Alors que la sphère culturelle brille par son absence dans les plateformes électorales de la présente campagne, les principaux partis de la course à la chefferie, à l’invitation de sept grandes associations professionnelles du milieu du livre, le 17 septembre dernier, dans une salle comble de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), quatre candidates ont tour à tour exposé leur vision et leurs engagements pour le milieu du livre.

Vous souvenez-vous de la bourde magistrale de l’ancien ministre libéral de l’Éducation, Yves Bolduc, lorsque dans une entrevue accordée en 2014 au journal Le Devoir il avait laissé entendre qu’il y avait suffisamment de livres dans nos écoles? «Il n’y a pas un enfant qui va mourir de ça et qui va s’empêcher de lire, parce qu’il existe déjà des livres [dans les bibliothèques]», avait-il plus exactement déclaré. Plus de quatre années ont passé et les bibliothèques scolaires des institutions publiques dépérissent comme peau de chagrin.

À Montréal, par exemple, où les roulottes adjacentes aux écoles primaires poussent comme des champignons pour pallier le manque d’espace, les bibliothèques, elles, sont pour la plupart soit absentes, soit multifonctionnelles, comme c’est le cas de celle de l’école primaire que fréquente mon aînée dans Rosemont, qui sert surtout, toute petite soit-elle, de local au service de garde dans lequel les enfants font tout sauf lire…

Le statut de l’artiste

À entendre les candidates, cet état désolant des bibliothèques scolaires pourrait tirer à sa fin. Si les partis se sont tous engagés à investir de ce côté, ils ont aussi, entre autres, parlé de reconsidérer – en le bonifiant – le statut de l’artiste.

La députée et candidate du Parti québécois dans Marie-Victorin – plus jeune femme élue de l’histoire de l’Assemblée nationale et auteure d’un essai intitulé L’audace d’agir –, Catherine Fournier, s’engage à permettre à ces travailleurs autonomes de se doter de régimes de retraites et d’assurances collectives. C’est aussi elle qui a promis d’offrir un passeport culturel d’une valeur de 50$ à chaque élève de la troisième à la cinquième secondaire, et de faire don d’un livre québécois à chaque enfant chaque année, des titres en provenance de librairies indépendantes exclusivement.

Pour sa part, la candidate de Québec solidaire dans Anjou–Louis-Riel, Marie-Josée Forget, une comédienne, musicienne et enseignante, a avoué se sentir concernée par les conditions ardues dans lesquelles doivent naviguer bon nombre d’artistes qu’elle côtoie. En plus des promesses de gratuité scolaire du CPE au doctorat qui font figure de proue dans la plateforme solidaire, elle a parlé de la création d’un poste de commissaire à la lecture et d’ajouter six millions de dollars aux sommes promises dans la politique culturelle dévoilée le 12 juin dernier par les libéraux.

C’est sur cette politique et sur les plus grandes réalisations dans le secteur culturel de son parti que la ministre de la Culture et des Communications, Marie Montpetit, candidate dans la circonscription de Maurice-Richard, a insisté, en plus de parler de renforcement de l’aide financière aux bibliothèques publiques, de soutien aux librairies indépendantes, notamment en région, ainsi que de la valorisation du rôle du libraire et de la révision de la loi sur le livre numérique.

Cinq millions de dollars aux écoles           

Celle qui affronte cette dernière du côté de la Coalition avenir Québec dans Maurice-Richard, Manon Gauthier, ancienne responsable de la culture au comité exécutif de la Ville de Montréal, dont la nomination à titre de PDG de BAnQ avait d’ailleurs été écartée par Montpetit à son entrée au conseil des ministres, a aussi insisté sur la promesse de rattraper le retard qu’accuse le Québec dans le financement des bibliothèques scolaires, en mettant chaque année à la disposition des écoles une somme de cinq millions de dollars, en plus de mettre à jour la loi 51 du livre.

Toutes ont assuré vouloir instaurer rapidement leurs mesures, en plus d’amorcer des discussions avec les intervenants du milieu du livre dès les premiers mois suivants l’élection de leur gouvernement.

Malheureusement, aucune d’entre elles n’en a profité pour révéler au passage ses goûts littéraires, ni sa fierté d’avoir au Québec des écrivaines et écrivains de talent qui s’illustrent aux quatre coins du monde. Dommage, j’étais curieuse, car c’est si révélateur! Dis-moi ce que tu lis, je te dirai si je vote pour toi…

Je craque pour…

The Ballad of the Runaway Girl, nouvel album d’Elisapie.

Elle irradie. Le souffle et la puissance de la voix d’Elisapie, la pertinence de ses textes en français, anglais et inuktitut, tout ce que contient cet album est d’une beauté renversante. C’est surtout ses racines que la chanteuse inuite met à l’avant-plan et la permission de transmettre les émotions de ses aïeux, comme si elles étaient restées trop longtemps enfouies. Mère d’un troisième enfant depuis peu, Elisapie a certainement atteint une maturité hors du commun qui émane de chacune de ces pièces folk.