Récit d’une semaine de ski alpin en Haute-Savoie

Notre journaliste et chroniqueuse plein air Anne Pélouas revient tout juste d'un séjour de ski alpin en Haute-Savoie. Récit d'une fabuleuse aventure.

Les Alpes françaises ne sont pas à notre porte mais la neige y est presque garantie pour le ski alpin, particulièrement en Haute-Savoie, avec la chaîne du Mont-Blanc pour décor féérique. Jusqu’à la mi-avril, dans la région de Saint-Gervais-les-Bains, on a même droit à un deux pour un original avec réveil et après-ski printaniers dans une petite auberge de la vallée, entrecoupés d’une grande journée pour batifoler dans la neige.

Début mars, crocus et primevères sortent de terre aux alentours des 800 mètres. Même les lilas bourgeonnent! Vous aimez le golf? Les vallées de la Haute-Savoie offrent cette chance incroyable de pouvoir skier le matin, puis de prendre la route d’un club de golf en après-midi.

Moi, je suis encore en manque de belle neige chaque hiver au Québec, quand le printemps se pointe à l’horizon. Cette année, avec ce terrible mois de février qui nous a vus passer de belles tempêtes de neige à de ravageurs épisodes de pluie verglaçante, ma frustration était à son comble. Ski alpin, ski de fond, raquettes… ce ne fut pas la panacée mais j’avais prévu ce voyage en Haute-Savoie et il fut largement à la hauteur de mes attentes.

Ici comme ailleurs, les changements climatiques dérèglent complètement le système météorologique, mais le pire se concentre dans les vallées et le meilleur au-dessus de 1500 mètres. D’où l’intérêt de prendre chaque jour de l’altitude.

Une première journée idyllique

Après un vol Montréal-Paris, puis un train Roissy-Saint-Gervais-les-Bains, on prend ça cool le dimanche. Le temps est magnifique et la semaine s’annonce maussade. Pas question de traîner à l’auberge du village. Direction Rochebrune, au-dessus de Megève, qui figure parmi les quatre stations du domaine skiable Évasion Mont-Blanc.

L’une des particularités des stations françaises est qu’on peut y pratiquer le ski alpin mais aussi la raquette et la marche sur neige. Même en altitude, de larges sentiers damés sont réservés aux marcheurs, qui sont aussi admis en bordure de nombreuses pistes de ski alpin. Nous voici donc à pied, sous un soleil éclatant, dans le cadre idyllique du site nordique La Livraz, surplombant Megève: Mont-Joux à gauche, Mont-Joly en face, Côte 2000 à droite, un cirque de montagnes enneigées culminant à plus de 2000 mètres d’altitude! Au retour de cette marche santé, à 500 mètres plus bas, c’est la chaîne du Mont-Blanc qui nous éclabousse de sa beauté hivernale.

Cocktail météo

Le lendemain, changement radical de décor: il pleut au village et le paysage est masqué par un épais brouillard. La météo annonce la queue de la tempête Zeus, mais aussi de la neige au-dessus de 1500 mètres. Dès 10 heures, me voilà sur les pistes de Saint-Gervais. Au Mont-Joux, à 1958 mètres, le vent est fort et la visibilité quasi nulle. Pas question d’aller plus haut. Même si on voit à peine ses skis en descente, la glisse est très bonne. Pourquoi se priver de dévaler gentiment quelques belles pistes? À 15 heures, les cuisses et les genoux en ont tout de même assez. Au Bettex, en haut des télécabines, un joli arc-en-ciel se pointe le bout du nez entre deux petites averses de pluie.

Mardi, le scénario est différent. Il est tombé plus de 30 centimètres de neige dans la vallée; la visibilité est nulle mais notre ténacité sera dignement récompensée. Sur les mêmes pistes de Saint-Gervais, la poudreuse est reine. Le ski moelleux n’est pas pour me déplaire et tant pis pour la vue!

Mercredi

Le temps est toujours gris et un épais brouillard s’étend de la vallée aux sommets. On y va quand même… l’espoir fait vivre! Au Bettex, surprise: le Mont-Joly est dégagé, tout comme la piste reine des lieux, la Grande Épaule. Celle-ci est suivie de la Petite Épaule, une ligne de crêtes en pente relativement douce. Bien damée sur neige fraîche, cette piste rouge sera le clou de la journée. Elle offre une vue remarquable sur la chaîne du Mont-Blanc, même sans soleil.

Jeudi

Le temps est toujours bouché et il n’y a plus de neige dans la vallée. À 9h15, nous voilà à bord du tramway du Mont-Blanc. Le petit train à crémaillère se nomme Anne… Il grimpe à pas de tortue à flanc de montagne, carrément sous le Mont-Blanc, jusqu’au col de Voza. À 1650 mètres, la neige est bien au rendez-vous. Les pistes serpentent entre les arbres d’un haut plateau, puis dévalent sur les deux versants de Saint-Gervais et des Houches. Largement de quoi s’amuser en ski! Avec, en prime, l’Aiguille du Midi qui se dégagera complètement juste avant de reprendre le train du retour.

Vendredi

Dernier jour de ski. De la fenêtre de ma chambre, l’Aiguille Croche se découpe sur un ciel bleu acier. En route pour la station Les Contamines, au fond de la vallée du Bon Nant. Les magnifiques Aiguille de Roselette et Aiguille Croche, reliées par le Col du Joly, la surplombent. Entre elles s’étend un immense champ de neige avec 1000 mètres de dénivelé et des dizaines de pistes. Sans compter le versant Haute-Luce pour varier les plaisirs de la glisse. Crème solaire 60 exigée, tant pour skier que pour prendre un dernier bain de soleil, dans une chaise longue, en dégustant une bière du Mont-Blanc tout en admirant ce paysage de hautes montagnes uniques au monde!

Infos pratique

• Vols directs Montréal-Lyon (Air Canada ou Air France) et Montréal-Genève (Air France), mais nettement plus chers que les vols d’Air Transat pour Paris en cette période.
• Transports en commun: de Lyon, train pour Saint-Gervais-les-Bains et, de Genève, en bus. Sur place, des navettes gratuites en minibus relient les villages de la vallée aux départs des téléfériques du domaine skiable Évasion-Mont-Blanc.
• Forfait ski: accès à quatre stations reliées par des pistes, télécabines ou télésièges. Celui des Houches comprend le trajet en tramway du Mont-Blanc.