24 août 2016Auteure : Emilie Laperrière

La deuxième vie de l’architecture olympique

Maintenant que les Jeux sont faits et que la vie reprend son cours à Rio de Janeiro, que restera-t-il des infrastructures olympiques? Gros plan sur l’architecture gigantesque, mais trop souvent inutilisée après deux semaines.

Être l’hôte des Jeux olympiques n’est pas une mince affaire. La ville doit construire non seulement de nouveaux stades et arénas, elle doit également s’assurer que les athlètes, les spectateurs et les médias auront un espace où se loger. Un peu comme une compétition avant les Jeux, les plus grands architectes du monde rivalisent d’audace et se font concurrence pour concevoir ces infrastructures qui modifieront le paysage urbain.

Le résultat est souvent époustouflant… Mais à quoi bon si les structures restent inutilisées et vides une fois l’aventure olympique terminée?

Des éléphants blancs

Pas besoin de retourner loin en arrière pour avoir un exemple d’éléphants blancs. À Pékin, le célèbre stade en forme de nid d’oiseau construit pour les JO de 2008 ne sert presque plus. Le bâtiment de 91 000 places conçu par les architecte Herzog et de Meuron s’est transformé en attraction touristique qui coûte la rondelette somme de 11 millions de dollars par an à entretenir.

Douze ans après avoir accueilli les Jeux olympiques, Athènes se retrouve de son côté avec des bâtiments extravagants, mais abandonnés. Il n’y a qu’à regarder ces images publiées dans le quotidien britannique The Guardian en 2014 pour s’en convaincre. Les structures olympiques sont devenues des sites fantômes. On comprend pourquoi plusieurs Grecs estiment que l’argent aurait pu être mieux dépensé. C’est la même chose à Sarajevo, à Turin, à Munich et dans plusieurs autres anciennes villes hôtes.

Et à Montréal, les Jeux soulèvent encore des questions, 40 ans plus tard. Yannick Cochennec l’a bien résumé dans un article de Slate: «les Jeux olympiques de 1976 continuent d’entretenir le mythe d’un héritage insaisissable que les Québécois cherchent et chercheront encore longtemps».

Pour toutes ces raisons, le Comité international olympique (CIO) encourage depuis quelques années les villes hôtes à réfléchir de façon concrète à l’avenir de leurs installations olympiques. Déjà, en 2012, Zaha Hadid avait conçu le Centre aquatique de Londres de façon à ce que les estrades se trouvant sur les côtés puissent se détacher. Le bâtiment principal devenait ainsi plus petit et plus facile à gérer.

Architecture nomade

S’inspirant du modèle londonien, Rio voulait laisser derrière un héritage plus durable et plus vert. Les architectes ont donc en partie misé sur l’architecture temporaire, appelée pour l’occasion architecture nomade. La Future arena, qui accueillait les compétitions de handball et certaines épreuves paralympiques, sera démantelé et transformé en quatre écoles. Trois de ces écoles seront construites près du Parc olympique, dans les quartiers de Jacarepagua et de Barra, tandis que la dernière sera construite à São Cristóvão, à proximité du stade Maracanã. Quelque 2000 écoliers pourront en bénéficier.

Les plans des futures écoles ont d’ailleurs été conçues en même temps que l’arène. Les escaliers et les rampes préfabriqués serviront ainsi dans les nouvelles écoles. La structure du toit a été construite avec des poutres en acier et des tuiles pouvant être réutilisés. Les panneaux et les façades aussi. Tous les éléments vont être déplacés d’un endroit à un autre.

Ce n’est pas tout. Le Stade aquatique sera également démonté et transformé en deux piscines communautaires. Le centre des médias deviendra le dortoir d’une école secondaire de Rio, et les 300 acres de terrain sur lequel le parc olympique est érigé seront transformés en parcs publics et en projets immobiliers privés.

Le développement durable était l’un des thèmes centraux abordés par Rio dans sa candidature pour accueillir les JO. La métropole s’est lancé des défis ambitieux, assurant que l’événement sportif allait permettre de régler au passage certains problèmes auxquels Rio est confrontée, comme la pollution de ses cours d’eau. Reste à voir si la ville réussira à tenir toutes ses promesses… et si elle inspirera à son tour les prochaines villes hôtes des Jeux olympiques.