle des choses qui nous manquent sur la route, le tout avec beaucoup d’humour. Elle reconnaît que le retour fait partie de l’expérience. «Le retour est une étape du voyage en soi et, comme le reste de son voyage, il mérite qu’on s’y attarde. Préparer son retour peut permettre d’atterrir plus en douceur: se programmer des activités (agréables si possible!), avoir un futur projet devant soi (le monde ne s’arrête pas, il y en aura d’autres, des escapades!)…»

«Je ne sais pas revenir», écrit pour sa part Audrey, de Roulettes et sac à dos. Elle évoque «ce sentiment de plénitude» ressenti en voyage. «"Toutes les bonnes choses ont une fin" diront certains. Mais j’ai envie de leur demander: "Pourquoi?" Pourquoi faudrait-il partir et renoncer à ce qui nous rend heureux? Pour retrouver un job qui ne nous plaît pas tant que ça et compter les mois qui restent avant les prochaines vacances? Pas très alléchant. Pourquoi ne pas se donner les moyens d’être heureux de manière permanente? D’être en accord avec soi, quitte à être en marge des dictats?»

Peu importe si l’on décide de repartir ou de réapprivoiser son quotidien, réfléchir à ce que nous apporte le voyage aide à mieux s’ancrer en soi. «Finalement, en voyage comme dans la vie sédentaire, les seules contraintes que nous vivons sont celles que nous acceptons… consciemment ou pas, constate Amandine. Une petite pensée qui change tout.»

Qu’en pensez-vous?