Voyages transformationnels, la prochaine tendance?
Depuis quelques années, l’industrie touristique mise sur le désir des voyageurs de vivre des expériences. On ne veut plus collectionner les beaux paysages, mais les «moments». Apprendre à cuisiner un mets typique, dormir dans un lieu inusité, faire quelques pas de danse avec une troupe locale… Surtout, on ne veut pas faire comme… «les touristes»!
En visionnant une vidéo d’ID-Tourism, qui propose des réflexions sur le monde du voyage, voilà que je découvre que les expériences ne suffisent plus. On cherche maintenant à vivre une aventure qui aura un impact majeur sur la suite des choses. Cette prochaine vague a un nom: le voyage transformationnel.
C’est un article paru dans le magazine Vogue, intitulé «Why transformative travel will be the travel trend of 2017», qui a donné envie au directeur d’ID-Tourism, Guillaume Cromer, de décortiquer la tendance. «On pense, pour notre part, que c’est quelque chose qui va se développer», soutient-il.
C’est quoi?
Selon la journaliste Michaela Trimble, de Vogue, plusieurs éléments du voyage transformationnel s’apparentent au tourisme expérientiel, mais on amène le concept une coche plus loin. «C’est un voyage motivé et défini par un changement de perspective; on y recherche un reflet de soi, un développement positif et une communion plus profonde avec la nature et la culture», explique-t-elle. Elle fait même mention dans l’article d’une association fondée dans le but d’aider les voyageurs à transformer leur vie par le voyage.
«En gros, on dit que le voyage est un outil pour se transformer intérieurement», résume Guillaume Cromer. Pas étonnant que les retraites de yoga et autres expériences axées sur le bien-être aient la cote depuis quelques années!
Parmi les exemples mentionnés par l’expert se trouvent les voyages détox, afin d’apprendre à se déconnecter, le tourisme solidaire, qui privilégie une vraie rencontre avec les populations locales et permet de porter un nouveau regard sur le monde, ainsi que les stages de survie, pour se mettre en situations extrêmes.
Et alors?
Je ne peux m’empêcher d’afficher un certain scepticisme quand j’entends parler de ce genre de tendance qui rassemble des éléments déjà bien présents dans le monde du tourisme, en les coiffant d’un joli titre pompeux. Vendre une expérience est une chose, mais une «transformation»?
L’image qui me vient tout de suite à l’esprit est celle des marques qui demandent aux agences de marketing de produire des vidéos virales. On peut réunir les conditions pour qu’elles le deviennent, mais personne ne peut en garantir le résultat. Le contraire relèverait du charlatanisme.
De la même manière, on peut proposer aux voyageurs d’aller se ressourcer sur une île déserte en mode «survie» ou d’aller méditer au sommet des plus hautes montagnes du monde, mais leur vendre l’idée qu’ils en reviendront forcément transformés? J’y vois là une prétention sans bornes.
Personnellement, les voyages qui ont eu le plus d’impact sur le cours de ma vie n’ont pas toujours été ceux que j’ai faits dans ce but. Car, au final, le vrai changement part d’abord de soi. De l’état d’esprit et de l’ouverture dont on fait preuve. Le contexte peut servir de catalyseur, mais pas forcément aux endroits où on l’aurait imaginé. N’est-ce pas là l’essence même du voyage, d’ailleurs?