Ce sont les JO qui donnent les meilleurs spectacles
En plus de me faire rater mes «beaux programmes» à ICI Radio-Canada, les Olympiques m’ont toujours lassée. Je m’ennuie aussi des commentaires de Richard Garneau, qui s’est éteint en 2013. Or, ces Jeux-là de PyeongChang, je ne sais pas quelle mouche m’a piquée – peut-être l’aiguille du vaccin antigrippal qui «donne» des grippes cet hiver –, mais ma foi, ils sont plus excitants que bien des séries télé, en plus d’offrir des spectacles épatants aux téléspectateur.i.c.e.s. Je me pince en écrivant ces mots… OK, non, je vais bien, très bien même, excitée par ces JO 2018.
D’abord, que de rebondissements dignes de la saison 35 de Grey’s Anatomy avec cette épidémie de gastro-entérite causée par le norovirus qui se propage vite comme un Charles Hamelin en patinage de vitesse sur le site des Olympiques! Plus de 300 cas ont été dénombrés, y compris quelques athlètes, sans compter ceux qui garderont le silence et qui prendront leur mal en patience… Les joueurs de hockey n’ont même plus le droit de se serrer la pince comme le veut la tradition.
Sharp en hommage à Burke
Parmi les moments très touchants, notons les mots de la Canadienne Cassie Sharp qui, le 21 février, au lendemain de sa conquête de l’or en ski acrobatique, a rendu hommage à Sarah Burke, morte en 2012 à 29 ans après s’être heurté la tête sur la piste à Park City dans l’Utah. Elle en a aussi profité pour rappeler à quel point Burke en avait fait beaucoup pour que les femmes puissent jouir des mêmes droits que les hommes dans sa discipline.
Permettez-moi d’être un peu chauvine de mes racines, mais la veille, le 20 février, la magie a opéré lors de la descente en ski alpin de l’Italienne Sofia Goggia, qui a dévalé la piste avec un entrain foudroyant, dérobant la médaille d’or à l’Américaine Lindsay Vonn, qui la convoitait, grâce à un temps imbattable de 1:39,22. Celle qui est surnommée cavallo mato (cheval fou) par son entourage à cause de sa fougue extrême devient ainsi la première Italienne à remporter l’or olympique en descente. Elle m’a rappelé la force brute de l’extravagant Alberto Tomba, que je ne me lassais jamais de regarder et dont l’idylle avec la patineuse allemande Katarina Witt avait fait jaser aux Jeux de Calgary en 1988. Vous souvenez-vous de la rivalité sur glace de cette dernière avec l’Américaine Debi Thomas, qui est devenue médecin spécialiste à sa retraite du patinage artistique et qui a été obligée de vivre, il y a quelques années, dans une maison mobile après avoir perdu son cabinet médical, lavée par un divorce?
S’il n’y avait pas toutes ces petites histoires parallèles, les JO seraient-ils captivants? Absolument pas. Vivement donc les journalistes sur le terrain qui les racontent. Pour en revenir à la Katarina Witt, en 1988, elle avait d’ailleurs soulevé la controverse avec sa jupette jugée trop courte et trop sexy… Depuis, les tenues doivent répondre à une réglementation stricte édictée par la Fédération internationale de patinage (ISU). Et qui dit tenue dit «costume-gate» lorsque la pauvre patineuse française Gabriella Papadakis a vu son costume se défaire lors du programme court en danse sur glace avec son partenaire Guillaume Cizeron. Les messieurs n’ont jamais de tels soucis, bien sûr.
Virtue et Moir, les fabuleux
Toujours en danse sur glace, plusieurs ont salué la performance parfaite des Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir, qui ont été si époustouflants que leur pointage leur a valu un record du monde dans un programme libre. C’était, à mon humble avis, la plus spectaculaire performance de PyeongChang jusqu’à maintenant. Le charisme de ces êtres, qui patinent en duo depuis qu’ils sont tout jeunes, est incontesté, leur donnant l’allure de stars qu’on ne peut cesser d’observer, et dont on décrypte les moindres mouvements. Pour pimenter le tout, l’impartialité de la juge canadienne a été remise en doute après leur réussite puisque celle qui est aussi présidente de Patinage Canada a été la seule du jury à n’accorder aucune note parfaite aux Français du «costume-gate». Et puisque «toute est dans toute», les deux couples se partagent les mêmes entraîneurs, Marie-France Dubreuil et Patrice Lauzon!
Et ce n’est pas fini, les JO se poursuivent jusqu’à la cérémonie de clôture du 25 février, où – tadam! – Ivanka Trump, fille et conseillère du président américain Donald Trump, sera présente en tant que membre de la délégation de l’équipe américaine. Quand je vous dis que ces Olympiques ne sont pas plates… Et c’est sans compter les jeux de coulisses et de stratégies de l’entourage de Kim Jong-un de la Corée du Nord. Mieux que House of Cards, ma foi!
Je craque pour… Fugitive parce que reine de Violaine Huisman (Gallimard)
Par les temps qui courent, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de romans ou de récits qui traitent de la mère: la bonne, l’imparfaite, la malade, l’amoureuse, la violente… la «suffisamment bonne», comme le disait le célèbre pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott. Parmi ces ouvrages, Fugitive parce que reine, roman autobiographique, un premier de la Française Violaine Huisman, se démarque du lot par sa manière d’osciller entre ombre et lumière à travers le vécu relaté de celle – la merveilleuse – qui roulait en voiture comme une folle furieuse dans tout Paris, qui passait d’un état d’excès à un autre de mutisme et qui devait être hospitalisée de force pour des raisons de santé mentale. Une écriture juste et forte qui débute avec la chute du mur de Berlin… Ô la belle image symbolique! À lire si vous aimez vous faire raconter ce genre d’histoire.