Jaune espoir
Arrivez-vous à y croire, vous? Depuis lundi, presque toute la province est passée en zone jaune. Les règles s’assouplissent, laissant entrevoir un été rempli de possibilités. Est-ce le moment de célébrer?
Pour certains, les retrouvailles ont déjà commencé. Les repas au restaurant se succèdent. Les rendez-vous s’enchaînent. L’industrie touristique piaffe en attendant la réouverture des frontières. Même si aucune annonce officielle n’a encore été faite, des voyageurs réservent déjà des vacances hors Québec.
Pour ma part, j’ai commencé à mieux respirer le jour où il a été possible de se balader plus aisément d’une région à l’autre. Ma première grande bouffée de liberté? Filer vers les Laurentides avec une amie… dans un ancien couvent. À chacun sa façon de déconfiner.
À deux pas du lac Raymond et du parc linéaire le P’tit Train du Nord, le Couvent de Val-Morin accueille maintenant les télétravailleurs à la recherche d’un coin de nature et d’une atmosphère d’auberge de jeunesse, le party en moins. J’y ai trouvé l’espace (mini) dont j’avais besoin pour dormir et celui (maxi) nécessaire pour m’aérer les idées, WiFi haute vitesse en prime. Une merveilleuse manière de reconnecter tout en douceur, de savourer le silence et de prendre des apéros-moustiques entre amies. Les quelques personnes croisées sur place étaient exactement dans le même état d’esprit.
Entre la lumineuse salle de yoga, le quai et la plage, j’ai eu une pensée pour les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie qui y ont passé leurs vacances d’été pendant une soixantaine d’années. Je les aurais bien invitées à boire des bulles avec nous pour les remercier d’avoir créé un lieu aussi apaisant.
Nous avons profité de notre séjour pour prendre quelques repas au resto dans la région. Si, comme moi, vous aimez autant la bonne bouffe et les vieilles gares, vous adorerez le restaurant Le Mapache de Val-Morin. Le genre d’endroit qui donne l’impression d’être en vacances même quand on ne l’est pas.
Les bienfaits de la nature
À la demande de la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ), une équipe de chercheurs de l’Institut de cardiologie de Montréal menée par le Dr Louis Bherer a scruté plus de 160 articles répertoriés dans la base de données en sciences biomédicales MEDLINE afin de démontrer les effets réels de la nature sur la santé globale. Sans grande surprise, l’équipe a confirmé ses bienfaits, dont une réduction du stress et de l’anxiété.
Parmi les faits notés, soulignons une réduction de l’activité nerveuse sympathique et des niveaux de cortisol, une augmentation de l’activité nerveuse parasympathique et une réduction de l’anxiété. Selon les études examinées, le contact avec la nature diminuerait aussi la dépression et les émotions négatives, en plus de donner de la vitalité et d’améliorer l’attention. Voilà qui rejoint les résultats d’une étude réalisée l’automne dernier par la SÉPAQ auprès de ses visiteurs, qui ont confié avoir ressenti des effets positifs de leur passage en nature sur leur santé mentale (87 %) et physique (84 %).
Et la ville?
Personne ne remet en question l’effet revitalisant d’un séjour en nature. Toutefois, je pense qu’on sous-estime celui de la ville. Comment ignorer le plaisir de se retrouver sur une terrasse par une belle journée d’été? De s’émouvoir devant une œuvre dans un musée? De s’étonner en découvrant l’architecture d’un bâtiment?
Alors que je m’apprête à reprendre la route de manière plus soutenue pendant l’été, une chose m’apparaît de plus en plus claire: j’ai autant besoin d’explorer les villes que de me ressourcer en pleine nature. J’aime trop l’histoire, la culture et la bonne chère pour vivre uniquement de vert et d’eau fraiche. Je ne me sens pas encore prête à retrouver les cafés bondés et les bars en plein vendredi soir, mais l’idée d’une longue promenade dans une ville qui n’est pas la mienne me séduit tout autant que celle de retrouver le chant des ouaouarons. Mon été sera mi-rat des champs, mi-rat des villes.
Arrivez-vous à y croire, vous? Les couleurs chaudes s’estompent tout doucement de la carte du Québec pour glisser vers la couleur de l’espoir. Les retrouvailles ne sont plus une utopie. Je ne fais pas partie de ceux qui reprendront les choses là où elles les ont laissées, mais je respire un peu plus profondément. Et quand j’oublierai de le faire, je saurai où aller me réfugier.