Oslo en route vers une ville sans voitures
En 2015, la ville d’Oslo s’est donné l’ambitieux objectif de bannir les voitures du centre d’ici 2019. À deux ans de l’échéancier, coup d’œil sur les avancées de la «ville du tigre» pour rendre l’automobile superflue.
Vu de Montréal, où la journée En ville sans ma voiture (qui consistait à fermer quelques rues du centre-ville aux automobilistes) a été abandonnée, le projet d’Oslo peut paraître utopique. Pour mieux comprendre les motivations de la ville, un petit retour en arrière est nécessaire.
L’administration élue en septembre 2015 et menée par des partis de gauche a rapidement décidé de réduire de 50% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 et de 95% d’ici 2030. Aux grands maux, les grands moyens: elle a annoncé du même coup la mise en place de plusieurs mesures draconiennes pour changer les mentalités et la municipalité.
Présenté en janvier 2016 à l’occasion de la conférence «Oslo sans voitures, utopie ou réalité?», le projet prévoit la restructuration de 730 000 m2 d’espace urbain, incluant des habitations, des commerces, des bureaux, des monuments historiques, mais également des stations de transports en commun. Constructeurs immobiliers, urbanistes et développeurs d’infrastructures de transport travaillent de concert à sa réalisation.
Les piétons seront rois
Pour parvenir à ses fins, Oslo mise d’abord sur un centre-ville conçu pour les piétons. La municipalité met les bouchées doubles pour éliminer le stationnement sur rue. D’ici la fin de l’année, celui-ci devrait être une espèce disparue. Il fera place à des trottoirs animés, des places publiques et des pistes cyclables.
Clarence Eckerson de Streetfilms s’est rendu à Oslo à l’automne 2016 pour constater les progrès (ou leur absence). Dans son court documentaire, on peut voir que la transformation est sur la bonne voie. Les stationnements deviennent sous nos yeux des boulevards multimodaux. Comme certains commerces comptent encore sur une livraison terrestre, le quartier leur sera malgré tout accessible.
En entrevue avec Curbed, le réalisateur avance que c’est la mesure qui pourrait le plus facilement se traduire dans les villes américaines. «Plus de stationnements signifient toujours plus de voitures, explique-t-il. Nous devons arrêter d’en construire partout, arrêter d’en exiger dans les nouvelles constructions et commencer à enlever le stationnement sur rue dans les centres urbains congestionnés.»
Plus de pistes cyclables
Contrairement à d’autres capitales scandinaves (Copenhague, on parle de toi), Oslo n’est pas reconnue comme la Mecque du vélo. Les choses pourraient néanmoins changer avec l’ajout de 60 kilomètres de pistes cyclables d’ici 2019. Pas moins d’un milliard d’euros sera investi dans ces infrastructures à travers la Norvège. Les voies réservées aux voitures se rétrécissent petit à petit pour cohabiter avec les vélos. Même si le climat est loin d’être tropical, la ville rapporte déjà une légère augmentation du cyclisme d’hiver.
Le système de vélos en libre-service Oslo Bysykkel a également été revampé. On compte désormais plus de stations dans la ville et les bicyclettes sont plus légères. Résultat: le service a été utilisé plus d’un million de fois au cours des quatre premiers mois.
De meilleurs transports en commun
Oslo est l’une des villes d’Europe qui se développent le plus rapidement. L’administration municipale a demandé à Ruter, l’agence qui gère les trains, les tramways, les autobus et les traversiers d’Oslo, d’absorber la quasi-totalité des déplacements des nouveaux citoyens.
Pour y arriver, la société construit présentement de nouvelles lignes de tramway et d’autobus. Les anciens systèmes ont également été améliorés afin d’être plus efficaces. Les autobus à quatre portes simplifient par exemple les arrêts, qui deviennent ainsi plus rapides. La gare d’Oslo comprendra de son côté un nouveau terminal qui facilitera l’acheminement des voyageurs vers leurs destinations.
Le projet de la ville demeure un tour de force. En voulant bannir les voitures en quatre ans, les élus voyaient peut-être trop grand. N’empêche qu’Oslo n’est pas seule dans cette croisade. Paris, Madrid et d’autres villes du monde s’efforcent de réduire la place de choix qu’occupait jusqu’ici l’automobile. Des initiatives dont les villes du Québec, qui ne sont pas à l’abri de la pollution et des gaz à effets de serre, pourraient certainement s’inspirer.