15 juin 2018Auteure : Françoise Genest

Livres de la semaine

Tout bas ou à voix haute de Marie-Lise Pilote

Je lance une série Lectures d’été pour cette rubrique Livres de la semaine, du moins pour les deux prochains mois. Voici le premier de la série!

Je l’avais mis de côté, avec la ferme intention de le lire et de vous en parler, car j’étais vraiment intriguée par ce livre, signé Marie-Lise Pilote, à qui je ne connaissais pas une plume. Et pourtant, elle en a une. Tout bas ou à haute voix n’est pas de la grande littérature ni une fiction d’ailleurs, mais c’est bien écrit, et le premier texte terminé, on a envie de poursuivre.

Car il s’agit bien d’un recueil de textes, regroupés en sept chapitres. Avec le naturel et la sincérité qu’on lui connaît, Marie-Lise Pilote n’affiche aucune prétention, sinon celle de la conversation ou de la confidence. Chacun de ses textes lève le voile sur tantôt une réflexion, tantôt sur un souvenir, des émotions ou des plaisirs et révèle une profondeur de l’âme. Celle d’une femme qui en dehors de la scène et des rires observe son environnement, ses propres réactions et prend le temps d’approfondir sa pensée sur ce qu’elle vit ou ce qui l’entoure.

En tournant les pages, je me disais qu’au travers ce livre, je découvrais Marie-Lise Pilote avec plaisir. Un peu comme lorsqu’on va souper avec quelqu’un qu’on a connu à la plage et qu’on découvre à quel point c’est une personne intéressante avec qui on pourrait devenir amie.

Donc, l’air de rien, l’auteure nous parle de son enfance, de ce bébé perdu en cours de grossesse, de son rôle de marraine et de belle-mère, de Mali (surnom choisi pour son rôle de troisième grand-mère), de son amoureux, de son entreprise Pilote & Filles, de son passage au Groupe sanguin, de sa filleule, de son amour des pierres et des levers de soleil, de ses techniques de pêche ou de cueillette de petits fruits. Elle nous donne même sa recette de ceviche!

J’aime les rites parce qu’à chacun d’eux, on fait le deuil d’un cycle et on prend conscience des défis à venir.

En lisant le texte où elle parle de ses ateliers de créativité auxquels elle conviait ses amis, j’aurais bien voulu en faire partie.

Résolument, donc, une lecture douce qui fait du bien et qui révèle, non seulement l’auteure, mais un peu de nous-mêmes, car en lisant ses goûts, ses opinons, ses questions, on réfléchit aux nôtres. Elle préfère l’aube, et moi le coucher du soleil... Et son texte sur sa best m’a fait penser à la mienne.

Bien entendu, comme je suis une marraine totalement engagée, le chapitre intitulé Paroles de marraine m’a beaucoup plu, notamment le texte sur le club de lecture de sa filleule. Mais celui intitulé Ces inspirations qui m’animent est mon préféré. Détail intéressant, en préface, l’auteure nous invite à lire certains textes à haute voix, notamment à nos amis ou pour nous-mêmes, histoire de retrouver le plaisir du récit qu’on raconte, de partager ou de trouver le ton et la musique d’un texte. Je compte bien le faire.

Quand survient un moment de remise en question, quand notre monde s’écroule à cause d’une mauvaise décision, quand on se sent happé par une tornade de malheurs ou simplement pour décrocher du quotidien, on retrouve dans ce qui nous inspire un refuge réconfortant. On comprend alors la richesse qu’on a accumulée en alimentant ces goûts qui éveillent nos sens.

Car si les sens sont les portes de l’âme, nos inspirations, elles, sont les clés qui déverrouillent les serrures.

Cela dit, malgré les bons sentiments, le livre ne tombe pas dans la mièvrerie et l’auteure prend clairement pied dans la réalité et dans un certain engagement, notamment celui du féminisme. Soulignons aussi le beau texte de Johanne Fontaine qu’elle reproduit pour notre plus grand plaisir.

Les textes sont truffés de références culturelles, de repères de voyages, d’expériences en tous genres, pas pour l’étalage d’une certaine culture, mais pour le plaisir de toute évidence très vif d’avoir vécu ou vu tout cela. Vous n’aurez peut-être pas envie de faire son «expérience scientifique du sourire», mais la lecture du livre de Marie-Lise Pilote risque, elle, de vous donner envie de sourire à la vie.

Lecture d’été... plaisir assuré.

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Tout bas ou à haute voix, Marie-Lise Pilote, Éditions La Presse, février 2018, 248 pages, 24,95$.