Statera, La 104e île… et bien plus, à Sorel-Tracy!
À ma courte honte, je dois vous dire que je n’étais jamais allé à Sorel-Tracy de ma vie. C’est Statera, La 104e île, une expérience multimédia immersive, qui m’y a attiré. Mais il n’y a pas que cette attraction qui vaut le déplacement: la ville de Sorel-Tracy, son histoire, sa situation géographique, ses gens, sa proximité… autant de raisons d’en faire sa destination!
Sorel-Tracy célébrait en 2017 son 375e anniversaire. L’événement a été l’occasion d’investissements majeurs sur le site du quai no 2. La ville s’est offert une fenêtre supplémentaire sur le fleuve. Ce nouvel espace, conçu par Architecte Éric Champagne et la firme Lupien + Matteau, prolonge le très beau parc Regard-sur-le-Fleuve et crée un lien avec le Vieux-Sorel.
C’est sur ce vaste terrain récupéré du fédéral que les visiteurs trouveront trois des quatre volets de l’expérience Statera, soit le hangar où est offert le parcours immersif, le dôme qui présente un film thématique à 360 degrés et le quai d’où part une croisière sur le lac Saint-Pierre et ses 103 îles – 103, vraiment? Si on émet un doute, on est mis au défi d’aller les compter nous-même…
Et pour ce qui est de la 104e île, c’est Statera, ce lieu d’équilibre entre l’industrie, toujours présente à Sorel, et la nature abondante et généreuse qui se trouve au milieu du fleuve.
Des expositions fascinantes au Biophare
Avant toute chose, je vous recommande de passer par le Biophare. Il y a là une exposition fascinante qui permet de comprendre l’importance du lieu où vous vous trouvez. À la hauteur de Sorel-Tracy, le fleuve Saint-Laurent devient l’archipel du lac Saint-Pierre, avec ses 30 km de long par 13 de large et une profondeur moyenne de 3 m. Les milieux humides de ce lac fluvial accueillent plus de 250 espèces d’oiseaux et 80 espèces de poissons, et abritent l’une des plus grandes héronnières au Québec. En 2001, l’UNESCO en a fait une réserve mondiale de la biosphère.
Prenez le temps de visiter les deux autres expositions à l’affiche; elles illustrent la richesse du patrimoine culturel et économique de Sorel-Tracy. Pendre le large raconte la formidable contribution des frères Simard au développement de la ville. Leurs entreprises, notamment Marine Industries, ont fait travailler des milliers de personnes et rayonner la ville à travers le monde. Plusieurs navires de guerre ont été construits dans les chantiers navals de Sorel durant les années 1940. Des bateaux de croisière aussi, ces fameux bateaux blancs de la Canada Steamship Lines qui sillonnaient le fleuve, le Richelieu et le Saguenay. Ce que je ne savais pas, c’est qu’avant de décliner, les usines de Sorel ont connu un sursaut grâce à la fabrication de wagons-citernes.
L’autre exposition à voir au Biophare s’intéresse au personnage le plus célèbre de la région, Le Survenant, créé par l’auteure Germaine Guévremont. Son roman campé dans les îles de Sorel est paru en 1945. Il a été couronné de prix avant de devenir une série télévisée à Radio-Canada, série largement suivie par le public, ce qui a alors valu une grande notoriété à la région. Dans un document d’archives, on voit Jean Coutu (l’acteur qui a créé le personnage du Survenant) dans son canot, vêtu de son manteau de cuir à franges, ramer à travers les îles. Une image mythique de l’histoire de Sorel.
Riche de toutes ces évocations et informations, vous n’en apprécierez que davantage la croisière Statera.
La croisière Statera
Ce périple sur un bateau à deux-ponts dure trois heures. On navigue sur des chenaux qui ont parfois des airs de bayous. On se faufile entre des îles aux noms évocateurs: l’île aux Fantômes, aux Raisins, d’Embarras, aux Sables… La guide nous renseigne sur la variété des espèces qu’on y trouve.
Malheureusement, aucun héron en vue alors qu’on peut compter jusqu’à 5000 nids dans le secteur! On se contente donc d’envoyer la main aux quelques villégiateurs assis sur les galeries de leurs chalets sur pilotis.
Le Biophare offre aussi une croisière sur le lac Saint-Pierre à bord d’une embarcation pouvant accueillir un maximum de 12 personnes. La petite dimension du bateau permet d’explorer des chenaux plus étroits et davantage fréquentés par la faune locale.
Bon, tout ça est plutôt traditionnel, mais a amplement fait mon bonheur. Il reste qu’on est en 2018 et que, pour attirer les familles, il faut une offre qui soit plus techno, plus interactive. C’est pourquoi le RIRERST (Regroupement indépendant pour la relance économique de la région de Sorel-Tracy) a mandaté la firme XYZ Technologie Culturelle et le studio de création multidisciplinaire Cadabra pour créer une expérience au goût du jour.
Le parcours Les îles la nuit consiste à explorer la faune, la flore et les légendes des îles de Sorel, mais dans un univers clos qui met en valeur les quatre éléments: la terre, l’air, l’eau et le feu. Le visiteur est doté d’une lanterne qui lui permet d’activer des bornes interactives et de progresser dans la mission qu’il s’est vu confier de retrouver un personnage fantôme. Le parcours dure près d’une heure. Les enfants aimeront chercher les bibittes qui permettent d’emmagasiner de l’énergie, créer le feu en frottant un bâton de bois ou sentir l’effet procuré par un poisson qui mord au bout de la ligne à pêche. L’expérience est un parfait complément à toutes les informations glanées pendant la visite du Biophare et la croisière.
La nuit tombée, le visiteur a rendez-vous sous le dôme pour la projection à 360 degrés du film Statera – Le fleuve qui marche. On nous promet une fresque narrative célébrant les différents chapitres de la riche histoire de Sorel-Tracy et l’illustration de la dualité entre la richesse naturelle et l’importance industrielle de l’endroit. Malheureusement, le film ne tient pas ses promesses et s’avère plutôt ennuyant. Dommage qu’on n’ait pas su faire mieux avec une technologie aussi intéressante (huit projecteurs de 14 000 lumens) et dans un cadre aussi prometteur.
Autre bémol, la grille tarifaire qui a été établie pour avoir accès au parcours interactif, au film sous le dôme et à la croisière en bateau est dure sur le portefeuille, même si elle inclut plusieurs rabais dans les commerces locaux.
Les autres atouts de Sorel-Tracy
Statera n’est pas le seul atout de Sorel-Tracy. On peut y prolonger son séjour pour faire de belles randonnées en vélo. Il y en a pour tous les types de cyclistes. La piste La Sauvagine, facile et pas trop longue, promet une belle excursion en famille. On peut la prendre à partir de la Maison des gouverneurs, qui est aussi le bureau d’information touristique de la région. En passant, c’est dans cette maison que, le 25 décembre 1781, un sapin a été illuminé pour la première fois au Canada.
Les amateurs de photos ne voudront pas manquer deux expositions extérieures gratuites présentées à Sorel-Tracy. À la Maison du gouverneur, on présente Souvenirs 67, de très intéressantes photos des pavillons de l’Exposition universelle de Montréal. Le travail du photographe Laurent Dubé offre une perspective différente d’un sujet pourtant vu et revu.
Au parc Regard-sur-le-Fleuve, on peut voir différents lieux de Sorel-Tracy photographiés de nuit par les membres du Club photo Sorel-Tracy.
Finalement, pour ajouter un peu d’exotisme à votre séjour, je vous suggère d’arriver ou de quitter Sorel-Tracy par le traversier. La traversée vers Saint-Ignace-de-Loyola prend une vingtaine de minutes, juste assez pour donner le goût du large. À compter de l’an prochain, ce sera encore mieux, car Sorel-Tracy sera dotée d’une toute nouvelle gare fluviale dont l’architecture misant sur le bois et une grande fenestration enrichira l’environnement du quai no 2.