Texte présenté par Place des Arts

Che Malambo : la danse argentine qui conquiert le monde

Quand le chorégraphe Gilles Brinas a découvert le malambo, il est immédiatement tombé en amour. C’est ainsi qu’il a créé Che Malambo contre vents et marées, une troupe qui fait depuis 2007 le tour du monde afin de faire découvrir cette danse traditionnelle d’Amérique du Sud rythmée et sensuelle.



On dit que le malambo a été créé par des esclaves péruviens au 17e siècle avant d’être adopté par les cowboys argentins. Cette danse folklorique traditionnelle qui jumèle claquette et ballet est issue de la tradition des gauchos, soit des gardiens de troupeaux. Voilà pourquoi le malambo est depuis toujours une danse exclusivement masculine où les hommes s’affrontent et se défient en battant la mesure avec de gros tambours, des lassos munis de boules en bois et le bruit de leurs pieds qui frappent sur le sol. Et ce n’est pas tout: pour le rythme, on s’inspire du galop des chevaux, ce qui rappelle le travail de ces paysans d’Amérique du Sud. À cette danse brute, les hommes ajoutent parfois aussi leurs voix dans un chant primitif et senti.

Au fil du temps, le malambo est devenu une danse qui, à travers le combat raffiné des corps masculins qui se mesurent l’un à l’autre, la tête haute et le regard fier, est une célébration du corps en quête de dépassement.

De l’Argentine, le tango est bien connu, mais on dit souvent du malambo qu’elle est la deuxième danse du pays. Et même si elles sont bien différentes, les deux danses sont certainement aussi sensuelles l’une que l’autre. D’ailleurs, de par ce côté sensuel qu’il dégage, le malambo a longtemps été interdit, et ce, encore jusqu’à récemment. En effet, plusieurs qualifiaient d’indécente cette danse qui laisse parler le corps.

Le malambo a aussi longtemps été critiqué parce qu’il était associé aux paysans et jugé comme étant folklorique par les milieux culturels privilégiés de la capitale de l’Argentine, Buenos Aires.

Tomber en amour avec le malambo

Et pourtant, en 1972, quand il a vu un spectacle de malambo pour la première fois, le danseur et chorégraphe français Gilles Brinas est tombé en amour. Des années plus tard, en 2004, il s’est mis en tête de faire découvrir cette danse méconnue et puissante. L’idée était folle et plusieurs ont tenté de le décourager, justement parce que cette danse de paysans était mal vue et était jugée comme inintéressante, mais le chorégraphe a persévéré. À l’époque, étant donné que les danseurs de malambo n’étaient pas nécessairement fiers de leur art trop souvent dénigré, Gilles Brinas a dû travailler fort pour monter sa troupe. Certains des danseurs qu’il a engagés étaient vendeurs ambulants dans la rue et n’auraient pu alors rêver de faire carrière grâce à leur danse.

Pourtant, des années plus tard, le pari est remporté et le spectacle de Che Malambo a réussi à donner à cette danse paysanne un souffle contemporain en célébrant de façon moderne une tradition d’Amérique du Sud. Ainsi, les 14 danseurs de la troupe récoltent aujourd’hui et depuis des années les applaudissements des foules du monde entier. De Paris à New York, de Londres à Berlin, le public peut maintenant découvrir cette danse intense, mystérieuse, précise et sensuelle qu’est le malambo.

Et désormais, cet art autrefois sévèrement jugé séduit même les Argentins, jusque dans la capitale. Comme si ces derniers avaient finalement redécouvert une partie de leur folklore. On pourrait même penser que le malambo suit le même mouvement que le tango, passé des bas-fonds argentins à la reconnaissance de l’UNESCO.

Bonne nouvelle : le 7 février, la troupe argentine est de passage à la Place des Arts de Montréal avec ses tambours, ses lassos et toute son énergie afin de faire découvrir au public québécois toute la puissance du malambo.

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Che Malambo, au milieu de sa tournée mondiale, s’arrêtera à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal le 7 février 2020.