Photo culinaire: quand c’est permis de jouer avec la nourriture!
Faire de la photographie culinaire n’a rien de sorcier… et même pas besoin de savoir cuisiner! Voici quelques trucs pour réaliser des photos qui donneront l’eau à la bouche. Et surtout, pas question de gaspiller, il faudra tout manger!
En photographie alimentaire, tout est question de lumière
Qu’est-ce qui distingue les pros des amateurs dans toute situation photographique? Eh oui, c’est la lumière! On doit l’observer, la comprendre et surtout, la contrôler. Peu importe que vous bénéficiiez de la lumière naturelle, d’une lumière continue ou d’un flash, l’important, c’est d’être constant.
Les sources de lumière
La première chose à considérer, ce sont vos sources de lumière, qui doivent être toutes à la même température de couleur. On ne voudra pas mélanger la lumière chaude d’une ampoule de lampe de chevet à celle de l’extérieur, au risque de s’arracher les cheveux en postproduction avec la balance de blancs. Si on emploie la belle lumière naturelle provenant de la fenêtre, on ferme donc tous les plafonniers. La lumière naturelle est un beau début pour s’initier à la photo d’objets et de nourriture. Commencez avec une seule source pour mieux comprendre ses effets.
La direction de la lumière
Un aspect très important en photographie alimentaire est la direction de la lumière. On évite à tout prix une lumière provenant directement du devant, comme le flash «pop-up» de votre appareil photo ou un flash cobra dirigé dans la même direction. Cela a pour effet de totalement aplatir les formes et les textures. Vous pouvez donc diriger la lumière n’importe où dans le spectre compris entre la gauche de votre sujet, son arrière et son côté droit. Vous irez ainsi chercher toutes les textures et les nuances qui vous donneront envie de décorer votre image.
Les caractéristiques de la lumière
La lumière a aussi deux caractéristiques distinctes: elle peut être diffuse ou directe. Pensez à une journée nuageuse, et à quel point les ombres sont douces et dégradées. C’est comme une grosse boîte à lumière géante. C’est cet éclairage que la plupart des photographes veulent mettre en place, que ce soit pour un beau visage ou pour un appétissant croissant. De ce fait, si le soleil du midi qui entre dans votre maison éclaire directement votre future image, il vous suffit de diffuser la lumière avec un rideau, un morceau de tissu ou un papier transparent. Pourvu qu’il soit blanc!
La réflexion de la lumière
La dernière composante à considérer dans votre attirail de photographe aguerri est la réflexion. Non, non, il ne s’agit pas de s’imaginer un concept photo (quoiqu’à bien y penser, ça pourrait être tout à fait le cas), mais bien de s’armer de cartons noirs et blancs pour contrôler votre lumière. Prenez un carton ou un papier blanc pour réfléchir la lumière à l’opposé de votre source et atténuer le caractère foncé des ombres. Le carton noir, quant à lui, sera tout indiqué pour faire le contraire. Il pourra même servir à cacher certaines parties de votre fenêtre ou softbox et ainsi créer d’intéressants jeux de lumière.
Avec quoi vous équiper?
On ne se lancera pas ici dans un débat Nikon versus Canon (ou Sony!), mais voici quelques éléments à vous procurer pour votre nouvelle passion:
Un trépied
Stabiliser votre appareil photo sur un trépied vous aidera à mieux composer la scène et à y bouger les éléments sans tout défaire. Aussi, si vous êtes plus habile, vous pourrez même faire du photomontage. Mais le meilleur dans tout ça sera votre capacité à baisser votre vitesse d’obturation sans avoir de flou de bougé. Vous pourrez aussi mettre votre sensibilité ISO la plus basse possible. Pour l’ouverture du diaphragme, c’est selon le style que vous voulez obtenir: une petite ouverture pour focaliser sur un des sujets ou bien une grande ouverture pour capturer toute la scène dans ses moindres détails.
Le bon objectif
Le choix de l’objectif est important. Vous voudrez une focale assez longue, au moins 50 mm sur un plein capteur, ce qui se rapproche le plus de la vision humaine. Vous pourriez aussi opter pour une fonction macro pour aller plus près dans les détails. Ce n’est pas obligatoire, mais ô combien jubilatoire! Plus vous utilisez une petite focale, plus l’effet fish-eye sera ressenti, et vous verrez toute l’arrière-scène de votre tablée. Au contraire, une longue focale, comme un téléobjectif, permettra de compresser les plans et de raccourcir la profondeur de champ pour obtenir de beaux arrière-plans flous et mettre l’accent sur LE plus beau petit gâteau de votre scène festive.
Des trucs pour que ce soit plus beau qu’Instagram!
La prise de vue
En photographie culinaire, il y a trois façons principales de faire une prise de vue:
- Se mettre à 45 degrés au-dessus du sujet, exactement comme si on était assis à une table. Cette perspective est parfaite pour donner un air invitant.
- Mettre l’appareil photo à la hauteur des yeux, directement face au sujet. Cela donne de la hauteur à un impressionnant hamburger ou à une pile de crêpes arrosées de sirop d’érable.
- Adopter le plan en plongée (vol d’oiseau, ou flatlay en anglais), qui accorde de l’importance à l’ensemble de la scène et surtout de ses éléments graphiques.
Le stylisme
Côté stylisme, il est important de varier les styles de nappes, napperons, ustensiles et vaisselle dont vous disposez. Vous pouvez vous servir de n’importe quel bout de tissu, de bois, de papier ou de carton pour fabriquer votre fond. Il peut être exploité comme plancher de votre scène ou comme mur. Il peut même être placé de façon à lui donner un air infini.
Un peu de tricherie?
Si malgré tous ces trucs du métier vous trouvez que vos photos culinaires manquent d’un je-ne-sais-quoi par rapport à d’autres, c’est peut-être parce que certaines photos sont… arrangées avec le gars des vues!
Oui, oui, derrière la plupart des photos publicitaires et des photos d’emballages de produits courants se cache une formidable équipe de stylistes culinaires. Glaçons en acrylique qui ne fondent jamais, crème glacée en mixture de sucre à glacer et crémage qui ne fond pas plus, glycérine ajoutée aux gouttes parfaites qui restent en place sur une bonne bière froide, fausse vapeur qui provient d’un bâton d’encens, viande crue huilée pour lui donner un petit air bronzé, colle blanche à la place du lait, petit bol à l’envers ou patates pilées dans le fond d’un bol de soupe ou de pâtes pour démontrer l’abondance, seringue à condiments pour mettre la touche parfaite de ketchup, pince à épiler pour coller les graines de sésame sur un hamburger… tous ces secrets sont maintenant révélés au grand jour et vous pouvez vous amuser à les essayer!
À propos de Mariène Lucas
Marilène Lucas est une photographe culinaire et commerciale qui œuvre dans le domaine artistique au Québec depuis 11 ans. Ses images ludiques et colorées se trouvent au www.fluophoto.com.