Menaces terroristes: voyager malgré la peur
Au moment d’écrire ces mots, je m’apprête à prendre le train pour Toronto. Les médias ont passé les dernières heures à parler de la sécurité renforcée dans les gares de VIA Rail à cause de menaces terroristes.
Le train, considéré comme l’un des moyens de transport les plus sûrs, devient aujourd’hui une source d’angoisse. On a beau lire que VIA Rail a «agi ainsi par mesure de précaution» et que la menace «semble être sans fondement», il est trop tard: la peur est bien là, quelque part entre le ventre et la tête. Cette même peur à laquelle on ne veut pas céder, mais qui, une fois infiltrée, refuse de nous quitter.
Que je le veuille ou non, la peur est maintenant ma compagne de voyage. Dans deux semaines, je me rendrai à Bruxelles. Ces derniers temps, ce n’est pas la bédé qui vient en tête en premier quand on pense à la capitale belge, disons.
Baisse du tourisme en Europe
L’une des premières nouvelles que j’ai lues ce matin, à peine éveillée, mentionnait une baisse générale du tourisme en Europe. «D’après l’étude de Forwardkeys, l'Europe est la seule région du monde à connaître un déclin des arrivées de visiteurs étrangers depuis les attentats, rapporte TourMag. Les attaques terroristes ont donc un impact négatif sur le long terme en Europe.»
Les villes les plus affectées? Paris et Bruxelles. Selon cette étude, entre le 14 novembre 2015 et le 26 février 2016, la première a connu une baisse de fréquentation touristique de 12% par rapport à la même période un an plus tôt, et la seconde, 9%.
Comment se sentir en sécurité alors que les terroristes frappent n’importe quand, n’importe où et, surtout, n’importe qui? L’année dernière, les attentats de Sousse et du musée du Bardo ont fait très mal à l’industrie touristique en Tunisie. L’attentat du 7 mars dernier n’aidera certainement pas à attirer de nouveau les voyageurs.
L’Afrique de l’Ouest visée
Dans le Courrier international, «Mali, Burkina, Côte-d’Ivoire… à qui le tour?» résume les craintes de plusieurs. L’attaque d’une station balnéaire de Côte-d’Ivoire a ravivé le sentiment d’insécurité. «Cette attaque vient montrer qu’il n’y a désormais plus de risque zéro face à la menace terroriste. La vigilance doit être dorénavant à toute épreuve.»
Alarmiste, l’article ne donne pas envie d’aller se faire bronzer au Sénégal, une autre destination où je devais me rendre au cours des prochains mois… «Plus qu’Abidjan, ce sont toutes les autres villes de l’Afrique de l’Ouest, à commencer par le Sénégal, qui doivent désormais accentuer leur vigilance, peut-on lire dans le Courrier international, qui reprend un article d’Aujourd’hui Faso. L’ennemi se comporte désormais comme un chasseur en quête de trophées.»
Alors on fait quoi? On se terre chez soi? Comme je l’écrivais en novembre dernier, je refuse de me laisser intimider. Mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire…