Photos : Maxime Brouillet

Habiter dans… sa cour arrière!

Seriez-vous prêts à faire construire une résidence dans votre cour arrière afin d’y loger des locataires, vos parents… ou vous-même? L’idée vous semble farfelue? Pourtant, certaines résidences cachent des joyaux sur leur terrain. Tour d’horizon.



Les architectes et les urbanistes utilisent le terme «unité d’habitation accessoire» (UHA) pour désigner les logements secondaires créés dans des maisons familiales ou des cours arrière. Au siècle dernier, ces constructions étaient chose courante au Québec. En effet, plusieurs propriétaires construisaient d’abord une petite habitation sur leur terrain avant d’avoir les moyens de bâtir plus grand. S’il ne reste que peu de traces de ces constructions, l’idée semble faire un retour en force ces dernières années.

En plus de permettre une densification modérée d’une ville ou d’un quartier, ces habitations favorisent la cohabitation intergénérationnelle. «Les retraités veulent vieillir dans leur quartier; les jeunes ont de la misère à s’acheter une maison et ont besoin d’aide avec leurs jeunes enfants. Mais qui a vraiment envie de partager son intimité avec ses parents? Par contre, s’ils habitent un beau pavillon dans la cour et qu’ils payent une partie de l’hypothèque… ça change la donne», écrit Camille Dauphinais-Pelletier.

Afin de faire mousser la popularité des UHA, l’organisme de référence en habitation durable Écohabitation a instauré cette année le mois des #UHA. Ainsi, pendant tout le mois de mai, des photos d’inspiration sont mises sur Facebook… et cela fait rêver! Bachelors, lofts au-dessus du garage, pavillons au fond du jardin… on réalise que le choix est vaste et que l’idée est loin d’être bête. Si certains ont réussi à faire construire de magnifiques résidences sur leur terrain, d’autres – et ils sont nombreux – se butent aux réglementations très strictes actuellement en vigueur au Québec. Dans l’espoir d’assouplir les règles, ou du moins de mieux informer le public, un premier forum québécois sur l’avenir des unités d’habitations accessoires, organisé par Arpent, s’est tenu le 8 avril dernier.

En attendant que vos projets prennent vie, voici de quoi vous inspirer!

Déménager dans sa cour

Pendant les rénovations de leur maison de Saint-Lambert, Jean-Luc Gagnon et Marie-Hélène Larouche ont eu la chance de pouvoir rester dans la maisonnette de 600 pieds carrés située dans leur cour arrière. Celle-ci avait été construite en 1890 par les propriétaires, qui n’avaient alors pas les moyens de construire plus grand sur les 6 000 pieds carrés du terrain.

Photos : Maxime Brouillet
Photos : Maxime Brouillet

Lorsque M. Gagnon et Mme Larouche n’utilisaient pas la maisonnette, ils l’offraient en location aux touristes. Les revenus leur permettaient de financer les coûts de rénovation de leur résidence principale. Au fil du temps, la maison de fond de cour est devenue un refuge pour le couple, qui s’y sentait un peu en vacances. En fait, les amoureux s’y sentaient tellement bien qu’ils ont décidé de la rénover pour l’habiter. «Nous voulions un pied-à-terre qui serait facile à entretenir et qui nous permettrait de voyager», mentionne Jean-Luc Gagnon.

Photos : Maxime Brouillet
Photos : Maxime Brouillet

C’est à La Shed qu’ils ont confié le design de la mini-maison, dans laquelle ils ont déménagé à la suite de la vente de leur résidence principale. Le couple habite donc maintenant dans une charmante demeure d’inspiration scandinave de 950 pieds carrés et située… dans leur ancienne cour arrière!

Photos : Maxime Brouillet
Photos : Maxime Brouillet

Un quadruplex dans la cour

L’histoire de Hervé Holdrinet, rapportée dans La Presse en avril dernier, est tout aussi fascinante. Ce propriétaire d’un triplex dans Le Plateau-Mont-Royal a fait construire un quadruplex dans sa cour arrière. Une bonne façon de tirer profit de son investissement! «J’ai pris une décision d’affaires, indique M. Holdrinet, qui a acheté sa propriété il y a presque 20 ans. J’ai voulu assurer mon fonds de pension et optimiser mon investissement. Mais j’étais aussi conscient qu’un côté de mon terrain ne servait à rien et que je pouvais permettre à d’autres de profiter de son excellent emplacement. Cela faisait partie de l’équation», raconte-t-il.

Ce projet n’a toutefois pas été de tout repos. Un an et demi d’échanges avec l’arrondissement aura été nécessaire afin d’obtenir tous les droits et permis de construction.

Transformation d’un vieux hangar

Dans Rosemont, à Montréal, un couple propriétaire d’un duplex a confié à la firme d’architecture Microclimat le projet de transformation de leur vieux hangar. Leur souhait: faire de cet espace de stationnement intérieur une maison d’arrière-cour autonome liée au duplex existant afin de permettre aux parents d’un des conjoints d’emménager au rez-de-chaussée.

Le vieux hangar. Photo: Adrien Williams, microclimat.ca
Le vieux hangar. Photo: Adrien Williams, microclimat.ca

Le résultat est magnifique. On y trouve de grandes fenêtres qui laissent place à la luminosité naturelle. L’ingéniosité de la construction fait en sorte que l’agrandissement peut être facilement annexé à l’un ou l’autre des logements du duplex, ou encore devenir une maison autonome. On aime!

Photo: Facebook Écohabitation
Une transformation réussie. Photo: Facebook Écohabitation

Pour en savoir plus

Premier Forum sur les Unités d’Habitation Accessoires (UHA) au Québec

Yves Perrier

10 février 2018

Guideperrier.ca

Les unités d'habitation accessoires gagnent en popularité

Émilie Corriveau

10 mars 2018

Le Devoir