15 choses que vous ne savez (peut-être) pas à propos du Plateau-Mont-Royal
Délimité au sud par la rue Sherbrooke, au nord-est par la voie ferrée du Canadien Pacifique, à l’ouest par l’arrondissement d’Outremont, le parc du Mont-Royal et le campus de l’Université McGill, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a connu de nombreuses transformations au fil du temps. Et même quand on croit bien connaître le quartier, certaines choses peuvent encore nous surprendre…
1- Le Plateau a été un territoire de chasse, puis une zone agricole
Bien avant que le Plateau tel que nous le connaissons soit construit, principalement entre 1890 et 1940, le secteur à l’est du mont Royal était un territoire de chasse des Autochtones, rappelle le Dictionnaire historique du Plateau Mont-Royal, publié aux éditions Écosociété en 2017. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, il était principalement composé de terres agricoles ou de vergers.
2- Plusieurs anciens villages se trouvaient à son emplacement
Le village Saint-Jean-Baptiste, situé entre les rues Sherbrooke et Duluth, où s’étaient installées des familles bourgeoises d’origine anglaise, était la seule partie habitée du quartier au XIXe siècle. Entre l’avenue Papineau et la rue D’Iberville se trouvait le village De Lorimier et au nord, le village Saint-Louis. Le village Saint-Michel faisait aussi partie du territoire.
3- Les travailleurs des carrières du coteau Saint-Louis étaient surnommés les «Pieds-Noirs»
Les carrières situées au nord du quartier comptent parmi les premières industries à s’être installées dans les parages. C’est à ce moment qu’est né le coteau Saint-Louis, en 1846, aussi appelé le «village des Pieds-Noirs». «On leur a fait une réputation de fiers gaillards, amateurs d’alcool et de bagarres: la chronique montréalaise abonde en anecdotes à leur sujet, rapporte Mémoire des Montréalais. On peut même dire qu’ils font partie des "mythes fondateurs" du Plateau Mont-Royal.»
4- La plupart des ruisseaux et des rivières n’ont pas survécu à l’urbanisation
Jusqu’au début du XIXe siècle, plusieurs ruisseaux et petites rivières traversaient Montréal. Rares sont toutefois ceux qui ont survécu à l’urbanisation. Un ruisseau coulait du mont Royal jusqu’au fleuve, en passant par le parc La Fontaine. La Ville de Montréal rapporte aussi que la rivière Prud’homme descendait du mont Royal pour confluer avec le ruisseau Saint-Martin, qui longeait les fortifications, à la hauteur de l’actuelle rue Saint-Antoine. «En l’absence d’un réseau d’égouts, les cours d’eau montréalais servent également de déversoir, peut-on lire sur le site de la Ville. […] Leur pollution est telle que, dans les années 1810, une série de lois est adoptée afin d’interdire d’y jeter du fumier, des décombres, des carcasses d’animaux et des eaux domestiques.»
5- Il y a déjà eu des pistes de course de chevaux sur le Plateau
Plusieurs pistes de course ont notamment été érigées dans ce qui est aujourd’hui le quartier Mile End, a rapporté Le Devoir dans un article consacré au sujet en 2017. «Il y a eu jusqu’à sept pistes de course depuis 1811 jusqu’à 1930, a pour sa part raconté Bernard Vallée, auteur et fondateur de L’autre Montréal, qui propose des visites guidées en autobus et à pied à travers les quartiers de Montréal, à l’émission Samedi et rien d’autre. L’une des activités pionnières du Plateau a été d’être le grand centre de divertissement des Montréalais.» Au milieu des champs se trouvait le Jardin Guilbault, considéré comme l’ancêtre des parcs de divertissement, avant le parc Belmont.
6- Des abattoirs se trouvaient à l’emplacement actuel du Journal de Montréal
Devant l’augmentation de la population à la fin des années 1800, il devenait de plus en plus difficile de contrôler la qualité de la viande vendue aux consommateurs. «Les bouchers faisaient boucherie n’importe où et n’importe comment», raconte Jean-Claude Robert, professeur au département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal et coauteur du Dictionnaire historique du Plateau Mont-Royal dans une vidéo. En 1881, la Ville de Montréal a obligé les bouchers à faire abattre leurs animaux dans deux lieux, dont l’un dans l’est de la ville. En 1984, une douzaine d’années après la fermeture des abattoirs, Le Journal de Montréal s’y est installé.
7- D’Émile Nelligan à Michel Tremblay, les artistes ont laissé des traces
De nombreuses célébrités sont liées au Plateau-Mont-Royal. C’est ici qu’a grandi le poète Émile Nelligan, dont on peut voir le buste réalisé par l’artiste Roseline Granet dans le square Saint-Louis, et que le poète Gaston Miron a vécu pendant 50 ans. Les artistes Paul-Émile Borduas et Jean-Paul Riopelle et le poète, auteur et chanteur Leonard Cohen sont aussi indissociables du quartier.
À l’instar de Michel Tremblay, dont l’œuvre est traversée par son quartier natal, la romancière et dramaturge Francine Noël a puisé l’inspiration dans les rues du Plateau. Côté anglophone, Mordecai Richler, auteur de renommée internationale, est aussi l’un des premiers à être évoqués parmi les figures emblématiques. Sise dans l’ancienne église Church of the Ascension, érigée en 1910, la bibliothèque du Mile End a été renommée en l’honneur de ce dernier en 2015.
À noter que l’agence Kaleidoscope propose des visites guidées sur les traces de Michel Tremblay.
8- Les escaliers font partie des emblèmes du quartier
Véritables icônes, les escaliers de fer forgé qu’on aperçoit à l’extérieur des maisons ont fait leur apparition à la suite de l’ajout d’un nouveau règlement, à une époque où de nombreux travailleurs issus de différentes régions du Québec venaient s’installer dans la métropole avec leur famille.
«Alarmés par la pression démographique qui changeait le visage de la ville, les élus municipaux montréalais de l’époque ont formulé un règlement qui obligeait les propriétaires à conserver un petit espace vert devant les maisons, pour donner un peu plus d’oxygène aux rues et aux quartiers, résume Pierre Bellerose, vice-président, Relations publiques, accueil, recherche et développement de produit chez Tourisme Montréal dans un article d’abord publié dans le Huffington Post.
C’est cette impulsion réglementaire qui a donné l’idée de déplacer les escaliers donnant accès aux différents appartements de l’intérieur vers l’extérieur. Depuis, l’escalier extérieur se trouve au-dessus des petits espaces verts créés en façade. Ainsi, les propriétaires n’avaient plus besoin de chauffer des espaces communs intérieurs.» Leur construction a été interdite entre 1940 et 1994.
9- Les balcons du quartier servent aussi de «loges»
«Les balcons à balustrades ajourées donnent à voir le spectacle continu d’un quartier grouillant et bien peuplé, souligne la Société d’histoire et de généalogie du Plateau-Mont-Royal. Lorsqu’ils surplombent les grandes artères du Plateau, ils servent de loges privilégiées lors des nombreuses parades qui animent le calendrier politique, militaire, religieux ou associatif.» Ils constituent notamment d’excellents points de vue pour admirer les parades de la Saint-Jean-Baptiste. Certains habitants en font aussi la location, comme lors du Congrès eucharistique en 1910 ou lors de la visite royale de Georges VI en mai 1939.
10- Le parc La Fontaine a déjà accueilli des militaires
Nommé en l’honneur de Louis-Hippolyte La Fontaine en 1901, le parc La Fontaine se trouve sur les terrains de l’ancienne ferme Logan. Le parc a d’ailleurs déjà aussi porté le nom de cette famille, qui a vendu ses terres agricoles au gouvernement fédéral.
Le site a été utilisé pour des exercices militaires de 1845 à 1874. «Dès 1874, la Ville de Montréal en devient locataire mais c’est véritablement en 1888 qu’elle scelle le destin de ses 36 hectares en parc public: le renouvellement de son bail avec le fédéral, pour la modique somme d’un dollar l’an, l’engage à y aménager un parc», peut-on lire sur le site d’Héritage Montréal.
Très populaire, le parc a toujours proposé de nombreuses activités, été comme hiver. Un zoo – le Jardin des merveilles – a même ravi les familles pendant trois décennies. Parmi les célébrités qui s’y sont arrêtées, mentionnons la princesse Margaret en août 1958.
11- Le Mile End est le quartier le plus artistique du Canada
Publié chez Ulysse, le Guide du Montréal créatif souligne que le Mile End est considéré comme le «quartier le plus artistique du Canada». «Au tournant du millénaire, une étude révèle que le Mile End détient à ce moment la plus forte concentration au Canada de personnes travaillant dans la création artistique ou l’artisanat», ont quant à eux écrit les auteurs du Dictionnaire historique du Plateau Mont-Royal, Yves Desjardins, Jean-Claude Robert, Bernard Vallée et Joshua Wolfe.
12- Bagels et smoked meat sont devenus des incontournables
Parmi les lieux où l’on croise un mélange de Montréalais et de touristes, impossible de ne pas évoquer le restaurant Schwartz’s, qui concocte des sandwichs à la viande fumée selon la recette originale de Reuben Schwartz, immigrant juif originaire de Roumanie, depuis 1928.
Les bagels de Fairmount, confectionnés selon la même méthode traditionnelle depuis 1919, ainsi que ceux de Saint-Viateur, depuis 1957, attirent aussi des clients fidèles comme des visiteurs de passage.
De nombreuses célébrités ont aussi été aperçues dans ces lieux, mais l’anecdote la plus savoureuse reste sans doute celle des bagels «voyageurs»: non seulement il est possible d’en commander sur Internet peu importe l’endroit où l’on se trouve au Canada, mais l’astronaute Greg Chamitoff en a même apporté 18 dans l’espace en 2008!
13- Le quartier de Milton-Parc fait partie du Plateau
Délimité par la rue University, le boulevard Saint-Laurent, l’avenue des Pins et la rue Sherbrooke, le secteur Milton-Parc fait maintenant partie de l’arrondissement. Habité dès 1783, le secteur compte de nombreuses maisons victoriennes.
En septembre 2020, le parc Lucia-Kowaluk, nommé à la mémoire de la militante communautaire reconnue pour son engagement dans les causes d’équité sociale et de sauvegarde du patrimoine, a été inauguré entre l’avenue des Pins Ouest et la rue Léo-Pariseau.
14- Le Champ des possibles est un ancien terrain industriel aujourd’hui protégé
Situé dans le Mile End, aux abords de la voie ferrée du Canadien Pacifique, le Champ des possibles a été reconnu en tant qu’espace naturel en 2013 et sert de lieu d’expérimentations novatrices en matière de développement durable. Un plan a été mis en place pour réhabiliter ce terrain contaminé.
15- Il est possible de visiter le Plateau grâce à des balados
À l’été 2020, la Ville de Montréal a lancé des balados permettant de redécouvrir les quartiers de la métropole. Certains épisodes nous présentent différents visages du Plateau, dont le Cœur de la Main, Le Plateau Est de Marie et Être chez soi à Montréal après l’Holocauste.
Sources: Ville de Montréal, Tourisme Montréal, Images Montréal, Dictionnaire historique du Plateau Mont-Royal, la Société d’histoire du Plateau-Mont-Royal, Héritage Montréal, Le Devoir, Journal Métro.