Présence autochtone: une 29e édition audacieuse et inventive
S’il existe des festivals qui présentent souvent la même poutine, année après année, ce n’est certainement pas le cas de Présence autochtone, qui revient à Montréal du 6 au 14 août pour une 29e édition audacieuse et inventive.
J’aurais beau chercher que je ne trouverais pas ailleurs pareil événement qui donne à la fois des ateliers de haka destinés aux femmes – le bien que ça doit faire, de la tête aux pieds, en passant par le cœur! –, qui présente des films foudroyants, comme Nin e tepueian de Santiago Bertolino, consacré à l’artiste innue Natasha Kanapé Fontaine, ou encore qui célèbre la bispiritualité.
Et non, contrairement à ce qu’affirmait une dame entendue la semaine dernière à la radio, être bispirituel ne signifie par faire l’amour avec une personne du même sexe, mais désigne plutôt l’appartenance à un courant spirituel propre aux communautés autochtones. Ne serait-ce que pour «instruire» (et oui, bien sûr, pour divertir aussi), voici la preuve que Présence autochtone se doit d’exister, de redoubler d’ardeur pour mettre de l’avant des événements qui brisent les tabous. Concernant la bispiritualité en question, et qui sera entre autres à l’honneur lors de cette 29e édition, aucun lien avec les esprits, si ce n’est que ces bispirituels possèdent à la fois un esprit masculin et féminin. Cela n’a donc pas de lien avec la sexualité. On y fait d’ailleurs référence dans le «2» du fameux acronyme «LGBTQ2», de plus en plus compris du grand public.
«Les bispirituels existaient déjà avant l’arrivée des coloniaux anglais et français et ce sont des gens qui peuvent avoir un apport féminin et masculin, ils ne sont pas uniquement mâles ou femelles. On ne rejetait pas ces personnes, on leur donnait un autre pouvoir; ils étaient à la fois des aidants à la maison, les hommes pouvaient par exemple accomplir des tâches habituellement réservées aux femmes. Ils pouvaient être chamans, guides historiques, etc. Ils sont présents dans toutes les nations autochtones d’Amérique et sont vus comme des atouts pour la société», raconte Claude Gosselin, directeur général et artistique du Centre international d’art contemporain de Montréal (CIAC MTL), qui présente tout un volet d’activités artistiques liées à la bispiritualité chez les peuples autochtones. Ça se passera du 5 au 21 août, en plus d’être aussi au programme de Fierté Montréal. Vernissages, films, conférences, classes de maître, performances seront à l’honneur.
Nouvelle ère
Si, en 2001, Présence autochtone connaissait un regain de popularité avec les célébrations entourant le tricentenaire de la Grande Paix de Montréal, mise à l’avant-scène cet été-là, c’est ces dernières années, avec entre autres un accès à la Place des festivals, qu’il a pu rejoindre plus de festivaliers que jamais. Quant à «l’affaire Kanata», qui a fait les manchettes et semé la controverse l’été dernier, il semblerait qu’elle a eu au moins l’avantage de donner encore plus de sens à l’existence de Présence autochtone cette année.
«Je ne sais pas jusqu’à quel point ça a eu un impact sur l’engouement qu’on suscite. Une chose est sûre, c’est que du côté autochtone, ça nous a renforcis dans notre détermination de bien expliquer notre situation et d’affirmer avec force notre art et notre créativité», précise pour sa part André Dudemaine, directeur de Terres en vues, l’organisme à la tête de Présence autochtone, qui insiste aussi sur l’espoir que représente la jeunesse.
Parmi les artistes qui rayonneront cette année à Présence autochtone, notons Pierre Kwenders, Florent Vollant, Adrian Stimsn, Meky Ottawa, Julie Obomsawin, Rebacca Belmore, Maya Cousineau Mollen, Mama Mihirangi, Murray Porter, bref, trop de gens dont on ne parle pas assez souvent et dont l’ouverture, la main tendue et la créativité font de nous une nation encore plus riche.
Je craque pour…
Le dernier soir
Cette série documentaire d’enquête en six épisodes est tout simplement époustouflante. Menée par la sensible et brillante journaliste Monic Néron, l’émission québécoise retrace dans les moindres détails, et avec l’espoir d’y donner une nouvelle fin, l’affaire non résolue des meurtres de Diane Déry et de Mario Corbeil, qui avaient 13 et 15 ans au moment de la tragédie. Ça se passait à Longueuil, le 20 mai 1975.
Avec aplomb et lucidité, la journaliste et son équipe de production, notamment la très indispensable Manuelle Légaré, relèvent des éléments de l’enquête trop rapidement survolés à l’époque, voire pas du tout mis de l’avant. Experts en scènes de crime, policiers, journalistes et témoins de l’époque apportent leur contribution à cette démarche, dans l’espoir que la vérité éclate. Les conclusions sont étonnantes, nous donnent envie d’en savoir plus, qu’il y ait une suite et que d’autres affaires non résolues puissent enfin connaître une résolution avant que les témoins s’éteignent avec le temps qui passe.