Photo: Boom Technology
9 août 2021Auteure : Maxime Johnson

Le retour des avions supersoniques

Le dernier vol du Concorde, en 2003, a marqué la fin des vols commerciaux plus rapides que la vitesse du son. Une nouvelle génération d’avions supersoniques est toutefois à nos portes...


La montée et la chute du Concorde

Trois heures et demie: voilà le temps qu’il fallait au Concorde pour rejoindre New York depuis Paris, lorsque l’avion européen était en service, de 1976 à 2003. De nos jours, un vol équivalent prend plus de deux fois plus de temps, soit environ huit heures et demie.

La vitesse du Concorde (environ 2100 km/h) et son allure unique en font encore aujourd’hui l’un des avions les plus reconnaissables.

Malgré ses prouesses technologiques, l’appareil, dont la production a été limitée à 20 exemplaires (dont 14 commerciaux), n’a jamais connu le succès escompté. Son importante consommation de carburant, son petit nombre de passagers (une centaine), ses coûts d’entretien élevés et un accident en 2000 ont eu raison de l’appareil.

Aucun avion civil n’a franchi le mur du son depuis.

Le Concorde à l'aéroport Kansai International en 1994. Photo: Wikimedia Commons

L’arrivée de nouveaux avions

Plusieurs projets sont en cours pour faire renaître les avions supersoniques. Virgin Galactic, surtout connu jusqu’ici pour son intention d’envoyer des touristes dans l’espace, a dévoilé l’année dernière le design d’un avion pouvant aller à une vitesse de Mach 3, donc plus rapide que le Concorde. HyperMach, avec son HYPERLINER, et le S-512 de Spike Aerospatial sont d’autres exemples d’avions supersoniques en développement.

L’entreprise la plus avancée est Boom Technology, une jeune pousse américaine dont l’avion Overture pourrait transporter ses premiers passagers dès 2029, à une vitesse de Mach 1,7 (1805 km/h). United Airlines a annoncé l’achat de 15 avions en juin dernier, avec la possibilité d’en acheter 35 de plus.

L’avion Overture pourrait transporter ses premiers passagers dès 2029, à une vitesse de Mach 1,7 (1805 km/h). Photo: Boom Technology

Même s’il est plus lent et plus petit (de 65 à 88 passagers, tous en classe affaires) que le Concorde, l’Overture présente plusieurs avantages par rapport à son prédécesseur, notamment des moteurs conçus pour voler avec du carburant d’aviation durable (qui émet jusqu’à 80% moins de gaz à effet de serre). Chaque vol de l’Overture devrait d’ailleurs être carboneutre.

D’autres progrès de l’aéronautique des dernières décennies devraient aussi permettre à l’avion d’être considérablement plus silencieux que le Concorde au décollage (et équivalent aux autres avions modernes). Comme avec tous les avions supersoniques, l’Overture produira un bang supersonique lorsqu’il franchira le mur du son, mais cette limite sera dépassée seulement au-dessus de l’océan, et des technologies sont à l’essai pour réduire son intensité.

L’entreprise d’aviation Aerion, qui a fermé ses portes cette année faute de financement, avait annoncé la création d’un avion sans bang supersonique, le AS2, qui redirigeait le son vers l’atmosphère, le rendant ainsi silencieux au sol.

Des avions supersoniques, mais à quel prix?

Au début des années 2000, alors que le Concorde volait encore, un billet à bord de l’avion supersonique pour un aller-retour transatlantique coûtait souvent plus de 10 000$.

S’il est encore tôt pour confirmer le prix des billets pour l’Overture, United prévoit que les frais d’exploitation de l’appareil devraient être 75% plus bas que ceux du Concorde. Les voyageurs sont en voie d’espérer des billets à un prix plus bas qu’avec ce dernier, mais quand même plus élevé qu’avec un avion régulier.

Photo: Boom Technology

De son côté, Boom Technology prévoit qu’un aller-retour de New York à Londres devrait coûter environ 5000$ US, soit le double d’un billet en classe affaires à l’heure actuelle. Les voyages d’affaires sont de moins en moins perçus comme essentiels, surtout depuis la pandémie, mais il y aura toujours des gens qui auront besoin de se déplacer et qui seront prêts à payer pour arriver à bon port plus rapidement.

Même avec la COVID-19, le retour des avions supersoniques s’annonce de plus en plus inévitable. Reste à voir qui pourra se permettre de monter à bord!