La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

4 nouvelles séries pour retrouver New York

Ah! New York… Palpitante, enivrante, étourdissante, la Grosse Pomme est aussi follement inspirante pour les créateurs de séries télé. Voici quatre séries sorties entre 2020 et 2022 qui vous permettront de déambuler dans la ville par procuration.


Only murders in the building

Déjà, le casting a de quoi intriguer. Que peuvent bien avoir en commun des personnages incarnés par Steve Martin, Martin Short et Selena Gomez?

Tous trois résidents du luxueux Arconia, Charles-Haden Savage, une ex-star de la télé, Oliver Putnam, metteur en scène de Broadway dont le dernier spectacle a connu un échec cuisant, et Mabel Mora, mystérieuse jeune femme au caractère bien trempé, doivent évacuer l’édifice quand l’alarme retentit. Ils se retrouvent à la même table d’un restaurant voisin et se découvrent une passion commune pour un balado d’affaires criminelles.

En apprenant qu’un meurtre a été commis dans leur immeuble, ils décident d’unir leurs forces pour mener leur enquête et créer leur propre balado. Leurs recherches les mèneront de l’Upper East Side, où la série a été majoritairement tournée, à Bayport, Long Island, et Port Morris, dans le Bronx.

Parmi les habitants de l’Arconia soupçonnés du meurtre, se trouve un certain Sting… Tina Fey participe aussi à quelques épisodes.

On s’attache rapidement à ce trio improbable et on prend un plaisir fou à les suivre dans leur délire dans les rues de New York au fil des dix épisodes. Il y a de la mort dans l’air… mais aussi beaucoup d’humour. Une deuxième saison a été confirmée.

Selon Untapped New York, The Arconia est en réalité un bâtiment dessiné par l’architecte H. Hobart Weekes, The Belnord (225, West 86th Street), et érigé en 1909 pour les Astor.

Sur Disney +.

The Gilged Age 

The Gilged Age est sans contredit l’une des séries qui a suscité le plus d’intérêt depuis le début de l’année.

Imaginée par le créateur de Downtown Abbey, Julian Fellowes, la série diffusée au Québec sur Crave nous plonge dans le New York de 1882, alors que Marian Brook, incarnée par Louisa Jacobson (la fille de Meryl Streep), transporte ses pénates de la Pennsylvanie rurale à la Grosse Pomme à la suite de la mort de son père, qui l’a laissée sans le sou.

En allant vivre avec ses tantes, Agnes van Rhijn (Christine Baranski) et Ada Brook (Cynthia Nixon), l’orpheline se retrouve dans une résidence cossue de la Fifth Avenue, à une époque où les anciens riches côtoient les nouveaux, non pas sans heurts. On y découvre les jeux de pouvoir et les castes, l’ambition démesurée et le snobisme exacerbé. On y croise aussi des personnages inspirés de légendes new-yorkaises, comme Mrs Astor.

Bien que retrouver Cynthia Nixon – Miranda de Sex and the City – en «vieille fille» boutonnée jusqu’au cou m’ait demandé une certaine adaptation (!), j’ai rapidement été conquise par l’amitié spontanée entre Marian et Peggy Scott (Denée Benton), Afro-Américaine qui caresse le rêve de devenir écrivaine, le côté frondeur de la jeune orpheline idéaliste, l’opulence des demeures et l’élégance de la bourgeoisie.

Verrons-nous bientôt apparaître dans la série les Vanderbilt ou les Rockefeller, jusqu’ici seulement évoqués? À suivre… Au moment de rédiger ces lignes, le troisième épisode venait tout juste d’être déposé sur Crave. La première saison en comptera neuf au total. (Pour ceux qui se posent la question, «The Gilged Age» est un terme utilisé par Mark Twain dans un roman publié en 1873.)

Sur Crave.

The Undoing 

Sortie en 2020, The Undoing – «Les premières impressions», dans la version traduite – met en vedette une distribution cinq étoiles, Nicole Kidman, Hugh Grant et Donald Sutherland en tête. Dans ce thriller psychologique, le New York des privilégiés se dévoile sous toutes ses coutures griffées.

Grace et Jonathan Fraser ont tout du couple parfait de l’Upper East Side: elle est une thérapeute de renom à l’aura glamour et il est un médecin respecté, toujours prêt à brandir son amour des enfants cancéreux qu’il accompagne au quotidien. Ils sont les parents d’un garçon prénommé Henry, qui fréquente une école huppée du quartier.

Un jour, Elena, la maîtresse de Jonathan – qui a fait la connaissance de Grace quelques jours plus tôt –, est retrouvée assassinée. Au fil des découvertes, l’univers de Grace s’effondre peu à peu…

Du même créateur que Big Little Lies, David E. Kelly, The Undoing nous plonge dans un New York plus angoissant, au fil des promenades nocturnes de Grace et du procès de Jonathan.

Plusieurs lieux emblématiques sont facilement reconnaissables, comme Central Park, que traverse Henry pour se rendre à l’école avec ses parents à différents moments, et Carl Schurz Park, qui longe East River. Les fans de la série Gossip Girl reconnaîtront peut-être l’escalier de l’église orthodoxe russe qui sert de décor à l’école de Henry. En plus de l’édifice de la Cour suprême de New York (100, Centre Street), on aperçoit Frick Collection, un musée de l’Upper East Side, et le steakhouse Donahue’s, aussi aperçu dans la série Billions.

Avis à ceux qui craquent pour la villa au bord de la mer du couple à Long Island: elle peut être louée pour environ 1500 USD la nuit sur Airbnb (minimum de deux nuits).

Sur Crave.

And Just Like That

Je fais partie des fans de la première heure de la série Sex and the City. J’ai encore les DVD même si je n’ai plus de lecteur, j’ai pris part à la visite guidée des lieux de tournage et je pense aux personnages chaque fois que je passe dans la Grosse Pomme.

Même si je garde une vague impression de déception par rapport aux films – que j’ai sans doute inconsciemment enterrés dans un coin de ma mémoire pour ne pas altérer mes souvenirs –, je trépignais d’impatience depuis l’annonce de And Just Like That. Le premier épisode a rapidement fait dégonfler la balloune de mes espérances.

D’abord, il faut s’habituer au ton, plus dramatique, et au format, mais aussi à l’irritation procurée par la liste de thématiques abordées «parce qu’il le faut», avec la subtilité d’une Samantha qui vient de repérer une proie. Disons-le d’emblée: cette dernière nous manque cruellement, mais on s’attache tout de même aux nouvelles amies au fil des épisodes.

Néanmoins, l’âge des personnages et le choc des générations, constamment soulignés à gros trait, ne justifient pas à mon avis certaines décisions scénaristiques. Que de vieilles copines perdues de vue pendant vingt ans aient changé, soit. Mais à quel point avons-nous envie de reconnecter avec quelqu’un qui nous apparaît aussi loin de la personne qu’on a connue? Je fais ici référence à Miranda, qui génère le plus de malaises et de situations invraisemblables. Je n’ai pas cru une seconde aux nouveaux liens qu’elle tisse dans cette nouvelle mouture (je n’en dirai pas plus pour ne rien divulgâcher mais, en résumé, ce ne sont pas les nouveaux personnages, le problème).

Charlotte semble par moment sortie d’une mauvaise pub dénonçant le racisme, mais elle reste fidèle à elle-même dans son désir de perfection à tout prix. Le neuvième épisode, dans lequel la ménopause est abordée, est celui qui m’a temporairement réconciliée avec cette drôle de série justement parce que Charlotte y est «tellement Charlotte». L’instant d’un épisode, j’ai retrouvé le plaisir d’antan en voyant évoluer le trio.

Un an s’écoule entre le premier et le dixième épisode. En 2021, tous les personnages ont des comptes bancaires bien garnis, détail qui contribue aussi à accentuer la distance entre les héroïnes d’hier et d’aujourd’hui. Mais malgré tous les défauts de la série, j’ai déjeuné avec Carrie tous les jeudis, chaque fois qu’un nouvel épisode apparaissait sur Crave, et ne résisterai sans doute pas à faire de même quand la prochaine saison sera lancée. Parce qu’au-delà des héroïnes, il y a l’amitié. Et New York, toujours au premier plan, ses clichés embrassés et tous les possibles qu’elle continue d’incarner.

Sur Crave. 

P.S. Le documentaire sur la série And Just Like That n’apporte pas grand-chose de plus, mais le balado des auteurs reste franchement intéressant – peut-être plus que la série elle-même. Et moi aussi, j’ai été agacée par le fait que Carrie réponde à des questions du public… dans un balado préenregistré. N’aurait-ce pas été plus simple de lui donner une émission de radio, rendu là?