The Line: une ville sans voiture de 170 km de long
Communautés sans route et sans voiture où tout est accessible en cinq minutes de marche, transport collectif sous terre pour relier les différents îlots urbains, accès constant à la nature: avec son projet The Line, l’Arabie saoudite tente de réinventer le développement urbain pour le 21e siècle.
D’ici 2030, un million de personnes devraient habiter The Line, un projet urbain dévoilé la semaine dernière par l’Arabie saoudite et dont la construction doit commencer au début de 2021. La «ville» sera une série de petites communautés regroupées en îlots, où tous les commerces et services essentiels (écoles, cliniques médicales, loisirs) pourront être atteints à pied, en cinq minutes.
Une ville de proximité (sur 170 km)
The Line s’inspire de certains projets mis de l’avant dans plusieurs grandes villes du monde, comme les quartiers de 20 minutes à Melbourne et la ville du quart d’heure à Paris, où les résidents doivent pouvoir accéder à tout ce dont ils ont besoin en 20 minutes et 15 minutes à pied respectivement (d’ici 2050 pour Melbourne et 2030 pour Paris). Puisqu’il s’agit de nouveaux développements qui n’auront pas à s’adapter aux constructions existantes, The Line pourra toutefois raccourcir encore plus ce temps.
The Line rappelle aussi le projet américain 10 minutes walk, où des dizaines de villes, dont New York, ont promis un accès à un espace vert à pied à tous leurs résidents d’ici 2050. Ici aussi, The Line est plus ambitieux, avec un accès à moins de cinq minutes.
Les îlots, qui seront alignés sur 170 km de la mer Rouge jusqu’aux montagnes du nord-ouest de l’Arabie saoudite, seront reliés par des infrastructures souterraines, notamment un service de transport à très haute vitesse, un système de métro pour les déplacements vers les îlots plus rapprochés et un système robotisé pour la livraison de marchandises. Selon les créateurs du projet, un déplacement d’une communauté à l’autre (pour visiter un parc, pour un obtenir un service plus pointu ou pour le travail, par exemple) ne devrait jamais prendre plus de 20 minutes.
L’Arabie saoudite estime que The Line devrait permettre la création de 380 000 nouveaux emplois d’ici 2030.
Accès à la nature
En plus de son million de résidents, il est prévu que cinq millions de touristes par année visiteront la ville et la nature qui l’entoure (40% de la population mondiale résiderait à moins de quatre heures de vol de The Line). Sur ses 170 km, The Line propose quatre zones écologiques différentes, notamment une zone côtière, une zone désertique et une zone montagneuse. 95% des espaces entourant The Line sont protégés.
Le projet devrait être alimenté par de l’énergie renouvelable à 100% (solaire et éolienne), et comprendre des zones d’agriculture urbaine responsable.
Quel avenir pour ces villes futuristes?
L’idée d’une nouvelle ville créée de toutes pièces peut sembler irréaliste, mais NEOM, l’organisme derrière The Line, rappelle que plus d’un milliard de personnes dans le monde pourraient avoir à être relocalisées d’ici 2050 à cause des changements climatiques. Certaines études avancent même que 1,2 milliard de «réfugiés du climat» seront à la recherche d’un nouvel endroit pour vivre. Tous ne pourront pas être relogés dans des immeubles existants.
Voilà plus d’un siècle que les villes se développent autour de l’automobile. La montée du télétravail, l’automatisation et l’arrivée de nouvelles technologies pour le transport pourraient permettre de changer les choses et de recentrer les communautés autour des gens.
À moins de changements démographiques et climatiques importants, un projet comme The Line ne serait évidemment pas réalisable au Québec. Le développement d’îlots autonomes où tout est accessible à pied en moins de cinq minutes devrait néanmoins permettre d’accumuler des connaissances et de faire des expériences qui pourraient avoir un intérêt ici aussi.