Hôtels verts: où en sommes-nous?
On ne peut plus ignorer l’impact environnemental de nos déplacements. À l’hôtel, plus personne ne s’étonne de voir la petite carte mentionnant que seules les serviettes laissées sur le sol seront changées par le personnel.
En 2017, ce sont plutôt les établissements qui continuent d’agir comme s’il n’y avait pas de lendemain qui semblent marginaux. Simple question de marketing ou réelle préoccupation? Sans doute un peu des deux. N’empêche, le résultat est le même: les questions environnementales ne sont plus balayées sous le tapis – si joli soit-il – et c’est tant mieux!
Au Canada, le Groupe Germain fait figure de pionnier dans ce domaine. L’hôtel Alt du Quartier Dix30 a été l’un des premiers au pays à utiliser la géothermie en 2007, à l’époque où l’on commençait à entendre davantage parler d’établissements écoresponsables. «Depuis, toutes nos nouvelles constructions utilisent la géothermie, confirme Julie Tremblay, gestionnaire, relations publiques pour le Groupe Germain. Dans certaines propriétés, on récupère même la chaleur des sécheuses pour chauffer l’édifice. Nous avons aussi fait figure de pionnier au Canada en offrant des bornes de recharge pour les voitures électriques Tesla, en 2014. Toutes nos propriétés ont maintenant des bornes de recharge (Tesla et universelles). Nos hôtels ont aussi des toits blancs et appliquent d’autres mesures encore visant à améliorer l’efficacité énergétique.»
L’hôtel Chicoutimi, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, a effectué très tôt le virage vert, comme l’a rapporté Emilie Laperrière dans La Presse. En 2006, le propriétaire a embauché un écoconseiller à temps plein. Plusieurs initiatives ont été mises en place; ainsi, toutes les fenêtres, 70% des équipements sanitaires et 60% des ampoules ont été changés. «De plus, 80% des achats sont faits localement, rapporte la journaliste. Et les événements sont désormais certifiés zéro déchet, zéro carbone.»
Vague de fond
En 2015, le Holiday Inn Express & Suites de Saint-Hyacinthe a été le premier hôtel québécois à obtenir la certification LEED. L’établissement a également décroché les «Cinq Clés vertes» de l’Association des hôtels du Canada (AHC), soit le nombre maximal. Les clés sont attribuées après une évaluation environnementale approfondie. Parmi les innovations, mentionnons le système intelligent permettant d’ajuster la température de la pièce selon qu’elle est occupée ou pas. «Les chambres sont quasi hypoallergènes, rapportait Le Devoir peu après l’ouverture. En plus de ne comporter aucun tapis, elles sont toutes munies d’un échangeur d’air HÉPA, un filtre puissant qui enlève la poussière circulant dans l’air. La majorité du mobilier a par ailleurs été fabriqué à Saint-Hyacinthe.»
À Québec, le Château Frontenac est certifié Quatre Clés vertes et RéserVert, qui encouragent les efforts des hôteliers en matière de développement durable, tout comme l’Hôtel Château Laurier Québec.
Du côté de Montréal, le Ritz-Carlton met de l’avant son adhésion à Green Hotels Global, système qui propose des informations concrètes et des statistiques sur l’empreinte environnementale des hôtels.
Il ne s’agit pas d’un hôtel, mais même la Sépaq vient d’annoncer que le nouveau centre de découverte du Parc national des Îles-de-Boucherville est axé sur le développement durable! Le déboisement du site a été limité et le bâtiment de conception bioclimatique minimise la pollution lumineuse, en plus de tirer profit des atouts naturels du site.
Ailleurs dans le monde
La plupart des grandes chaînes affichent désormais clairement leur couleur… verte. J’ai eu l’occasion de constater les efforts mis un peu partout ces dernières années. Au Mosai House, à Prague, je me souviens avoir été impressionnée de découvrir que même la température des dortoirs s’ajustait selon qu’il y avait des occupants ou non.
Quand je cherchais un hôtel à Paris, il y a quelques semaines, j’ai été tentée par le Solar, chaudement recommandé par Guillaume Cromer d’ID-tourisme, cabinet de conseil en tourisme durable. L’établissement se définit comme un «hôtel économique et écologique». J’ai finalement testé le FIAP Jean Monnet*, qui fait partie du réseau Éthic Étapes, pour qui l’environnement est également important.
La copine Jenny du blogue JDroadtrip a, de son côté, eu l’occasion de résider au Nomad Hotel, à Paris, où tout est modulable et écoresponsable. «La production d’eau chaude provient des panneaux solaires sur le toit, écrit-elle. Les produits proposés pour vous laver sont écolos et vous pouvez également faire le tri sélectif en chambre. L’eau des toilettes est de l’eau de pluie. Les moquettes dans les parties communes sont faites à partir de filets de pêche recyclés, tout le bois est issu de forêts gérées durablement, les draps et les serviettes sont issus de la filière de recyclage de bouteilles plastiques.»
Bien sûr, rien n’est parfait. Mais, au cours de la dernière décennie, avouez qu’on a quand même fait un sacré bout de chemin!
*J’étais l’invitée d’Éthic Étapes.