La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Bangkok par le ventre

Comme plusieurs grands amoureux de l’Asie, j’ai eu l’occasion de transiter à Bangkok à quelques reprises. Toutes les raisons sont bonnes pour m’y arrêter, depuis ma première visite en 2001, la gastronomie en tête. J’admets qu’il m’arrive cependant de n’avoir aucune idée du contenu de mon assiette. De passage dans la capitale thaïlandaise à la fin du mois de janvier, je me suis dit qu’il était temps d’élucider quelques mystères.



Je garde un souvenir vif de mes premiers pad thaïs achetés sur la rue, tout comme des plats savoureux du restaurant Nham, élu meilleur restaurant d’Asie à plusieurs reprises, près d’une décennie plus tard. Le hic, c’est que si mes papilles reconnaissent les goûts et mes yeux, les aliments, mon cerveau n’arrive toujours pas à sauvegarder leurs noms.

Un des plats savoureux du restaurant Nham, élu meilleur restaurant d’Asie. Photo: COMO Hotels and Resorts

Visite guidée des marchés

La mission confiée à ma guide, Thip-ahphorn Thepthewi, alias Tippie? M’aider à associer les bons noms aux bons fruits et légumes. Une sorte de jeux d’association, quoi! C’est en sa compagnie que je me rends au Marché aux fleurs, ou, si vous préférez, Pak Klong Talad, l’un des plus populaires de Bangkok.

Guide à Bangkok depuis 18 ans, Tippie a eu plusieurs vies. Propriétaire d’une agence de voyages à Phuket avec son mari dans la vingtaine, elle a par la suite été designer de mode. Il suffit de quelques minutes de discussion avec elle pour avoir l’impression qu’on la connaît depuis toujours. On la croit sur parole quand elle dit adorer son métier. «Je parle plus souvent anglais que thaï», lance-t-elle en riant.

Ma guide, Tippie. Photo: Marie-Julie Gagnon

Nous longeons le marché. Les étals de soucis (marigold), ces fleurs jaunes ou orange abondamment utilisées lors des cérémonies, semblent s’aligner sans fin. «Elles servent d’offrandes dans les temples, mais aussi à la maison. On en apporte souvent aux personnes âgées quand on leur rend visite.» Certains arrangements relèvent de l’art.

Elle me montre du doigt les fleurs de lotus, aussi très populaires. Je remarque que la plupart sont fermées. «On les ouvre à la main», m’explique-t-elle.

Fleur de lotus. Photo: Marie-Julie Gagnon

La discussion bifurque rapidement vers la religion, très liée aux fleurs. «L’hindouisme est venu en premier, dit-elle. Les gens se sont ensuite convertis au bouddhisme, mais n’ont pas cessé de pratiquer l’hindouisme. Ils ont continué à vénérer les dieux hindouistes, à qui ils peuvent demander des choses.»

Alors que nous déambulons à travers les kiosques, une montagne de feuilles de bananiers attire mon attention. «Elles ont une foule d’utilités au quotidien, enchaîne Tippie, autant dans la cuisine que dans les temples.» Quelques pas plus loin, je hume les fleurs de jasmin, les «fleurs éternelles»… J’aperçois aussi du curcuma, du gingembre vendu pelé ou précoupé, des choux des marais, qu’on retrouve dans de nombreux plats thaïlandais…

Les feuilles de bananiers ont une foule d'utilités, autant dans la cuisine que dans les temples. Photo: Marie-Julie Gagnon

Du poulet frit aux fruits

Tippie m’entraîne vers un kiosque de poulet frit. «C’est le meilleur!» lance-t-elle. Je grignote quelques ailes avant de la suivre de nouveau dans les dédales du marché. Décidément, on trouve beaucoup plus que des fleurs dans ce marché.

Nous tombons ensuite dans le vif du sujet: les fruits. J’aperçois des fruits du dragon, aussi appelés pitayas, et des papayes. De traduction en traduction, j’apprends que les pommes que j’ai vues à maintes reprises s’appellent des jamboses rouges, que les petits fruits jaunes sont des prunes mangues (ou gandarias, selon les traductions) et je découvre une infinité de variétés de mangues, dont l’Okrong, plus savoureuse selon Tippie.

Ce ne sont pas des pommes, mais plutôt des jamboses. Photo: Marie-Julie Gagnon

Ma guide, qui assume bien sa dent sucrée, me fait ensuite goûter à une multitude de desserts. Si je ne pousse pas de cris d’extase en prenant une bouchée de riz collant sucré, je craque néanmoins pour les kanom tom, sortes de dumplings à la noix de coco.

La meilleure cuisine de rue?

Nous mettons ensuite le cap sur Or Tor Kor (prononcez Oh Toh Koh), un marché plus haut de gamme. Impossible pour Tippie de renier son passé de designer de mode: en moins de cinq minutes, elle repère la boutique avec les plus beaux tissus et en noue un autour de sa taille, créant ainsi une jupe traditionnelle. Magnifique! Pour ma part, je m’offre un capri violet fait à partir de coton bouilli dans l’eau de riz, d’une douceur infinie.

C’est ici que nous cassons la croûte. «On trouve la meilleure cuisine de rue dans ce marché», m’apprend ma guide. Je goûte à la soupe au canard. Quel délice! Comme il me semble inconcevable de passer par la Thaïlande sans manger un pad thaï, j’opte pour ce grand classique. Je savoure chaque bouchée, avant de goûter à un autre dessert, à base de glace concassée et de noix de coco.

Soupe au canard et pad thaï: un délice! Photo: Marie-Julie Gagnon

En sortant, je repère l’étal de durians, ce fruit mal-aimé à cause de son odeur nauséabonde. En plus d’un an passé en Asie, je n’ai jamais osé goûter à ce fruit typique d’Asie du Sud-Est, rebutée, comme plusieurs étrangers, par son parfum plus proche des ordures que des fruits. Ceux-ci ne semblent avoir aucune odeur. «C’est seulement quand ils sont trop mûrs qu’ils puent», dit Tippie.

Des durians, ces fruits mal aimés en raison de leur odeur. Photo: Marie-Julie Gagnon

Impossible de quitter le continent sans avoir goûté à la chair de ce fruit si intrigant!  Si mon ventre est sur le point d’exploser à cause de toute la nourriture engloutie au cours des heures précédentes, mes papilles, elles, sont ravies. C’est franchement délicieux! «Il est juste à point!» s’exclame Tippie, qui me raconte du même souffle avoir grandi à deux pas d’une vendeuse de durians.

Un dernier repas avant de sauter dans l’avion

Après avoir dit au revoir à ma fantastique guide, je file au restaurant de l’hôtel Akyra TAS Sukhumvit, qui a ouvert ses portes l’été dernier, pour un dernier repas avant de partir pour l’aéroport. Ici, la cheffe Sutthaporn Chulavachana concocte des plats typiquement thaïlandais. Entre une bouchée de yum tua pu, salade sucrée-salée absolument divine, et de khao soy nua – curry, œuf, nouille et bœuf cuit très lentement –, je me dis que mon histoire d’amour avec la Thaïlande n’est pas sur le point de se terminer.

Repas au Akyra TAS Sukhumvi. Photo: Marie-Julie Gagnon

Bon à savoir:

  • L’air étant très pollué à Bangkok, il ne faut pas s’étonner de croiser de nombreux Thaïlandais portant des masques. Il est d’ailleurs recommandé d’en porter un si l’on passe beaucoup de temps à l’extérieur à certains moments.
  • La blogueuse Corinne Stoppelli de Vie nomade a écrit de nombreux articles à propos de la cuisine thaïlandaise. Un bon point de départ: Cuisine traditionnelle : 31 spécialités thaïlandaises à goûter sur place.
  • Pour en savoir plus à propos des desserts thaïlandais, voici une piste.
  • On trouve tous les types d’hébergement possibles à Bangkok, des lits en dortoir aux hôtels cinq étoiles. Même Khao San Road, qui a longtemps attiré les voyageurs sac au dos, semble s’être un peu embourgeoisé au fil des années. En plus des guesthouses, on y trouve aujourd’hui des hôtels un peu plus haut de gamme. Idem pour les restaurants.
  • Pour faire du shopping, MBK, mégacentre commercial, reste une bonne piste. «Platinum, qui fait de la vente en gros, est aussi une bonne option pour des vêtements de la vie de tous les jours, recommande Tippie. On y trouve des vêtements à petit prix. Plus on achète, moins ça coûte cher… Il faut toutefois prévoir au moins une demi-journée parce que c’est immense!»
  • La chaîne Akyra fait partie d’Akaryn Hotel Group, une compagnie thaïlandaise. Au restaurant de l’hôtel Akyra Thonglor, situé dans quartier branché où l’on trouve de nombreux bars et restaurants, le sympathique chef Sitti Suteerasan concocte des menus servis en accord avec des vins internationaux. Au petit déjeuner, le buffet est à tomber par terre!
  • L’hôtel Akyra TAS Sukhumvit a été l’un des premiers en Asie à choisir de ne pas utiliser de plastique à usage unique, comme j’en ai fait mention dans ce texte.
  • Pour plus d’informations, consultez le site Amazing Thailand.

Merci à Turkish Airlines et à Tourism Authority of Thailand, grâce à qui ce voyage a été possible. Merci aussi aux hôtels Akyra Thonglor et Akyra TAS Sukhumvit, très différents l’un de l’autre, pour leur fabuleux accueil! Toutes les opinions émises dans cette chronique sont 100% les miennes.