Zaha Hadid: une star de l’architecture s’éteint
Zaha Hadid, la seule femme starchitecte du monde, est décédée soudainement le 31 mars dernier à l’âge de 65 ans. Retour sur une femme et une carrière d’exception.
La «reine des courbes» n’est plus. L’architecte britannique, née en Iraq en 1950, a succombé jeudi dernier à une crise cardiaque à l’hôpital de Miami, où elle était traitée pour une bronchite.
Les articles n’ont pas tardé. Les médias, des États-Unis à la France, en passant par l’Angleterre, son pays d’adoption, ont souligné sa mort et rappelé ses plus grandes réalisations.
Le quotidien The Guardian lui a notamment consacré un long papier. Celui-ci a aussi mis en ligne la vidéo Zaha Hadid in her own words and designs, qui résume efficacement les points forts et les points faibles de sa carrière.
Rowan Moore, le critique d’architecture de The Observer, a quant à lui rendu hommage au «talent provocateur et sans compromis» de Zaha Hadid.
Le Courrier international recense de son côté les réactions dans la presse arabe. Tous pleurent leur exilée, qui a réalisé ses réussites à l’étranger. Le journal irakien Al-Sabah Al-Jadid souligne notamment que le cœur de Zaha Hadid saignait en voyant Bagdad «se transformer en poubelle, ses rues et places perdre leur splendeur historique et des bâtiments sans queue ni tête envahir le paysage».
Plus nuancé, Slate revient sur ses œuvres marquantes, mais aussi sur celles qui ont été moins bien reçues. Il faut dire qu’en plus d’être acclamé, le travail de Zaha Hadid a reçu son lot de critiques. L’article revient entre autres sur la controverse du chantier du Khalifa International Stadium à Doha et celle du stade olympique national de Tokyo, dont Avenues vous a déjà parlé.
Ce n’est là qu’un échantillon des nombreuses réactions. Archdaily a rassemblé de nombreux autres hommages dans cet article.
Une pionnière
L’architecture n’est souvent pas tendre à l’égard des femmes. Comme Quartz le souligne, un tiers des femmes abandonnent la profession en citant le manque de modèles, selon une étude de l’American Institute of Architects.
Dans cette chasse gardée masculine, la designer irako-britannique était un cas à part. «Zaha Hadid était largement considérée comme la plus grande architecte femme du monde d’aujourd'hui», mentionne avec fierté son cabinet, Zaha Hadid Architects (ZHA), dans le communiqué annonçant son décès.
Elle a été la première femme à remporter le prix Pritzker, l’équivalent du Prix Nobel de l’architecture, en 2004. Elle a également été la première à recevoir la prestigieuse médaille d'or royale pour l'architecture en 2015, une distinction qui a notamment été remise à Frank Gehry ou Oscar Niemeyer. La femme d’affaires était aussi à la tête d’une agence de 450 employés. Avec la disparition de cette icône de l’architecture contemporaine, les femmes architectes, jeunes et moins jeunes, ont perdu un modèle.
Des bâtiments audacieux
Adepte du déconstructivisme, un mouvement qui refuse la trop grande rationalité et l'ordre linéaire de l'architecture moderne, Zaha Hadid est reconnue pour ses bâtiments aux courbes sensuelles et aux angles dramatiques.
On lui doit notamment le Centre aquatique des Jeux olympiques de Londres en 2012 et l’Opéra de Guangzhou (Canton) en Chine.
Dessiné par Zaha Hadid, le centre culturel Heydar Aliyev trône depuis 2012 dans la ville de Bakou, en Azerbaïdjan. L’édifice tout en courbes abrite un musée, un centre de congrès et une bibliothèque. Ce projet a reçu le prix Design de l’année par le London Design Museum. Le gigantesque musée MAXXI de Rome, consacré aux arts du XXIe siècle, a aussi été conçu par la starchitecte.
L’an dernier, elle a réalisé le musée Messner Mountain. Situé au sommet du mont Kronplatz, à 2275 mètres au-dessus du niveau de la mer, l’édifice offre une vue spectaculaire.
Zaha Hadid au Québec?
L’auteure de ses lignes a eu un court entretien avec Zaha Hadid en 2013 à l’occasion de l’ouverture du complexe Galaxy Soho en Chine. L’architecte lui avait alors mentionné qu’elle avait participé à de nombreux concours d’architecture au Canada, et qu’elle aimerait bien y construire un édifice un jour.
La Grande Bibliothèque du Québec aurait notamment pu avoir un tout autre visage et porter sa signature. Pour les curieux, les esquisses sont d’ailleurs consultables en ligne.
Adulée et dénoncée avec la même ardeur, Zaha Hadid ne laissait personne indifférent. Son décès est sans contredit une grande perte pour l’architecture.