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Fin des téléphones verrouillés : quels avantages pour vous?

Après avoir forcé les opérateurs canadiens à offrir un service de déverrouillage de téléphones intelligents dans son Code sur les services sans fil en 2013, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) persiste et signe: à compter du 1er décembre 2017, non seulement les opérateurs comme Bell, Rogers, Telus et Vidéotron ne pourront exiger de frais pour déverrouiller un appareil existant, mais ils ne pourront même plus vendre de téléphones verrouillés. Voici, concrètement, ce que la règle va changer pour vous.


Qu’est-ce qu’un téléphone verrouillé?

Les téléphones intelligents (et les téléphones cellulaires avant eux) sont généralement vendus verrouillés au réseau d’un seul opérateur. Un téléphone acheté chez Telus ne peut donc pas être utilisé directement chez Rogers, ni avec un opérateur étranger en voyage (Orange en France, par exemple). C’est un peu comme si une voiture était vendue par Shell, et qu’elle ne pouvait pas être ravitaillée chez Pétro-Canada ou Ultramar.

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Depuis 2013, les appareils mobiles peuvent facilement être déverrouillés si un utilisateur souhaite s’en servir sur un réseau concurrent, mais avec payant des frais de 50$ environ.

Que dit la nouvelle règle du CRTC?

La mise à jour apportée la semaine dernière au Code sur les services sans fil met carrément fin au concept d’appareil verrouillé au Canada. Les opérateurs ne pourront plus vendre d’appareils verrouillés, ni imposer de frais si un utilisateur actuel souhaite déverrouiller le sien.

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Notons que d’autres modifications ont été apportées au Code pour permettre à n’importe quel utilisateur de résilier un contrat et de retourner un appareil mobile dans les 15 jours suivant son achat s’il n’en est pas satisfait.

Pourquoi abolir cette pratique?

En mettant fin aux téléphones verrouillés, le CRTC souhaite permettre aux utilisateurs de changer plus facilement de fournisseur, et ainsi augmenter la concurrence entre ces derniers. Au Canada, 90% du marché est détenu par trois opérateurs seulement, et les prix sont parmi les plus chers au monde.

Quels changements pour les utilisateurs?

Un téléphone déverrouillé ne signifie malheureusement pas que les utilisateurs pourront se promener d’un opérateur à l’autre au gré des différentes promotions.

Au Canada, la plupart des utilisateurs achètent leurs appareils avec une entente de deux ans. Pour 500$ de rabais environ sur le prix d’achat d’un téléphone, les Canadiens s’engagent à demeurer avec leur fournisseur pendant deux ans et à payer un forfait mensuel d’un certain montant minimum.

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Si vous avez acheté un téléphone à 0$ (ou un téléphone haut de gamme comme un iPhone à 400$) au cours des deux dernières années, quitter votre fournisseur entraînera des frais, car vous devrez rembourser en partie le rabais accordé à l’achat de l’appareil. Changer d’opérateur un mois avant la fin de son contrat ne coûte pas trop cher, mais changer un an avant peut facilement coûter 250$.

Selon les nouvelles règles, ceux qui souhaitent le faire économiseront évidemment les frais de déverrouillage, mais changer d’opérateur demeure un processus parfois fastidieux.

La chose est toutefois différente pour ceux (ils sont rares) qui achètent leurs téléphones au plein prix, qui s’équipent d’appareils d’occasion ou qui ont terminé leur entente de deux ans. Changer de fournisseur devrait alors être facile et abordable, ce qui pourrait entraîner une baisse à long terme des forfaits mensuels.

Pourrait-il y avoir des effets pervers à la nouvelle réglementation?

Les frais de déverrouillages ont permis aux opérateurs d’amasser plus de 37,7 millions $ l’année dernière. Il s’agit d’une goutte d’eau pour cette industrie de plus de 22 milliards $, mais ces entreprises pourraient vouloir récupérer cette perte ailleurs.

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C’est ce que prévoit d’ailleurs le journaliste techno Peter Nowak, qui estime que les opérateurs pourraient se mettre à facturer des frais de 35$ à 50$ à l’ouverture d’un nouveau compte. Les lecteurs du blogue spécialisé Mobile Syrup croient quant à eux à 76% que les opérateurs risquent d’augmenter les prix de leurs forfaits en conséquence.

Le Code du CRTC a eu un certain effet sur le marché de la téléphonie sans fil depuis son introduction en 2013, mais force est de constater que l’oligopole dans l’industrie perdure. Reste à voir si l’abolition des frais de déverrouillages aura l’effet souhaité sur le marché.