Station de métro Peel Coupe ©Source : BAnQ- Fonds PGL Architectes : 06M_P193S1_1983-05-049_122_06
25 novembre 2015Auteure : Emilie Laperrière

PGL: gros plan sur le Québec moderne

À l’époque de la Révolution tranquille, trois jeunes Québécois ont bousculé le monde de l’architecture. L’exposition présentée en ce moment au Centre de design de l’UQAM permet de voir – ou de revoir – neuf de leurs bâtiments novateurs.



Louis Joseph Papineau (un descendant du personnage historique du même nom), Guy Gérin-Lajoie et Michel Le Blanc se sont associés en 1958 pour fonder l’agence Papineau, Gérin-Lajoie, Le Blanc, architectes (PGL). Si leur nom est bien familier aux architectes d’aujourd’hui, leur travail est généralement méconnu du grand public.

PGL préconisait une architecture épurée, minimaliste et géométrique. On leur doit par exemple  l’une des toutes premières stations du métro de Montréal, la station Peel, qui se distingue avec ses grands piliers de béton et les cercles de céramique colorés de Jean-Paul Mousseau. La station Radisson, autre grande dame de béton aux formes futuristes, fait aussi partie de leurs réalisations. PGL est d’ailleurs la seule firme qui a conçu deux stations de métro à Montréal.

Station Peel 14 octobre 1966 ©Source : Archives de Montréal, Fonds Service des affaires institutionnelles : CA M001 VM094-Y-1-09-D229
Station Peel 14 octobre 1966
©Source : Archives de Montréal, Fonds Service des affaires institutionnelles : CA M001 VM094-Y-1-09-D229

Les bâtiments de PGL sont nombreux et couvrent plusieurs secteurs. L’agence a notamment conçu la résidence des filles sur le campus de l'Université de Montréal et l’école primaire Marie-Favery dans le quartier Villeray. Elle a aussi développé une expertise pour la construction d'édifices adaptés aux climats extrêmes à la fin des années 1970 et signé des projets dans le Nord-du-Québec, dont l’aérogare de Kuujjuaq et quelques écoles.

Bâtiment terminé de la résidence des Jeunes Filles, Université de Montréal, Québec. Non daté
 Photo : Guy Dubois
 Source : Collection personnelle de Jacques-Gilles Caron
Bâtiment terminé de la résidence des Jeunes Filles, Université de Montréal, Québec. Non daté. Photo : Guy Dubois Source : Collection personnelle de Jacques-Gilles Caron

Des chefs d’œuvre au triste sort

Ironiquement, les deux chefs d’œuvre de l’agence pourraient bien sombrer dans l’oubli. Le trio a conçu le magnifique pavillon du Québec pour l’Expo 67. L’édifice vêtu de verre transparent, qui laissait savamment voir l’intérieur illuminé, est depuis devenu une annexe du Casino de Montréal. Et l’aérogare de l’aéroport de Mirabel, inaugurée en 1974, a été vouée à la démolition quarante ans plus tard.

Intérieur
 du pavillon du Québec à l’Expo 67 Non daté (c. 1967) 
 Photo : Noël Thomas J.R., Montréal
 ©Source : Collection personnelle de Georges Adamczyk
Intérieur du pavillon du Québec à l’Expo 67 Non daté (c. 1967) Photo : Noël Thomas J.R., Montréal ©Source : Collection personnelle de Georges Adamczyk

Louis Joseph Papineau a profité de l’annonce de son démantèlement l’an dernier pour revenir sur la petite histoire de ce grandiose bâtiment de 32 000 pieds carrés. Il a rappelé à La Presse que l’idée derrière ce géant presque entièrement vitré, «c'était d'impressionner les gens».

Aérogare de Mirabel - Hall d’entrée avec rampe d’accès 20 novembre 1974 ©Source : Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
Aérogare de Mirabel - Hall d’entrée avec rampe d’accès
20 novembre 1974
©Source : Travaux publics et Services gouvernementaux Canada

Une maison exemplaire

L’exposition de l’UQAM met surtout l’accent sur le parcours de Louis Joseph Papineau, le concepteur principal et le seul architecte de PGL encore vivant. On peut notamment y (re)découvrir sa résidence de l’Île Verte, qu’il a conçue de A à Z.

Vue extérieure de la résidence Papineau, Île Verte, Laval, Québec Non daté Photo : Hans Samulewitz ©Source : Collection personnelle de Jacques-Gilles Caron
Vue extérieure de la résidence Papineau, Île Verte, Laval, Québec
Non daté
Photo : Hans Samulewitz
©Source : Collection personnelle de Jacques-Gilles Caron

La résidence, construite en 1964, évoque la maison de verre de Philip Johnson ou la Farnsworth House de Mies van der Rohe (l’un des géants de l’architecture) avec ses deux façades complètement vitrées.

Même s’il ne l’habite plus, la résidence Papineau est considérée comme une icône de l’architecture des années 1960. La maison a beau avoir soufflé ses 40 bougies, elle paraît toujours aussi moderne.

L’exposition Papineau Gérin-Lajoie Le Blanc. Une architecture du Québec moderne, 1958-1974 sera présentée jusqu’au 17 janvier 2016 au Centre de design de l’UQAM, au 1440, rue Sanguinet à Montréal. C’est l’occasion de replonger dans l’époque de notre architecture moderne et de mieux connaître certains de ses bâtiments marquants.