Photo: Nick Karvounis, Unsplash
16 juillet 2019Auteure : Emilie Laperrière

Les villes heureuses ont-elles un secret?

Les palmarès des villes où il fait bon vivre sont légion et certaines municipalités trônent presque toujours en tête de liste. Y a-t-il une recette du bonheur? On s’est posé la question.



Le cabinet-conseil Mercer a publié récemment la 21e édition de son sondage sur les villes avec la meilleure qualité de vie dans le monde. Le magazine Monocle dresse aussi un classement annuel, tout comme The Economist. Le Québec en compte maintenant un, puisque Léger a dévoilé en février dernier quelles sont les villes du bonheur dans la belle province (si vous l’avez manqué, c’est à Varennes qu’on est le plus heureux). Ces listes demeurent très populaires, et sont reprises par tous les grands médias et partagées par les citoyens fiers de leur patelin.

Dans la province, c'est à Varennes qu'on serait le plus heureux. Photo: Facebook Varennes- Hôtel de Ville

Bon an, mal an, on peut pratiquement deviner le nom des gagnantes. Les villes européennes y occupent toujours une place de choix, en particulier celles du Nord, comme Copenhague ou Helsinki. Vienne n’a pas été détrônée de la première place du palmarès de Mercer depuis 10 ans. À l’opposé, ça ne surprendra personne d’apprendre qu’aucune ville d’Afrique ou d’Amérique du Sud ne se hisse dans le top 25.

Vienne occupe la première place du palmarès de Mercer depuis 10 ans. Photo: Aneta Pawlik, Unsplash

Une panoplie de facteurs

Cette réalité s’explique par la méthodologie utilisée. La qualité de vie est déterminée par une panoplie de facteurs, qui vont de l’environnement sociopolitique à la croissance économique, en passant par le coût du logement et l’état des infrastructures. Par exemple, Mercer se base sur 39 éléments, Monocle tient compte de 60 données et l’indice Léger est influencé par 25 facteurs.

Les villes les plus souvent célébrées partagent quelques traits de caractère. Qu’ont en commun Zurich, Vienne et Vancouver? Elles sont assez grosses pour proposer une multitude de services, mais elles demeurent à échelle humaine. Celles-ci sont aussi prospères, stables, sécuritaires, remplies d’espaces verts et elles offrent un milieu de vie agréable pour petits et grands.

Tout comme Zurich et Vienne, Vancouver est assez grosse pour proposer une multitude de services, mais demeure à échelle humaine. Photo: Mike Benna, Unsplash

En queue de peloton du classement mondial de Mercer se retrouvent les cités en guerre ou jonglant avec un climat politique et économique instable qui affectent le bien-être des résidents. Bagdad ferme la marche, mais Port-au-Prince et Khartoum ne sont pas loin.

Un résultat subjectif?

Dans un article coup-de-poing publié par CityLab, Feargus O’Sullivan s’insurge contre ces palmarès. Le journaliste, qui a déjà collaboré avec le prestigieux quotidien britannique The Guardian, estime que les critères sont biaisés, malgré leur apparente objectivité.

«Comment peut-on juger une ville d’à peine 400 000 habitants située dans l’un des pays les plus riches du monde selon les mêmes paramètres que des villes comme Pékin, Bangkok ou Tokyo — une mégapole de près de 10 millions d’âmes située juste derrière sur la liste du Monoclese demande-t-il.

Il souligne également que ces classements ont tendance à gratifier les petites villes fortunées alors que les plus grandes (et les plus pauvres) peuvent apporter des améliorations qui influenceront plus radicalement la qualité de vie des citoyens.

Le Monocle ne s’adresse pas à tout le monde. Ses lecteurs sont de manière générale financièrement aisés, et il est facile de les imaginer feuilleter leur magazine au bord de leur piscine en Suisse alors que leurs enfants gambadent autour de la villa. Cela explique probablement pourquoi, en plus du logement et du transport en commun, on évalue l’accès aux restaurants haut de gamme et à l’opéra pour déterminer si une ville est meilleure qu’une autre.

Ces éléments ne sont évidemment pas cruciaux pour tous et il semble qu’une première place au classement relève plus des goûts des auteurs que d’un secret bien gardé. N’empêche, une ville qui offre des services et des activités, une culture, un sentiment de sécurité et de communauté, et de l’espace pour profiter de l’air frais ne garantit peut-être pas le bonheur, mais elle permet sûrement de s’y approcher.

Copenhague fait partie des villes les plus souvent citées dans les palmarès des villes où il font bon vivre. Photo: Nick Karvounis, Unsplash