La chronique Société et Culture avec Claudia Larochelle

Auteur(e)

Claudia Larochelle

Claudia Larochelle est auteure (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Les îles Canaries, Je veux une maison faite de sorties de secours - Réflexions sur la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, la série jeunesse à succès La doudou, etc.) et journaliste spécialisée en culture et société. Elle a animé pendant plus de six saisons l'émission LIRE. Elle est chroniqueuse sur ICI Radio-Canada radio et télé et signe régulièrement des textes dans Les Libraires et Elle Québec. Elle est titulaire d'un baccalauréat en journalisme et d'une maîtrise en création littéraire. On peut la suivre sur Facebook et Twitter @clolarochelle.

Le report de l’Halloween: calmons-nous le bonbon

Cette année à l’Halloween, ma fille de six ans se costumera deux fois: pour participer aux activités de son école primaire le 31 octobre, journée habituelle des célébrations halloweenesques, et le lendemain, où tout sera à recommencer puisque finalement, à cause des pluies diluviennes et des forts vents annoncés, la course aux bonbons annuelle dans les rues de Montréal et ailleurs dans la province se fera, elle, le 1er novembre.



Avoir su, on ne se serait pas battus avec elle pour qu’elle adopte le magnifique costume de Catrina mexicaine (squelette féminin) qu’on trouvait plus «cool» que l’éternelle princesse rose nanane. Catrina deux fois plutôt qu’une, c’est pas mal plus long à maquiller qu’une princesse «arrangée» avec de vieux restants de maquillage. En même temps, mon petit dernier, lui, ne peut pas se costumer en petit chiot pour aller à la garderie puisque pour accommoder les familles qui ne célèbrent pas cette fête païenne, on a été avertis de ne pas le déguiser. Pour consoler les déçus, on leur permettra de porter un pyjama... Wouf, wouf, le petit chiot était un peu tristounet de ne pas pouvoir imiter sa sœur, mais une mini KitKat en bouche plus tard, il riait aux éclats. Il se reprendra vendredi, car chez nous, n’en déplaise à ceux qui ne veulent pas célébrer les traditions, l’Halloween, on l’embrasse à coups de soirée bonbons, films d’horreur et couchers plus tardifs avec risque de «petit vomi» sur l’oreiller.

Mes satanés Klendack

Ça commence quand même à devenir compliqué un tantinet d’organiser ces événements, sans compter qu’une amie m’a un peu chicanée en voyant la quantité astronomique de friandises «trash» que j’avais achetées pour accueillir les minis le 31 devenu le 1er novembre. «Clo… Voir si on donne encore ça, des Klendack et des "palettes" de chocolat avec des arachides! Ça colle aux dents et c’est dangereux pour les allergies. Des plans pour te faire actionner.» Pour vrai, l’Halloween, ça devient lourd en 2019… Et moi aussi, comme 75% de mes «amis» Facebook, j’aimais mieux l’Halloween en 1987. La pluie… Pfff, nous n’étions pas faits en chocolat. Il me semble aussi qu’on passait plus tard dans la soirée. À moins que ce ne soit les souvenirs qui finissent par déformer le réel… Ma mère me rappelait même qu’à Sainte-Julie, d’où je viens – et qui a parti le bal du report –, ce n’est pas la première fois qu’on remet la course aux bonbons au lendemain à cause de la pluie. Ça n’a jamais fait tout ce tollé. Serions-nous plus à vif que jamais?

 

En même temps, nous ne sommes justement plus en 1987 et je pense qu’il va falloir s’y faire; changements climatiques, accommodements divers et autres événements modernes vont modifier des traditions quasi sacrées comme l’Halloween. Est-ce si dramatique de remettre au lendemain, un vendredi, jour plus relax qui facilite la vie de parents débordés qui terminent le travail à 17 heures? En 1987, pas mal moins de mères travaillaient à l’extérieur… Aussi, passer l’Halloween sous la pluie froide et les grands vents, est-ce vraiment l’idéal? Pour l’avoir fait à quelques reprises, c’est plus dangereux aussi (marches glissantes, visibilité des automobilistes réduite, etc.). Qui se souviendra de ce changement dans dix ans? Ce n’est pas grave! Pas de quoi non plus tuer la une. Les fabricants de bonbons ne sont pas morts, les petits en auront plein les quenottes (vous aussi, en cachette) le 31, le 1er, le 2 et même encore à Pâques pour la plupart. C’est quand même frappant de voir à quel point ce changement de jour crée autant de remous. Tellement que plusieurs journaux télévisés du soir ont ouvert leur bulletin avec cette nouvelle le 30 octobre… Parions qu’en Californie et à tellement d’autres endroits en ce moment, ils les prendraient bien, nos pluies, changements de date et arachides enrobées de chocolat. Que vos récoltes soient bonnes et vos petits costumés, bien sucrés! Ça n’arrive qu’une fois par année.

Je craque pour…

Pour déjouer l’ennui, le nouvel album de Pierre Lapointe

 

Oui, c’est avec mes économies que j’ai acheté cet album de l’auteur-compositeur-interprète qui profite avec raison de ses tribunes, comme celle du 27 octobre lors du dernier Gala de l’ADISQ, pour lancer des cris du cœur et des appels à la solidarité en interpellant les élus pour qu’ils forcent les grandes compagnies de communication, notamment les plateformes de diffusion telles Spotify, à payer des impôts au Canada. On le sait, les temps sont durs pour les artistes de la musique et il me semblerait plus juste de payer plus pour profiter de leur art. D’autant plus qu’un album comme Pour déjouer l’ennui, le plus récent tout automnal opus de Pierre Lapointe, est tout en velours, rappelant grâce à son côté mélancolique et à ses résonances proches de la chanson française à quel point il n’est pas si éloigné de son premier album éponyme, mon préféré de l’artiste, celui par lequel il a tellement gagné de fans au fil des ans. Lapointe y va de confessions, de sincérité, d’histoires qui crèvent le cœur et qui nous ressemblent, avec nos failles et échecs. C’est du grand art, de la finesse et de la splendeur à chaque piste. Vive ces écrivains du quotidien qui chantent les méandres des sentiments!