Photo: Facebook Donald J. Trump

Décret anti-immigration de Trump: les réactions du monde techno

En signant un décret interdisant temporairement l’accès aux États-Unis aux citoyens de sept pays à majorité musulmane, incluant ceux possédant un permis de travail, le président américain Donald Trump s’est attiré au cours des derniers jours les foudres d’une bonne partie de la population mondiale, mais aussi des dirigeants d’entreprises du monde des nouvelles technologies. Voici leurs réactions.


Un outrage généralisé, avec différents niveaux de conviction

La plupart des grandes entreprises technos ont exprimé leur désaccord envers la mesure de Trump signée vendredi dernier. Celle-ci nuit directement à leurs intérêts, considérant que les compagnies doivent souvent embaucher des employés spécialisés de l’étranger pour répondre à leurs besoins de main-d’œuvre.

Certains dirigeants ont été durs dans leurs commentaires. C'est notamment le cas du PDG de l’entreprise de sauvegarde en ligne Box, Aaron Levie. Ce dernier a affirmé sur Twitter que le décret était non-éthique, contraire aux principes américains et «mal à tous les niveaux, moral, humanitaire, économique et logique».

Le PDG de Netflix, Reed Hastings, n’a pas non plus hésité à dénoncer directement le président américain. Il a affirmé que «les actions de Trump nuisent aux employés de Netflix partout dans le monde, et sont tellement antiaméricaines qu’elles nous font mal».

D’autres ont été plus doux. C'est le cas de Tim Cook d’Apple, qui a affirmé que ce n’est pas une politique qu’Apple approuve.

Certaines compagnies ont pour leur part appuyé leur message par des actions concrètes. C’est notamment le cas du service d’autopartage Lyft. Celui-ci s’est engagé à donner 1 million de dollars américains à l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU, pour American Civil Liberties Union), une association à but non lucratif de défense des droits et libertés.

Le PDG d’Airbnb a pour sa part promis d’offrir de l'hébergement gratuit à ceux qui en auraient besoin. Le cofondateur de Google, Sergey Brin, s’est quant à lui rendu directement à une manifestation spontanée à l’aéroport de San Francisco samedi dernier.

Le site spécialisé The Verge recense ici les réactions des différentes compagnies technos américaines.

Uber tente de corriger une faute

Le service d’autopartage Uber a quant à lui eu une réponse en trois volets. Dans un premier temps, il a affirmé sa volonté de dédommager ses chauffeurs pris à l’extérieur du pays.

Ensuite, l’entreprise a abandonné sa tarification dynamique (les voitures Uber coûtent plus cher lorsque la demande est grande, comme au Jour de l’an, par exemple) lors des manifestations à l’aéroport JFK de New York samedi soir. Cette initiative a toutefois rapidement été la cible d’un mouvement de boycottage. Les chauffeurs de taxi locaux avaient organisé une grève spontanée pour décrier le décret de Trump. L'efficacité de cette dernière a rapidement été réduite par la manœuvre d’Uber.

Un mouvement de boycottage s’est rapidement installé partout dans le monde. Les utilisateurs d’Uber ont été invité à désinstaller l’application mobile de leur téléphone.

Finalement, Uber a corrigé le tir en mettant en place un fond de 3 millions de dollars américains pour défendre ses chauffeurs. L'entreprise a qualifié le décret d’injuste et s'est engagé à demander au président américain de permettre aux résidents américains de voyager, peu importe leur pays d’origine. Les dommages à la réputation de l’entreprise, qui laisse déjà à désirer, pourraient toutefois déjà avoir été faits.

Les réactions au Canada

Les entreprises technos canadiennes ont aussi été interpellées par le décret anti-immigration signé par Donald Trump. Plus de 2260 chefs de file de la communauté technologique canadienne ont signé une lettre ouverte dénonçant le décret. Parmi ceux-ci, notons les PDG de plusieurs compagnies comme Wattpad, Nascent, Shopify et Kobo.

En plus de rappeler l’importance de la diversité dans l’industrie, la lettre demande au gouvernement canadien de «mettre en place sans tarder un visa spécifique permettant aux personnes visées et déplacées par le décret américain d’obtenir le droit de résidence temporaire au Canada».

Rappelons d’ailleurs que, comme le souligne La Presse, le Conseil des technologies et des communications prévoit un déficit de 200 000 travailleurs en 2020, et que la situation aux États-Unis pourrait être l’occasion pour le Canada d’attirer plus de talents de l’étranger pour combler ce déficit.