La Grande Traversée du Saint-Laurent
En «croisière» de ski de fond et raquette
La Grande Traversée du Saint-Laurent a emmené fin janvier 250 fous de ski de fond et de raquette de Gaspé à Montréal. Unique en son genre, l’évènement célébrait à sa manière le 375e anniversaire de Montréal. Récit de cette aventure, aussi sportive qu’humaine.
Ces Gaspésiens amoureux de l’hiver et de «la vie qui nous unit» (selon la belle formule de Claudine Roy, fondatrice de la Traversée de la Gaspésie (TDLG)) ont une joie de vivre contagieuse. Ils savent nous pousser dans nos retranchements pour réaliser de vrais exploits sportifs. Nous avons fait jusqu’à 30 km de ski de fond par jour ou 14 km de raquette avec de méchants dénivelés. Le tout en se levant aux aurores et en faisant la fête tous les soirs!
Le forfait de «vacances sportives tout inclus» sur sept jours, offert depuis 15 ans par la Traversée de la Gaspésie sur le territoire de la péninsule, faisait cette fois-ci une entorse à la tradition. Après les premiers jours en Gaspésie, on allait remonter le fleuve Saint-Laurent avec étapes à La Malbaie, Québec et Montréal. On coucherait à bord du Vacancier, navire madelinot de la CTMA, qui voguerait la nuit, de port en port.
Pas de grasse matinée pour les amateurs de plein air!
5h30-6h00: c’est le branle-bas de combat à bord du bateau. À Gaspé comme à Matane, Québec ou Montréal, pas de grasse matinée pour les amateurs de plein air. Avant 8h, petit déjeuner pris, bon nombre de passagers sont déjà descendus farter leurs skis dans la cale. La présentation des parcours de la journée et des consignes se fait au bar. Ensuite, on se précipite dans les coursives pour récupérer sacs de jour, lunch, skis ou raquettes. On sort finalement sur la passerelle pour rejoindre les autobus devant nous mener jusqu’aux lieux d’activités.
Le parc national Forillon sera le premier lieu visité. En ski de fond, c’est un superbe parcours aller-retour jusqu’au cap Gaspé (23 km). Les raquetteurs longeront quant à eux la baie de Gaspé jusqu’à Grande-Grave.
Efforts, beauté et allégresse
Le clou de la semaine sera sans conteste la journée dans la réserve faunique de Matane, organisée par Vertigo Aventures. 22,5 km de ski en boucle ou 10 km en raquette pour grimper au sommet du mont Pointu, dans la neige fraîche et sous un soleil éclatant.
De loin, ce pic-là paraissait tellement inaccessible! D'abord, on a dû embarquer en groupe dans un traîneau tiré par une motoneige pour parvenir à la base du mont. Ensuite, on a entamé en raquette une montée deux heures à flanc de montagne. Un effort très soutenu, mais dans un décor tellement magique: des sapins chargés de neige, se découpant sur un ciel bleu électrique, puis un sommet dénudé, dévoilant un panorama à 360 degrés sur les Chic-Chocs et les monts Notre-Dame. L’allégresse qu’on ressent devant tant de beauté est la rançon de l’effort.
Ce même sentiment nous envahi en haut du mont du Lac des Cygnes, dans le parc national des Grands-Jardins. Après deux heures de bus depuis Québec (le bateau n’ayant pu accoster à La Malbaie pour cause de tempête), la perte de 25 degrés Celsius entre le point de départ et le sommet battu par les vents n’a découragé personne. Les 480 mètres de dénivelé «avalés» en raquette ont suffisamment réchauffé les corps. Tout le monde a enfilé sa doudoune pour profiter de la vue sur le «trou» du cratère de Charlevoix et les sommets alentour.
De Gaspé à Montréal
Même à Québec et à Montréal, où le ski et la raquette se pratiquaient en territoire nettement moins sauvage, on trouvait toujours de quoi satisfaire l’œil. À Québec, on a skié sous l’autoroute 440 en traversant une voie ferrée, puis longé la rivière Saint-Charles, pour finir sur les plaines d’Abraham. À Montréal, on a arpenté le parc du Mont-Royal en raquettes en compagnie de joyeux drilles bretons. C’est de cette façon qu’a pris fin ce voyage qui nous a mené de la croix de Gaspé érigée par Jacques Cartier à celle du mont Royal commandée par De Maisonneuve!
Amitiés et découvertes
Cette Traversée, c'est aussi l'occasion de se lier d'amitié avec participants et bénévoles. On fait connaissance au hasard d’une piste, dans la cabine partagée ou à la cafétéria du navire. Ils sont une centaine (surtout gaspésiens) à accompagner la TDLG, rendant ce type de voyage aussi sécuritaire que profondément énergisant. Ajoutez à cela une dose d’esprit madelinot, distillé par un équipage aussi déjanté que son capitaine Bernard Langford, qu’on verra danser sur scène et participer à un tournage vidéo style «Mannequin Challenge».
Le tout-inclus TDLG fait également la part belle aux soupers de fine cuisine gaspésienne et aux dégustations de produits régionaux, même sur les pistes. Aux haltes en refuges, des musiciens nous attendent. On les retrouve à l’apéro et plus tard sur la grande scène du Vacancier. La programmation artistique de cette semaine est telle qu’on ne sait plus où donner de la tête entre séances nocturnes de cinéma, conférences de Julie Payette, Hélène Laurendeau ou des Karavaniers, lectures de Sophie Faucher, lancement de livre de Monique Durand (Saint-Laurent, mon amour), spectacle d’Emmanuel Bilodeau, soirées dansantes, dont le feu d’artifice final avec Marco Calliari.
Le lendemain, au retour à la maison, on n’a qu’une envie: s’inscrire pour la prochaine TDLG… Une vraie drogue, estampillée gaspésienne!
Quelques recommandations:
- S’entraîner minimalement, mais régulièrement, dans les mois précédents (même si on peut toujours raccourcir les distances quotidiennes).
- Emporter skis et raquettes pour avoir le choix chaque jour.
- Noter la date de la prochaine TDLG (à bottines): randonnée pédestre, du 23 au 30 septembre 2017.