7 novembre 2024Auteur : Richard Migneault

Livres de la semaine

Une mémoire de lion, Guillaume Morrissette

Un de mes grands plaisirs de lecture est de renouer avec certains personnages, comme s’ils faisaient partie de la famille. Par exemple, c’est avec enthousiasme que je partage un repas avec Maud Graham ou Guido Brunetti, que je découvre les Îles-de-la-Madeleine avec Surprenant, ou que je participe à une virée à cheval sur les steppes de la Mongolie avec Yeruldelgger. En ouvrant Une mémoire de lion de Guillaume Morrissette, je me faisais une joie de retrouver Jean-Sébastien Héroux, Brigitte Soucy, Gary Demers et Paul Sioui. Plaisir confirmé, mais…

Oui, j’ai eu du plaisir à retrouver les quatre enquêteurs créés par Guillaume Morrissette, mais il y a un autre personnage qui a attiré toute mon attention: Patrice Douville, que tout le monde appelle Padou.

Padou est un jeune homme solitaire, qui parle ou fait parler une peluche sous la forme d’un lion, couchant souvent à la belle étoile et qui parcourt les rues de Trois-Rivières à vélo. Ce personnage est tellement attachant qu’il prend, sans l’avoir voulu, la vedette dans cette histoire. Malgré des relations humaines difficiles, une communication toujours sur le fil du rasoir, ce «Rain Man» trifluvien possède un don pour les chiffres (un peu comme son créateur, professeur de mathématiques financières à l’université) et une mémoire phénoménale.

Toute l’histoire commence dans un Dairy Queen, au moment où Padou commande un Blizzard et paie sa collation avec une carte de crédit ayant appartenu à Marie-Julie Lebel, une jeune fille disparue il y a 28 ans qui, selon certains, se serait noyée dans le fleuve. Que faisait cette carte dans les mains de Padou? Suffit de lui demander! Mais ce n’est pas aussi simple. Padou communique très difficilement, se referme très rapidement et demeure muet quand il devient plus nerveux. Son lion en peluche peut parfois être plus bavard que lui.

Compte tenu de la découverte de la carte de crédit de la disparue, la Sûreté du Québec et les policiers de la police municipale décident d’unir leurs efforts pour comprendre comment cette carte a pu ressortir après près de trois décennies, et peut-être résoudre ce mystère.

Les enquêteurs devront faire preuve de beaucoup de doigté en abordant ce jeune homme. L’enquête est complexe compte tenu des 28 années qui ont passé, mais toute la difficulté des policiers réside dans l’approche qu’ils doivent adopter pour faire parler Padou. Puis quand, enfin, la communication ardue porte ses fruits, le coupable est découvert, mais il reste à confirmer ce qui n’est encore qu’une théorie.

Un 12e roman réussi

Ce 12e roman de l’auteur de Trois-Rivières est à l’image du style de Guillaume Morrissette: une intrigue qui a du punch, des dialogues nombreux avec, souvent, une touche d’humour, une complicité entre les enquêteurs très présente et des rebondissements percutants, avec une finale surprenante. Tous les ingrédients d’un bon polar.

Guillaume Morrissette possède une plume nerveuse qui donne du rythme à ses histoires. Le temps y joue un rôle important. Ici, bien sûr, un «cold case» vieux de 28 ans, mais une enquête qui se déroule en cinq jours. Afin de mieux situer le lecteur dans cet espace-temps limité, chaque chapitre commence par une ligne du temps. Le lecteur monte dans un TGV romanesque! À la vitesse de l’éclair, il tourne les pages en suivant l’action, qui ne manque pas.

Si vous recherchez un polar divertissant, une enquête complexe, mais accessible, et désirez faire la découverte d’un personnage hors norme, mais tellement attachant, Une mémoire de lion répondra à vos attentes. Dès les premières lignes, on est happé par l’histoire et on se laisse charmer par le personnage. Il devient alors impossible de le lâcher! Voilà pourquoi Guillaume Morrissette est devenu un incontournable du polar québécois.

Bonne lecture!

Une mémoire de lion, Guillaume Morrissette. Saint-Jean Éditeur. 2024. 414 pages