La reine Elizabeth II s’est éteinte
Née le 21 avril 1926 à Londres, la reine Elizabeth II est décédée ce jeudi, 8 septembre, à l’âge de 96 ans. Elle était le monarque du Royaume-Uni et du Commonwealth, dont fait partie le Canada, et la gouverneure suprême de l’Église d’Angleterre. Son décès achève ainsi un règne de 70 ans, le plus long de l’histoire de l’Angleterre.
C’est après la mort de son père, le roi George VI, qu’elle accède au trône britannique, le 6 février 1952, à l’âge de 25 ans. Elle était la sixième femme à siéger sur le trône et la première depuis le décès de la reine Victoria, en 1901. Son couronnement à l’abbaye de Westminster, le 2 juin 1953, était le premier à être diffusé à la télévision. Parmi les invités canadiens présents, notons le premier ministre Louis Saint-Laurent, le lieutenant-gouverneur de l’Ontario Louis Breithaupt et son premier ministre Leslie Frost, le premier ministre de la Saskatchewan Tommy Douglas, les ministres du Québec Onésime Gagnon et John Samuel Bourque, le maire de Toronto Allan A. Lamport et le chef de la Nation Squamish Joe Mathias. Cette même année au Canada, la Loi sur les titres royaux conférait officiellement à Élisabeth II le titre de reine du Canada.
Quelques années auparavant, alors qu’elle n’était encore que l’héritière présomptive de la couronne britannique, poste qu’elle occupait depuis l’âge de 10 ans, elle épousait Philip Mountbatten, prince de Grèce et du Danemark, avec qui elle a eu quatre enfants: Charles, prince de Galles, Anne, princesse royale, Andrew, duc d’York et Edward, comte de Wessex. Elle était aussi la grand-mère de 8 petits-enfants, notamment les princes William et Harry, et l’aïeule de 10 arrière-petits-enfants.
Celle qui avait aussi pour sœur cadette la princesse Margaret, décédée en 2002, peu de temps avant leur mère, Elizabeth Bowes-Lyon, mieux connue sous le nom de «reine mère», a connu un long règne marqué par le passage de 15 premiers ministres britanniques, y compris les marquants Winston Churchill et Margaret Thatcher. La relation de la reine avec ses derniers a d’ailleurs été présentée à l’écran dans la très visionnée série The Crown diffusée sur Netflix et inspirée par la famille royale britannique. La rumeur veut qu’elle n’en ait pas manqué un seul épisode.
Les crises personnelles
Parmi les événements marquants de sa vie privée, en plus des décès successifs de sa sœur et de sa mère, notons l’assassinat de l’oncle du prince Philip, Louis Mountbatten, les séparations et le divorce de trois de ses enfants, la mort tragique et hyper médiatisée de sa belle-fille adorée par le monde entier, la princesse Diana, en 1997, les frasques sexuelles d’Andrew, son fils préféré, d’après les rumeurs et, plus récemment, le rejet de la famille royale par son petit-fils Harry, et son épouse, la comédienne Meghan Markle, qui n’ont pas manqué de dépeindre de manière peu flatteuse la monarchie britannique lors d’une entrevue télévisée exclusive accordée à la célèbre animatrice américaine Oprah Winfrey, en mars 2021.
Sa vie professionnelle a pour sa part connu de nombreux rebondissements; par exemple, à 14 ans, alors qu’elle était encore princesse, elle prononçait son premier discours à la radio pendant que les bombes tombaient sur Londres durant la Seconde Guerre mondiale. En 1981, elle a été victime d’une tentative d’assassinat lors d’une cérémonie officielle. Elle a aussi souvent été appelée à intervenir dans toutes sortes de crises, entre autres la guerre des Malouines, la guerre froide, l’invasion de la Grenade, la guerre du Golfe, l’abolition de l’apartheid, etc.
Reine du Canada
Monarque ayant le plus voyagé dans l’histoire, la souveraine a visité toutes les nations du Commonwealth, à l’exception du Cameroun et du Rwanda, en plus d’avoir été marraine de plus de 600 organismes de bienfaisance et organisations, dont 36 au Canada, notamment la Société canadienne du cancer et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada.
En tant que reine du Canada, elle a mis en lumière le rôle critique des Forces armées canadiennes en étant colonelle en chef, capitaine générale et commodore de l’air en chef d’unités dans tout le pays. Depuis 2012, la reine était aussi commissaire en chef de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Préalablement, elle détenait le titre de commissaire honoraire de la GRC, et ce, depuis 1953.
C’est en 1951, en compagnie du duc d’Édimbourg, alors qu’elle n’était encore que princesse, qu’elle est venue au Canada pour la première fois. Depuis son accession au trône, Sa Majesté a fait plus de tournées royales au Canada que dans tout autre pays du Commonwealth. La tournée de 2010 de Sa Majesté fut sa 22e tournée officielle au Canada à titre de reine du Canada. En 2012, celle qui parlait couramment français célébrait chez nous son jubilé de diamant, qui marquait son 60e anniversaire en tant que reine du Canada. En 2017, en plus de célébrer le 150e anniversaire de la Confédération, Sa Majesté célébrait aussi son jubilé de saphir, 65 ans après son accession au trône. Lors d’un événement tenu à la Maison du Canada, à Londres, l’ancien gouverneur général David Johnston a présenté à Sa Majesté une broche en forme de flocon de neige, en gage de remerciement de la part des Canadiens.
Elle aura été la souveraine britannique ayant régné le plus longtemps. C’est désormais le prince Charles qui doit lui succéder au trône. Si de nos jours son rôle était davantage symbolique, elle incarne néanmoins l’unité et la stabilité de son pays, et ce, à travers le monde. Elle agissait surtout en tant que conseillère auprès du premier ministre britannique. Son règne, marqué par le progrès et la modernisation, marqua une nouvelle ère élisabéthaine.