Accessibilité universelle: un effort nécessaire
Alors que les élections municipales battent leur plein, Valérie Plante s’est engagée à rendre Montréal plus accessible aux personnes en situation de handicap et aux aînés. Quiconque se déplace en fauteuil roulant (ou avec une poussette) sait que l’enjeu mérite que l’on s’y attarde à la grandeur du Québec.
Marches à l’entrée des édifices, abaissements de trottoirs manquants ou ascenseurs trop peu nombreux: les déplacements quotidiens peuvent parfois prendre les allures de parcours du combattant pour les personnes à mobilité réduite.
Pour pallier ce problème, de nombreuses municipalités de la province se sont dotées de politique d’accessibilité universelle — qui vise à éliminer toutes les barrières pouvant limiter une personne dans l’accomplissement de ses activités de tous les jours —, mais dans les faits, il reste encore du travail à faire.
Les trottoirs mal entretenus, enneigés ou glacés peuvent par exemple compromettre la sécurité des piétons forcés d’emprunter la chaussée ou augmenter le nombre de chutes chez les personnes âgées.
Pour une ville inclusive
À Montréal, l’installation d’ascenseurs dans le métro prend du retard. Seulement 17 des 68 stations en sont munies alors que des travaux sont en cours dans 14 stations afin d’y ajouter les installations nécessaires.
Projet Montréal s’engage d’ailleurs à ce que 60% du réseau soit doté d’ascenseurs d’ici 2027, un an plus tôt que la Société de transport de Montréal (STM) le prévoit. Sous le mandat de l’ancien maire, la STM visait le même objectif pour 2025.
Les nouvelles infrastructures de transport collectif, comme le REM ou la ligne bleue, devraient être pour leur part conçues en fonction de l’accessibilité.
Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, même si la métropole devra faire plus pour devenir réellement inclusive. Le déneigement, en particulier dans les zones de débarcadères pour le transport adapté, pourrait être amélioré. L’accès aux commerces de proximité aussi, tout comme celui des lieux publics. Le nombre de toilettes et d’espaces extérieurs accessibles, de portes automatiques ou de feux de circulation sonores pourrait en outre être augmenté.
Collaboration essentielle
Un aménagement réussi va souvent de pair avec la consultation. C’est le cas par exemple dans l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles à Montréal. Le parc inclusif Saint-Joseph, où tout a été prévu pour l’accessibilité universelle, même les jeux d’eau, est le fruit de la collaboration entre citoyens, élus et concepteurs.
Une résidente du quartier avait interpellé la mairesse de l’arrondissement parce que sa fille ne pouvait pas s’amuser en toute sécurité. Son appel a été entendu. Les responsables du projet ont aussi demandé l’avis des bénéficiaires avant la conception. Résultat: le parc répond tant aux besoins des non-voyants qu’à ceux des personnes handicapées, et est l’un des plus inclusifs du Québec.
Sainte-Catherine compte également un parc conçu pour tous. On y trouve des modules de jeux accessibles aux enfants en fauteuil roulant, des panneaux pour apprendre le braille, des matériaux texturés aux couleurs contrastées… Le revêtement de sol a été pensé pour les parents avec une poussette et ceux qui se déplacent en fauteuil roulant. La municipalité a elle aussi tenu une consultation publique pour intégrer les besoins des parents et des enfants dans la conception du terrain de jeu.
Victoriaville, qui est confrontée à un important vieillissement de sa population, a de son côté mis en place plusieurs aménagements dans les dernières années après avoir consulté les citoyens. Depuis 2016, le centre-ville a été revu: les trottoirs ont été élargis et aménagés au niveau de la rue, des passages piétonniers sécurisés et de nombreux bancs avec accoudoirs ainsi que des balançoires accessibles en fauteuil roulant ont été ajoutés. La signalisation et l’affichage ont également été adaptés pour répondre aux besoins des personnes ayant des incapacités visuelles ou autres.
La Ville, qui a reçu un prix de reconnaissance de l’organisme national Espace Muni, offre en outre plusieurs programmes d’aide pour améliorer l’accessibilité des résidences privées et des commerces.
Les leçons de la pandémie
La pandémie de COVID-19 a quand même eu du bon. Elle a fait bouger les municipalités en matière d’urbanisme. Les villes ont rapidement réagi pour suivre les mesures sanitaires. Des espaces de stationnement ont été éliminés pour faire plus de place aux passants et des zones d’attente ont fait leur apparition à l’extérieur des commerces. On a en outre réalisé que certains non-sens perduraient. Quelques-uns de ces éléments peuvent aider dans le domaine de l’accessibilité universelle, comme l'installation de portes automatiques.
Pourquoi ne pas se servir de ces leçons pour rendre nos environnements plus accessibles?
Pour en savoir plus
Accessibilité universelle: la conception d’environnements pour tous, Institut national de santé publique du Québec, juillet 2021