Mastodon: réseau social révolutionnaire ou flop annoncé?

Mastodon est un nouveau réseau social qui a pris le web d’assaut la semaine dernière. Prochain géant à surveiller ou énième échec du genre en devenir? 


Qu’est-ce que Mastodon?

Mastodon est une copie de Twitter lancée l’année dernière. Il offre cependant plusieurs améliorations par rapport au réseau social duquel il s’inspire, comme la possibilité d’écrire plus de caractères par message (500 plutôt que 140) et de mieux éviter les utilisateurs incommodants.

Le service est ouvert et décentralisé. Aucune compagnie ne contrôle les données et les fonctionnalités de Mastodon. Tout le monde peut ainsi mettre en ligne son propre serveur. L’idée a ses avantages, surtout pour ceux qui n’aiment pas être à la merci de grandes corporations, mais rend aussi le réseau assez difficile d’accès pour les néophytes. Chaque serveur («instance») peut aussi posséder ses propres règles et sa propre terminologie (un tweet peut ainsi s’appeler un «toot», ou encore un «florp», selon le serveur choisi), ce qui complique le tout encore plus. 

Pourquoi en parle-t-on maintenant?

Mastodon a été mis en ligne l’année dernière, mais sa popularité a explosé au cours des derniers jours, après que Twitter ait modifié la façon dont les réponses aux tweets s’affichent sur le réseau social. Certains sites ont alors mentionné l’existence d’autres réseaux semblables à Twitter, comme Mastodon, et la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre.

La popularité du service ne cesse d’augmenter depuis. De 25 000 utilisateurs au début de la semaine dernière, le service est passé à 40 000 abonnés au milieu de la semaine, puis à plus de 135 000 lundi.

Qu’en disent les enthousiastes?

Pour certains, Mastodon n’est ni plus ni moins que le début d’une nouvelle révolution.

«Mastodon est ce de quoi a l’air une disruption avant qu’elle se produise», croit Paul Armstrong du média financier Forbes. Sarah Jeong, de Motherboard, se demande pour sa part: «Mastodon est comme Twitter, mais sans les nazis. Pourquoi ne l’utilisons-nous pas?»

Twitter bat de l’aile depuis un certain temps. Mastodon pourrait donc en profiter pour permettre aux amateurs de ce réseau social de redécouvrir l’expérience qu’ils appréciaient à ses débuts, avant que les impératifs de la monétisation viennent gâcher l’expérience pour plusieurs, tout en affranchissant leurs données personnelles des géants de la Silicon Valley.

Qu’en disent les pessimistes?

Lancer un nouveau réseau social n’est pas une chose facile. D’ailleurs, plusieurs sites ont tenté l’expérience, comme Diaspora, qui a fait (brièvement) beaucoup de bruit en 2010. The Verge mentionne quelques-uns de ces réseaux déchus, comme Ello et Peach.

Plusieurs problèmes minent les chances de succès à long terme de Mastodon. Outre son côté ardu (qui pourrait être amélioré avec le temps), Mastodon doit se battre contre des géants qui ont les reins solides, mais aussi une banque d’utilisateurs de plusieurs centaines de millions d’abonnés. Des utilisateurs qui n’ont tout simplement pas le temps de mettre à jour plusieurs plateformes en même temps, et qui ne souhaitent pas abandonner les contacts qu’ils ont amassés avec les années.

Même si une certaine partie des internautes n’aime pas le fait que Facebook et Twitter revendent leurs informations personnelles, la grande majorité des utilisateurs sont quant à eux satisfaits d’obtenir un service efficace et gratuit en échange de cette concession. L’un des principaux avantages de Mastodon en laisse donc plusieurs indifférents.

Comment essayer Mastodon

Avec sa nature décentralisée et l’explosion de popularité qui a surchargé ses serveurs les plus populaires, essayer Mastodon n’est pas une chose facile. Pour les curieux, quelques sites ont toutefois publié des guides complets, tout particulièrement Quartz et OpenSource.com. En français, c’est la publication spécialisée Next Impact qui propose le guide le plus intéressant.