Une seconde vie pour les 333 voitures du métro de Montréal?

Avec l’arrivée des nouvelles voitures Azur, les 333 voitures MR-63 du métro de Montréal seront graduellement mises au rancart après 50 ans d’usage. Avenues s’est demandé comment on pourrait les recycler.



La Société de transport de Montréal (STM) a lancé un appel d’offres la semaine dernière pour trouver une entreprise qui sera responsable de mettre en valeur les voitures. La compagnie choisie devra les transporter, les démanteler et «gérer les matières résiduelles de façon écoresponsable».

En 2016, la STM lancera également un appel de projets pour donner une seconde vie à certaines de ces voitures. Le musée ferroviaire de Saint-Constant a déjà souligné qu’il souhaite en acquérir une. Les possibilités sont nombreuses, et plusieurs solutions à l’échelle internationale pourraient inspirer les futurs acheteurs. En voici quelques-unes.

Un «trésor» au fond des mers

Photo: Stephen Mallon
Photo: Stephen Mallon

Entre 2000 et 2010, New York a recyclé ses voitures de métro désuètes en les balançant au fond de l’Atlantique. Les voitures étaient en fait immergées à 25 mètres de profondeur le long de la côte Est américaine, entre le New Jersey et la Caroline du Sud.

L’idée est venue du fait que 95% des fonds marins à cet endroit sont composés de sable nu, qui n’attire ni poissons ni vie marine. La MTA, la compagnie d’exploitation du métro de New York, a donc décidé de transformer sa flotte en récifs de corail artificiels. L’agence dépouillait les voitures en enlevant moteur, roues, fenêtres, sièges, lumières, système hydraulique et fréon. Puis, les voitures dépouillées étaient lancées par-dessus bord.

Les carcasses rouillées ont d’abord servi de refuge aux crustacés et aux poissons migrateurs. Avec le temps, des hordes d’espèces marines, comme les requins, y ont élu domicile. Les scientifiques ont aussi observé le retour de certaines créatures en voie de disparition. C’est le cas notamment du bar noir.

Plus de 2500 voitures de métro se sont ainsi retrouvées dans l’Atlantique. Cela coûterait deux fois moins cher que de les envoyer à la ferraille. Le photographe Stephen Mallon a passé des années à documenter le processus. Ses photos valent d’ailleurs le détour.

Une résidence pour artistes

Photo: Village Underground
Photo: Village Underground

D’anciennes voitures du «tube» londonien ont trouvé une seconde vie sur les toits de la ville. À Shoreditch, une série de wagons désaffectés ont été convertis en studios pour des artistes locaux. Les quatre voitures ornées de graffitis trônent fièrement sur le dessus d’un entrepôt victorien et font partie du Village Underground, un espace sans but lucratif pour la créativité et la culture au cœur de l’est de Londres.

Plus spacieux qu'ils en ont l'air une fois débarrassés de leurs sièges, ces espaces uniques et rénovés peuvent accueillir jusqu'à 50 artistes, écrivains, designers, réalisateurs et musiciens travaillant côte à côte dans une communauté créative.

Le fondateur du lieu, Auro Foxcroft, a décidé d’utiliser les voitures de métro parce qu'il voulait construire «quelque chose d'aussi durable et respectueux de l'environnement que possible». Tous les studios ont d’ailleurs une empreinte carbone neutre.

Une mini-maison

Signe des temps, à Portland, un ancien wagon de train a été converti en micrologement. S’il ne paie pas de mine à l’extérieur, l’intérieur est étonnamment luxueux.

Construit en 1949, le wagon a des dimensions confortables, puisqu’il mesure 85 pieds de long et 9 pieds et demi de large. L’intérieur a été complètement vidé pour faire place à du mobilier moderne, une cuisine électrique et une toilette munie d'un incinérateur. Le «condo ferroviaire» reste sur des voies ferrées.

Prochaine station: le ciel

La palme du recyclage le plus inusité revient assurément à la Russie, où de vieilles voitures de train sont transformées en lieux de culte orthodoxes. Après le wagon-bar, voici le wagon-église!

La Russie compte un certain nombre d'églises établies dans des wagons de train, utilisés seuls ou réunis pour former un plus grand ensemble. Un phénomène contemporain dont les origines remontent à l’époque de la construction du Transsibérien. Ces églises mobiles s’arrêtaient alors dans des villages isolés dépourvus d’église et un prêtre officiait la messe devant les habitants.

Aujourd’hui, les wagons sont simplement recyclés ou même complètement reconvertis, avec l’ajout d’une nouvelle façade. Le résultat est certainement inhabituel, mais il démontre quand même qu’il n’y a (presque) pas de limites à ce qu’on peut faire avec une voiture de métro retraitée et beaucoup d’imagination.