12 décembre 2020Auteure : Françoise Genest

Le père de l’assurance-maladie s’éteint

Bâtisseur, modèle d’engagement politique et social, sage ou «révolutionnaire tranquille», comme il se qualifiait lui-même dans son autobiographie, parue en 2005, quel que soit l’épithète qu’on colle à Claude Castonguay, on ne peut que saluer l’apport à la société québécoise de ce grand citoyen qui s’est éteint dans la nuit du 11 au 12 décembre à l’âge de 91 ans.



Celui qu’on a surnommé le père de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ), avait annoncé il y a quelques semaines son retrait de la vie publique. Jusque-là, il était toujours actif, publiait des articles d’opinion et était souvent sollicité sur des comités, des groupes d’étude, conseils d’administration et aimait participer au débat public.  Né en 1929 à Québec, Claude Castonguay était actuaire de formation a fait, au cours de sa carrière, de nombreux allers-retours entre le public et le privé où il a travaillé notamment pour de grandes entreprises financières.

Dès le début des années 60, sous l’égide du gouvernement libéral, il travaille au comité qui développe la mise en place du Régime des rentes du Québec, puis copréside le comité qui élaborera le concept  de la RAMQ et se fait le fervent défendeur du régime public et universel. Élu au parti libéral en 1970, il devient ministre de la Santé et des affaires sociales et fait adopter la Loi qui crée la RAMQ.  Il n’en faut pas plus qu’on accole son nom à la carte soleil, qu’on désigne souvent par la « Castonguette ».

Des allers-retours

Il quitte la vie politique au bout de trois ans, pour le monde bancaire et devient président de la Banque Laurentienne. Fédéraliste convaincu, il sera très impliqué dans le Comité du NON au référendum, mais reste convaincu qu’il faut accorder un statut une reconnaissance de la spécificité du Québec. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’il travaillera à l’édification et la promotion de l’accord du lac Meech, qui n’aboutira pas. Il est, par la suite nommé sénateur conservateur, mais déçu par ce qu’il y trouve, il démissionne du Sénat deux ans plus tard, pour rester fidèle, déclare t-il, à sa conception et sa vision du Canada et du Québec.

L'autobiographie "Mémoires d'un révolutionnaire tranquille"parue, chez Boréal en 2004

Au tournant des années 2000, il répond à la demande du gouvernement du Québec et travaille à la commission chargée de revoir et d’étudier le financement du réseau de la santé.  Le système doit rester public, mais doit travailler en complémentarité avec le secteur public, car reconnaît l’homme en 2008, le Québec n’a plus les moyens du système universel tel qu’il l’avait conçu dans les années 60.  Il sera également des travaux du comité d’études sur les régimes de retraite et sonne l’alarme, constatant que plus de 65% des Québécois n’ont pas accès à un régime de rentes de leur employeur.

Honoré par différentes universités, membre de nombreux conseils d’administration, Claude Castonguay était un homme de dialogue et un citoyen engagé pour le bien public. Il est décédé chez lui, entouré de sa famille. Il laisse dans le deuil son épouse, leurs trois enfants et cinq petits-enfants. La classe politique est unanime pour souligner l’apport exceptionnel de ce grand citoyen à la société moderne qu’est devenue le Québec.