Le point sur le Zika
À moins d’habiter sur Mars (ou de ne pas lire Avenues), vous avez entendu parler du tristement célèbre virus Zika. Est-il aussi dangereux qu’on l’imagine? Pour qui? Que faire si un voyage est prévu dans un des pays infectés?
Son origine
Le virus a été identifié pour la première fois en 1947 dans la forêt de Zika, en Ouganda. Il est transmis par un moustique, l’Aedes aegypti, le même qui transmet aussi la dengue, la fièvre jaune, le chikungunya (mais pas la malaria). Des chercheurs brésiliens l’ont également détecté dans l’urine et la salive. Vous avez peur des requins? C’est plutôt du moustique dont vous devriez vous méfier: en 2015, les «dents de la mer» ont tué une dizaine de personnes contre 700 000 pour le meurtrier sournois qu’on peut pourtant assassiner d’une claque.
Ce qu’on sait
Le Zika est souvent asymptomatique chez la plupart des adultes. «Seulement 18% des personnes affectées par le virus Zika présentent des symptômes, qui durent une semaine environ, nous apprend le site Web de la Clinique Santé-voyage de la Fondation du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Parmi ceux-ci, de la fièvre, une éruption cutanée, des maux de tête, une conjonctivite et des douleurs articulaires et musculaires.» Un peu comme une grippe, mais avec des boutons.
Il provoque dans certains cas le syndrome de Guillain-Barré, qui paralyse pendant des semaines (ou même des mois) après avoir atteint les racines nerveuses. Trois personnes en sont décédées en Colombie.
Il s’avère très dangereux pour les femmes enceintes (ou qui souhaitent le devenir), puisqu’il cause la microcéphalie, une malformation de la boîte crânienne.
La planète entière est maintenant passée en mode «urgence»: il faut trouver comment stopper la propagation. Le président Obama va d’ailleurs demander au Congrès «de débloquer 1,8 milliard de dollars de financement d’urgence pour la prévention et la recherche, sur les tests, mais aussi de possibles vaccins», rapporte Le Devoir.
Les moustiques
Pourquoi y a-t-il autant de moustiques? À cause des déchets, souligne le journaliste spécialisé en environnement de Radio-Canada, Étienne Leblanc.
Au Brésil, 70% des mères d’enfants atteints de microcéphalie vivent dans la pauvreté, selon Le Monde. Dans le reportage Zika, nouveau fléau des pauvres, on apprend que le fameux moustique responsable du virus pose un défi de santé publique comparable à l’épidémie de poliomyélite du vingtième siècle. «De fait, le virus Zika touche davantage les zones les plus pauvres, où il n'y a aucune structure de la gestion des déchets», écrit Étienne Leblanc.
Si les insecticides peuvent constituer une solution temporaire, ils sont loin d’être une panacée. C’est pourquoi une meilleure gestion des déchets est essentielle. «Les moustiques finissent toujours par devenir résistants aux insecticides, a expliqué l’entomologiste kényan Dino Martin à Radio-Canada. Mais ils ne développent pas de résistance face à l'élimination des gîtes de reproduction.»
Autre grave problème: le manque d’accès à l’eau potable. Devant stocker de l’eau recueillie à l’extérieur de chez eux, les gens vivant dans des zones sans eau potable créent ainsi un terreau fertile pour une éventuelle armée de meurtriers ailés. Ajoutez à cela que les moustiques se reproduisent plus rapidement quand il fait chaud et vous avez un autre coupable à pointer du doigt: El Niño. Oui, encore lui.
Que faire si on a prévu visiter l’une des régions touchées
On l’a répété partout: pour survivre, l’Aedes aegypti a besoin de chaleur. Ce n’est donc pas au Canada qu’il trouvera refuge. Le pays le plus touché est le Brésil, suivi de la Colombie. D’autres destinations populaires comme le Mexique et la République dominicaine ont aussi recensé des cas.
Alors, on se terre chez soi ou on part quand même? « Nous conseillons aux femmes qui sont enceintes ou qui prévoient le devenir de reporter, lorsque possible, leur voyage dans les régions tropicales où circule le virus, et de s’informer de l’évolution, car la maladie se répand rapidement en Amérique Latine», souligne le docteur Jean Vincelette, microbiologiste infectiologue et directeur scientifique à la Clinique Santé-voyage de la Fondation du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).
Alors que l’OMS invite les voyageurs d’affaires à éviter les zones à risque, les compagnies aériennes ont mis en place différentes politiques. «Suivant les recommandations émises par les autorités compétentes, nous faisons preuve de flexibilité à l’égard de nos clients voyageant dans les destinations touchées par le virus Zika, peut-on lire sur le site d’Air Transat. Pour les femmes enceintes et leurs compagnons de voyage partageant la même chambre, ayant déjà réservé dans les destinations offertes par Transat figurant actuellement sur la liste de l’Organisation panaméricaine de la Santé (Mexique, République dominicaine, Curaçao, Panama, Saint-Martin, Haïti, Martinique, Guadeloupe, Honduras, Nicaragua, Costa Rica, Jamaïque et Colombie), nous autorisons, sur présentation d’un certificat du médecin attestant de la grossesse, les demandes de changement de date ou de destination. Nous acceptons aussi les demandes d’annulation en offrant un crédit pour réservation future ou un remboursement complet.»
Air Canada permet pour sa part un changement de dates et un remboursement pour des voyages prévus entre le 28 janvier et le 30 juin. «Les clients de Sunwing peuvent eux aussi décider d'annuler leur voyage sans pénalité, peu importe le moment où ils avaient prévu de voyager», rapporte La Presse.
Si vous voyagez dans l’une des zones touchées, prenez les précautions de base recommandées pour vous protéger*:
- Appliquez un insectifuge avec une concentration de DEET de 28,5%, efficace durant environ 4 à 6 heures
- Portez des vêtements souples et longs, de couleur claire.
- Évitez d’utiliser des parfums ou des savons parfumés.
- Soyez vigilant en tout temps (matin, jour et soir).
- Appliquez toujours un insectifuge vingt minutes après la crème solaire ainsi qu’après la baignade et toute activité physique.
Peu importe votre décision de voyager ou non dans un pays touché, restez au fait de l’actualité!
*Source : Clinique Santé-voyage de la Fondation du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM)