De Loft Story à De garde 24/7
Vous souvenez-vous de l’émission Loft Story, diffusée il y a quelques années à feu TQS et dans laquelle une gang d’adulescents enfermés dans un loft, filmés en permanence par des caméras, devenaient la proie d’analyses en tous genres? J’ai aussi ce vague souvenir du bain-tourbillon dans lequel je n’aurais pas osé plonger mon gros orteil, même recouvert d’un bas de laine.
Puis, il y a plus de dix ans, naissait aussi, toujours sous le feu des projecteurs, Occupation Double, mettant en vedettes des gars et des filles célibataires, eux aussi adulescents et qui, enfermés dans deux grosses maisons de banlieue, devaient réussir à former un couple. Non, ça ne volait pas beaucoup plus haut, quoique ça a tout de même marqué l’imaginaire collectif, au point que lors de la dernière campagne électorale, certaines ex-participantes sont revenues nous hanter en démontrant leurs lacunes en politique fédérale (j'aurais aimé que le même exercice se fasse du côté des garçons aussi...) en répondant à un questionnaire présenté par Éric Salvail...
Fascination oblige, ces émissions avaient connu des départs canon au début des années 2000, avant de perdre presque toutes leurs petites plumes, et le respect des téléspectateurs toujours en quête de nouveautés. Puis, il y a eu une courte trêve de ces téléréalités, à l’exception de Star Académie, avant l’apparition de Vol 920 sur TVA et de La course Évasion autour du monde à Évasion, des émissions plus intelligentes que les précédentes, présentant, encore une fois, de beaux jeunes dynamiques et qui, il faut l’avouer, en avaient pas mal plus à raconter que leurs prédécesseurs de l’époque des bains à jets d’eau.
Des jeunes qui rockent notre télé
Franchement, il y a eu nette amélioration de la qualité de ces programmes au Québec, une amélioration qui atteint selon moi des sommets avec la présentation ces derniers mois de séries documentaires de type téléréalité (docuréalités) pas piquées des vers, vachement brillantes, à commencer par ce bel ovni intitulé Rock la vie, dans lequel on suit chaque semaine des jeunes de 9 à 12 ans de la région de Québec qui apprennent la musique – et la vie aussi – avec des musiciens professionnels qui ont vu neiger et qui les poussent dans leurs retranchements. C’est franchement bon et sensible.
Comme 21 jours à TV5 aussi, avec les excellents journalistes Myriam Fehmiu, Eza Paventi et Hugo Meunier - de La Presse-, qui s’était fait embaucher chez Walmart pour comprendre leur philosophie d’entreprise (Walmart: journal d’un associé). Dans cette émission aux épisodes aussi disponibles en ligne, ils doivent relever le défi de passer 21 jours dans des contextes immersifs qui leur étaient totalement inconnus au départ. Que ce soit dans la peau d’un itinérant, dans celle d’une aveugle, sur un bateau de pêche ou auprès des patients d’un centre de soins palliatifs, ils ont joué le jeu avec le plus grand sérieux, révélant avec humilité leurs failles et limites. Meunier –qui est un ami personnel– a déjà laissé entrevoir sur Facebook des photos de ses 21 jours dans la saison 2 de la série encore en préparation alors qu’il est allé travailler «à la dure» dans une mine… Il est actuellement dans une garderie à quatre pattes avec des petits. N’ayez crainte, il est lui-même le bon père de deux gamins auquel il tient comme à la prunelle de ses yeux. Serons-nous une fois de plus à même de constater à quel point ceux et celles qui ont entre les mains ce que nous avons de plus précieux au monde, et ce, à longueur de semaine, ne sont encore payés que des pinottes et qu’il serait grand temps que ça change?
En matière de docuréalité, mon cœur penche aussi du côté des médecins de De garde 24/7 à TQC, de passage à Tout le monde en parle à ICI Radio-Canada télé le 1er novembre dernier et qui, comme je le faisais remarquer dans une de mes chroniques, démontrent à quel point, dans notre système de santé bourré de failles, il y a ces perles en sarrau blanc qui font tout ce qu’ils peuvent, et plus encore, pour soigner et sauver, au péril même de leur propre santé. En voilà de la belle et grande télé, de celle qui hérisse le poil des bras et qui réussira peut-être à attirer aussi ceux qui l’avaient délaissée ces dernières années au profit d’Internet et des séries télé de fiction étrangères qui s’y trouvent.
Tout le monde fait tout
J’entends certains déplorer que ces «messieurs-mesdames-tout-le-monde» qui occupent de plus en plus le petit écran de manière formidable (en oubliant d’ailleurs aisément les caméras) enlèvent du travail à de vrais comédiens de métier privés de cases horaires qui auraient pu être destinées à la fiction d’ici. Cet argument est difficilement acceptable dans un monde télévisuel où tous les genres peuvent coexister, où chanteurs, humoristes et comédiens écrivent des romans, font du journalisme, deviennent cuisiniers, entrepreneurs, bref où tout le monde porte dorénavant tous les chapeaux sans qu’on en fasse grand cas, il me semble, même si le résultat n’est pas toujours heureux… Alors que des enfants, des journalistes de profession ou des médecins occupent si bien l’espace médiatique avec intelligence et l’intention noble de faire dresser le poil des bras des gens en présentant un reflet de la société actuelle sans fard aucun, je trouve ça plutôt salutaire. En regard de cette tendance des docuréalités brillants, je trouve que la télé québécoise se porte assez bien, celle qu’on voit, plus que ses coulisses en proie à des coupes sanguinaires. On fait tellement souvent des miracles avec peu. D’ailleurs, en voyant ces émissions réalisées sans grands effets visuels ou de prouesses techniques, on a tôt fait de constater que, quand le contenu part du cœur de ceux qui la font, avec une sincérité désarmante, le résultat s’avère de loin meilleur que bien des projets télé dans lesquels résonnent encore les échos interminables du vide absolu.
Je craque pour…
Les maisons de Fanny Britt, éd. Le cheval d’août
À l’heure qu’il est, ce n’est plus un secret pour personne: ce roman-là est une bombe dont tout le monde va parler longtemps. L’histoire de Tessa, agente immobilière dont l’existence «domestique» est ébranlée à l’apparition d’une ancienne flamme va droit au cœur avec ce bon dosage de douleur et d’humour propre à son auteure. Ouf.
Le jouet brisé, un conte de Noël de Louis Émond et de Jean-Luc Trudel, éd. de La Bagnole
Ouep… Vos enfants viennent à peine de digérer leurs bonbons d’Halloween que déjà vous songez peut-être à préparer vos festivités de Noël. Vous y songez seulement… Accordez-vous une pause en famille avec ce conte grand et beau, tout nouveau, sorti le 4 novembre en librairie et qui donne envie de relever ceux qui tombent. Ah! magie de Noël, quand tu nous tiens, tu nous rends un peu meilleurs. OK. J’arrête. Bonne lecture.