La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Décembre-issime!

La magie de Noël, ça existe vraiment. Décembre, le traditionnel spectacle de Noël de Québec Issime, que la Place des Arts a fait disparaître de son offre du temps des Fêtes l’an dernier après 20 ans de loyaux services, est de retour en 2024 à la salle Pierre-Mercure. Et je vous rassure, le père Noël a été informé du changement d’adresse. Décembre est toujours le plus beau cadeau-spectacle des Fêtes à nous être offert.



On dit souvent que le Québec est une société distincte. C’est tellement une évidence en matière de célébrations du temps des Fêtes! En plus de nos propres traditions culinaires, nous avons un répertoire de musique de Noël bien à nous: cantiques religieux (Minuit, chrétiens), chansons folkloriques (Le bas de Noël, La tourtière), airs populaires (Le sentier de neige, Marie-Noël, 23 décembre), de quoi croire l’adage qui dit que Le père Noël c’t’un Québécois.

La beauté du spectacle Décembre, c’est qu’il y a toutes ces chansons au programme, sans oublier les grands classiques du reste de la planète qui font aussi partie de notre univers musical. De Jingle Bells à L’enfant au tambour, en passant par Greensleeves et Happy Xmas.

Décembre est toujours le plus beau cadeau-spectacle des Fêtes à nous être offert. Photo: Paul Ducharme

Dès la première fois que j’ai vu Décembre, en 2003, j’ai été conquis par cette proposition venue du Saguenay. J’y suis retourné plusieurs fois parce que ce spectacle a le don de nous reconnecter à nos racines. J’ai souvent dit aussi qu’il était une extraordinaire porte d’entrée dans la culture québécoise. Ce show devrait être obligatoire auprès des jeunes et des nouveaux arrivants.

Le spectacle, présenté à la salle Pierre-Mercure jusqu’au 29 décembre, est essentiellement le même qu’à la création. Pourquoi changer une formule gagnante que le public ne se lasse pas de voir et de revoir?

Ce spectacle a le don de nous reconnecter à nos racines.Photo: Paul Ducharme

En 2024, la trame nous mène encore une fois de l’avent de Noël à la veille du jour de l’An, avec les chansons appropriées pour chacun des 12 tableaux.

Le spectacle, présenté à la salle Pierre-Mercure jusqu’au 29 décembre, est essentiellement le même qu’à la création. Photo: Paul Ducharme

En première partie, il y a ces airs qui évoquent le froid et la neige qu’on connaît par cœur (C’est l’hiver, Demain l’hiver de Charlebois, mariée à Lit vert de Plume), ces chansons remplies de bonhomie qui font référence au père Noël (Père Noël arrive ce soir, J’ai vu maman embrasser le père Noël, Le feu danse dans la cheminée), ces contes inoubliables qui rappellent que Noël n’est pas fête pour tous (Le Noël au camp de Tex Lecor, La Charlotte de Notre-Dame de Gabriel Randon, La petite fille aux allumettes de Hans Christian Andersen), et ce moment solennel, le Minuit, chrétiens, qui émeut chaque fois.

Le décor féérique et la richesse des costumes impressionnent toujours autant, l’imposante distribution aussi. Photo: Paul Ducharme

En deuxième partie, on enchaîne avec des titres qui évoquent l’arrivée du petit Jésus et des Rois mages (Sainte nuit, Écoutez le chant des anges, Trois anges sont venus ce soir), suivis de rigodons que nous avons chevillés au corps (C’est dans l’temps du jour de l’An, La parenté, Dans nos vieilles maisons), en plus d’une échappée dans le monde fantastique de la légende de la chasse-galerie (celles de Claude Dubois et de la Bottine Souriante).

Impossible de résister à cette charge musicale qui, tour à tour, nous fait sourire de bonheur et pleurer de nostalgie.

Impossible de résister à cette charge musicale qui, tour à tour, nous fait sourire de bonheur et pleurer de nostalgie.Photo: Paul Ducharme

Le décor féérique et la richesse des costumes impressionnent toujours autant, l’imposante distribution aussi.

Ils sont 24 artistes sur scène. De ce nombre, il y a six danseurs qui insufflent une énergie contagieuse grâce aux nouvelles chorégraphies d’Alex Francoeur, que les fans de l’émission Révolution connaissent. Le numéro de la Chasse-Galerie, qui était déjà formidable, devient le clou du spectacle avec Alexandre Carlos et Jamal Edem, qui giguent comme s’ils étaient possédés par Lucifer en personne.

Ils sont 24 artistes sur scène. De ce nombre, il y a six danseurs qui insufflent une énergie contagieuse grâce aux nouvelles chorégraphies d’Alex Francoeur, que les fans de l’émission Révolution connaissent. Photo: Paul Ducharme

Je suis toujours admiratif de la cohésion qui existe entre les chanteurs. Leur esprit de famille sur scène et leur parenté vocale servent magnifiquement l’esprit du spectacle. Et que dire de la place faite aux enfants, qui offrent les moments les plus cutes de la soirée, qu’on pense, le soir de la première, à Hubert Dacier, 8 ans, qui a joliment chanté L’enfant au tambour, à Marjorie Lalonde, 7 ans, craquante dans son interprétation de Trois anges sont venus ce soir, à Jean-Augustin Ménard, 14 ans, qui a prêté sa voix d’ange à la fameuse Prière d’Andrea Bocelli et Céline Dion, et à Colette Lemay, 14 ans aussi, qui a revêtu les hardes de la petite fille aux allumettes? On est rassuré quant à la pression qui est mise sur eux, parce que ces enfants sont entourés d’adultes extrêmement bienveillants à leur égard.

En revoyant Décembre, il n’y a aucun doute, cette production a quelque chose d’impérissable. Photo: Paul Ducharme

Pierre Doré, un des fondateurs de Québec Issime en 1995 (30 ans l’an prochain!), a eu raison de ne pas jeter l’éponge après la décision de la Place des Arts de ne plus accueillir sa belle créature au Théâtre Maisonneuve.

En revoyant Décembre, il n’y a aucun doute, cette production a quelque chose d’impérissable, comme Casse-Noisette, et tout ce qu’il faut d’issime pour tenir l’affiche encore longtemps.