Festival Mural: de l’art urbain mur à mur
Montréal est une ville de festivals. Il y a des incontournables et, en six ans, le Festival Mural en est devenu un. Cet événement d’art urbain transforme la ville comme pas un et de manière durable. Cette année, une vingtaine de nouvelles murales seront créées, portant à 80 le nombre d’œuvres permanentes. Vous avez jusqu’au 17 juin pour voir les muralistes à l’œuvre.
Cette année, le grand mur situé près de la permanence du Festival Mural, boulevard Saint-Laurent (entre Sherbrooke et Prince Arthur), a été attribué à Michael Reeder, un Texan de 36 ans dont les personnages aux yeux qui fument sont reconnaissables entre tous.
Vis-à-vis, l’artiste espagnol Demsky joue avec les couleurs, les formes et les perspectives. Les styles diffèrent vraiment d’un mur à l’autre.
De nouveaux murs s’ajoutent cette année. L’Américain Tristan Eaton a obtenu l’autorisation de réaliser son œuvre sur le mur arrière de la librairie Renaud-Bray, angle Drolet et Marie-Anne. L’artiste, qui en est à sa première participation au festival montréalais, souhaitait faire une murale qui reste. Il faut savoir que sur certains murs les fresques changent tous les deux ans. Au moment de mon passage, Tristan Eaton s’affairait à régler les détails de son prochain contrat dans le quartier Soho à New York. Eaton n’est pas connu seulement dans le milieu du street art. Il s’est fait un nom dans le monde du graphisme. Il a notamment dessiné des jouets pour Fisher-Price et fait des pubs pour Hasbro, Pepsi, Nike et Barack Obama.
Il y a des femmes chez les muralistes. La Québécoise Cyrielle Tremblay, diplômée universitaire en graphisme, a tellement à cœur l’art public qu’elle s’est installée au Mexique, le pays de Frida Kahlo, reconnu pour sa longue tradition de muralisme.
Sandra Chevrier en est à sa première participation à Mural. Les femmes et la bande dessinée sont omniprésentes dans son travail. Samedi, lors de la finale du festival, une projection animera sa murale.
L'installation de Kate Raudenbush au parc du Portugal. Photo: Claude DeschênesSur votre parcours, le parc du Portugal, devant la maison de Leonard Cohen, est le lieu où vous pouvez reprendre vos esprits. Cet îlot de fraîcheur et de calme accueille une installation de Kate Raudenbush. Les organisateurs de Mural l’ont invitée lorsqu’ils ont vu son travail au festival Burning Man, un événement gigantesque alliant expression artistique et croissance personnelle qui se tient annuellement dans le désert du Nevada. L’œuvre qu’elle a créée pour Montréal s’appelle Art Blast, et elle représente un jet de peinture sortant d’une bombe aérosol.
L’an dernier, le Festival Mural avait pris de vitesse l’organisme MU en réalisant une murale en hommage à Leonard Cohen. L’immense portrait du poète montréalais, signé Kevin Ledo, est toujours là, angle Napoléon et Saint-Dominique.
De sa propre initiative, le propriétaire du cinéma L’Amour a décidé de prendre part au Festival Mural. Il a demandé à El Sol 25 de peindre son rideau de fer. Le lettrage est à la base du travail de ce muraliste vivant à Brooklyn, mais si on se fie à son site internet, les fesses et les seins peuvent aussi lui servir de canevas.
L’art mural gagne maintenant les stationnements souterrains. Lune Rouge, la nouvelle compagnie de Guy Laliberté qui loge dans l’ancienne Maison Alcan, rue Sherbrooke, a fait appel au duo américain Cyrcle pour qu’il fasse du parking de ses employés un lieu inspirant. Le week-end dernier, dans le cadre de Mural, on pouvait visiter les deux étages du stationnement alors qu’il n’y avait pas d’autos. Cool!
Le Festival Mural se tient principalement sur le boulevard Saint-Laurent, qui est fermé entre Sherbrooke et Mont-Royal. Des visites guidées sont offertes au coût de 20$. Et la beauté de cet événement, c’est qu’il est toujours temps de se reprendre, car les murales sont là pour l’année à venir.