Photo: Anne Pélouas
26 septembre 2024Auteure : Anne Pélouas

Vélo d’automne dans le sud de la France

Faire du vélo dans les montagnes et vallées du Luberon, au sud de la France, c’est découvrir des paysages hors du commun, des villages perchés, un patrimoine historique millénaire et des produits du terroir uniques. Tour guidé!



Dans le département français du Vaucluse (région Provence-Alpes-Côte d’Azur), le Luberon est une région magnifique en automne, lequel est encore très agréable pour faire du vélo jusqu’en novembre. Doté d’un parc naturel régional regroupant 78 municipalités et couvrant un territoire de 75 km de long sur 43 km de large, il est aussi reconnu comme Géoparc mondial par l’UNESCO en raison de sa géologie, de ses paysages et de ses sites culturels exceptionnels.

C’est en vélo électrique que j’ai pu récemment l’explorer sur quatre jours au départ de Cavaillon. Et je n’ai pas été déçue. Le Luberon est sillonné de pistes et voies cyclables, tout comme d’itinéraires bien balisés sur de petites routes de campagne peu fréquentées. Que du plaisir sur deux roues!

L’association Vélo Loisir Provence, qui aura 30 ans l’an prochain, travaille depuis ses débuts à l’accueil des randonneurs à vélo et à une offre diversifiée de circuits cyclistes bien identifiés sur les routes. L’association labellise aussi «Accueil Vélo» des hébergements, offices de tourisme, loueurs et ateliers de réparation de vélos, sites de visites et restaurants. Quelque 175 établissements en bénéficient actuellement dans le Luberon.

Jour 1: Cavaillon-Apt (45 km)

 La veille au soir, nous avions pris possession de deux vélos électriques à la boutique Cyclix de Cavaillon, à l’est d’Avignon. À notre hébergement en chambres d’hôtes du 215 Gambetta (à quelques pas de la boutique Cyclix), il a d’abord fallu faire le tri des bagages et remplir adéquatement nos deux sacoches.

Au matin, on enfourche les montures sur la piste cyclable du centre-ville de Cavaillon. Direction: la Véloroute du Calavon, seule voie verte du Luberon, qui longe la rivière du même nom et court sur 45 km sur une ancienne voie ferrée.

La Véloroute du Calavon, seule voie verte du Luberon, longe la rivière du même nom et court sur 45 km sur une ancienne voie ferrée. Photo: Anne Pélouas

Après 10 km d’un joli parcours sur le plat qui nous fait passer du bas de la falaise de la colline Saint-Jacques à la vallée du Calavon, nous bifurquons vers le village de Robion, suivant dès lors le balisage du circuit «Autour du Luberon». Celui-ci compte 240 km et il est l’un des premiers itinéraires de vélotourisme à avoir été identifié et balisé en France, grâce à Vélo Loisir Provence.

Arrêt possible à Robion: La Roumanière, une confiturerie et biscuiterie qui raviront les becs sucrés.

Sur le circuit «Autour du Luberon», qui compte 240 km. Photo: Anne Pélouas

La petite route monte tranquillement jusqu’à Maubec, premier village perché de notre parcours, avec ses vieilles demeures du 18e siècle. Suit en montant un peu plus Oppède-le-Vieux, dominé par des vestiges médiévaux. Apparaissent les premières vignes et champs d’oliviers alors que nous longeons de plus ou moins près une crête du massif du Petit Luberon.

À Ménerbes, on passe à côté de champs de lavande, mais sans leur couleur bleue caractéristique de juillet, avant la récolte. En vélo électrique, on grimpera aisément en haut de cette ancienne place forte du Moyen-Âge, admirant les vieilles pierres de ses hôtels particuliers et la vue imprenable sur toute la région. De Ménerbes, nous quitterons le circuit Autour du Luberon pour filer plein nord jusqu’aux Beaumettes afin de revenir sur la Véloroute du Calavon.

Arrêt possible auparavant, sur la route de Cavaillon, au Domaine de La Citadelle, vignoble bio qui dispose d’une boutique, d’un bistrot, d’un Musée du Tire-Bouchon et d’un jardin botanique.

L'architecture, tout comme les paysages, en mettent plein la vue. Photo: Anne Pélouas

De retour sur la véloroute, on ne sent quasiment pas la petite et longue montée vers Apt, encore à une vingtaine de kilomètres. En contrebas du village de Bonnieux, une rareté culturelle: l’ancienne gare, entièrement rénovée, a en effet été reconvertie en centre d’art par la Fondation Blachère, qui dédie entièrement depuis 2023 ses expositions à l’art africain contemporain.

On passe ensuite de l’art moderne à un voyage dans le temps en franchissant à vélo le pont Julien, superbe ouvrage de pierre datant de l’époque romaine. Ses trois arches enjambent le Calavon du haut de leurs 2 000 ans d’âge.

Le pont Julien, superbe ouvrage de pierre datant de l’époque romaine. Photo: Anne Pélouas

Nous pédalons alors dans un décor bucolique sur une piste largement ombragée jusqu’à la petite ville d’Apt, capitale du Luberon. En bordure de la véloroute, nous rejoignons le sympathique Hôtel Sainte-Anne, près du centre-ville, labellisé Accueil Vélo.

Apt abrite la Maison du Parc du Luberon et un marché couru, les mardis et samedis matin. La première vaut la visite, notamment pour son musée de géologie, qui invite à un voyage dans l’espace et le temps pour découvrir l’histoire foisonnante du Luberon depuis 130 millions d’années.

Jour 2: Boucle Apt–Apt (50 km)

Dès la sortie de la ville par l’est, on file vers Saignon sur la Véloroute du Calavon. À l’ancienne gare de Saignon, l’association Vélo Loisir Provence a installé «La Petite Vitesse», qui tient buvette jusqu’à la fin septembre. Elle y récupère aussi des vélos venus de la déchetterie qu’elle remet en état ou dont elle récupère les pièces pour en réparer d’autres.

« La Petite Vitesse » dans l’ancienne gare de Saignon. Photo: Anne Pélouas

On peut grimper ensuite jusqu’à la forteresse de Saignon, sur son éperon rocheux, ou demeurer sur la Véloroute du Calavon jusqu’à Saint-Martin-de-Castillon. De là, on part à l’aventure sur une route départementale en direction de Viens, premier tronçon pour nous de l’itinéraire cycliste «Les Ocres à vélo». Une bonne montée nous attend, avec la promesse de voir le pays de haut dans ces contreforts des monts de Vaucluse. Le mistral qui soufflait déjà un peu la veille forcit aujourd’hui et nous serons ravies de piloter des vélos électriques, surtout quand le vent nous viendra de face ou de côté.

Le château de Viens. Photo: Anne Pélouas

À Viens, presque au sommet de notre circuit du jour, nous posons les vélos pour visiter la boutique de la Miellerie Lo Brusc, dans une ruelle en contrebas du château local. Elle est pleine de ressources et de parfums. Difficile de résister!

Difficile de résister aux délices de la boutique de la Miellerie Lo Brusc. Photo: Anne Pélouas

Marche dans les ocres du «Colorado provençal»

Passé Viens, la route monte encore un peu avant de redescendre sur Gignac, toujours sur une départementale sans trop d’autos, surtout le matin. Rustrel est à moins de 4 km. Ce village abrite un site de rêve, celui du «Colorado provençal», lui-même partie du site classé des «Ocres du Pays d’Apt». Ce massif de roches aux couleurs flamboyantes, adossé aux monts de Vaucluse, court sur 25 km de Viens à Goult.

Le «Colorado provençal» est un site de rêve. Photo: Anne Pélouas

L’ocre est un pigment naturel composé d’argile et d’oxyde ou d’hydroxyde de fer qui lui donnent sa couleur. Dans les anciennes carrières d’ocres de Rustrel, on se balade à pied sur des chemins de sable coloré, entre des monticules ocreux, sous des falaises de sable blanc surmontées d’une couche ferrugineuse et d’un peu de végétation.

L’ocre, pigment naturel composé d’argile et d’oxyde ou d’hydroxyde de fer, donne sa couleur au «Colorado provençal». Photo: Anne Pélouas

Un sentier pédestre en boucle de 4 km mène sur les hauteurs à trois belvédères dominant le site. Aux deuxième et troisième, la vue plonge sur des «cheminées de fées», tourelles ocreuses émergeant du sol, avec les falaises du «désert blanc» pour fond de décor.

Un sentier pédestre en boucle de 4 km mène sur les hauteurs à trois belvédères dominant le site. Photo: Anne Pélouas

À peine le temps de reprendre les vélos qu’on met déjà pied à terre pour visiter le Moulin à huile du Colorado de Rustrel et sa boutique qui sent bon l’huile d’olive, avant de poursuivre sur le circuit des Ocres à vélo.

La boutique du Moulin à huile du Colorado de Rustrel. Photo: Anne Pélouas

La route descend gentiment vers Villars, avec de belles vues côté vallée. C’est vers elle qu’on se dirige alors plein sud, en descente, pour retrouver aux portes d’Apt l’épine dorsale de la vallée: la Véloroute du Calavon. À moins de faire un petit détour avant pour visiter, à l’entrée ouest de la ville d’Apt, La Maison du Fruit Confit. C’est l’endroit rêvé pour en apprendre plus sur l’histoire de ce délice sucré, déguster quelques produits ou s’asseoir au salon de thé, avant de rentrer au bercail du soir: l’Aptois Hôtel, autre établissement hôtelier labellisé Accueil Vélo.

Jour 3: Apt–Roussillon–Gordes–Cavaillon

Nous revoici sur la Véloroute du Calavon en direction ouest pour quelques kilomètres avant de prendre une petite route départementale vers Gargas. Sur le territoire de ce village, en direction de Roussillon, on peut visiter les anciennes mines de Bruoux, dont les galeries ont été creusées dans les falaises d’ocre.

Roussillon, classé parmi les plus beaux villages de France. Photo: Anne Pélouas

La route monte abruptement à l’approche du village de Roussillon, classé parmi les plus beaux villages de France. Les ocres sont encore omniprésents, avec la présence d’un Écomusée de l’Ocre sur la route d’Apt et la possibilité d’emprunter à pied le sentier arboré des Ocres, lui aussi aménagé dans d’anciennes carrières.

Les ocres sont encore omniprésents à Roussillon. Photo: Anne Pélouas

Avec son beffroi, la place centrale du village perché, très fleurie, est magnifique et l’on peut monter sur le chemin de ronde jusqu’à un belvédère révélant un panorama sur les monts du Luberon et les falaises d’ocre en contrebas.

panorama sur les monts du Luberon et les falaises d’ocre en contrebas. Photo: Anne Pélouas

Après la descente sur la même route qu’à l’aller, le circuit se poursuit vers l’ouest sur de petites routes peu abritées du vent, avec des vignobles alentour et des champs de lavande, en plus, à l’approche de Gordes. Une bonne montée nous attend pour rejoindre le cœur du village, très animé. Château et beffroi médiévaux dominent un promontoire rocheux des monts de Vaucluse, à 345 mètres d’altitude.

Château et beffroi médiévaux dominent un promontoire rocheux des monts de Vaucluse, à 345 mètres d’altitude. Photo: Anne Pélouas

À pied, on emprunte des ruelles tortueuses et des rues caladées typiques de Provence, faites de pierres calcaires posées verticalement sur la tranche. Elles sont aussi pavées au centre en paliers de marches très basses, idéales pour faciliter autrefois le cheminement des ânes et des mulets.

Gordes, un des plus beaux villages de France. Photo: Anne Pélouas

Il faut aussi visiter les caves du palais Saint-Firmin, aux pièces souterraines découvertes et restaurées au 20e siècle. Elles abritaient un moulin à huile d’olive et un atelier de tannerie.

Il faut visiter les caves du palais Saint-Firmin, aux pièces souterraines découvertes et restaurées au 20e siècle. Photo: Anne Pélouas

La sortie de Gordes en descente est suivie d’un joli parcours sur une petite route ombragée conduisant à Coustellet. Sur la route de Gordes, le Musée de la lavande est un incontournable. Conçu et géré par Le Château du Bois, un producteur réputé de lavande fine, il jouxte l’une des plus belles boutiques de lavande et de cosmétiques à la lavande de la région. L’exposition permanente du musée met en valeur une impressionnante collection réunie au fil du temps par la famille Lincelé, dont des alambics et autres outils servant à la production de lavande et à la distillation. En période estivale, des tours à vélo électrique dans les champs de lavande sont organisés par les propriétaires du Château du Bois.

Sur la route de Gordes, le Musée de la lavande est un incontournable. Photo: Anne Pélouas

Les sacoches un peu plus lourdes après achats, on repartira pour les derniers kilomètres sur route jusqu’à la désormais bien connue Véloroute du Calavon. Il reste à peine 10 km sur le plat pour revenir à Cavaillon et prendre un peu de repos avant le souper à l’Hôtel du Parc, labellisé Accueil Vélo.

L’Hôtel du Parc, labellisé Accueil Vélo. Photo: Anne Pélouas

Jour 4: Cavaillon–L’Isle-sur-la-Sorgue (20 km)

Pour notre dernier jour, nous avons opté pour un aller en vélo jusqu’à L’Isle-sur-la-Sorgue, au nord de Cavaillon, avec retour en train pour Cavaillon par manque de temps, mais aussi pour expérimenter le transport de vélos à bord des trains régionaux (TER) français.

Il est toutefois possible de faire un aller-retour en vélo avec une boucle complémentaire passant par Fontaine-de-Vaucluse, pour un total de 41 km.

Sur la véloroute du Calavon. Photo: Anne Pélouas

Au départ, la Véloroute du Calavon nous a de nouveau accueillies jusqu’à Robion avant que nous ne bifurquions vers le nord sur une petite route de campagne. Ce tronçon de la voie verte dénommée Via Venaissia permet de relier les deux véloroutes de Via Rhôna et de la Méditerranée à vélo.

Avant Lagnes, nouveau virage à gauche en direction de L’Isle-sur-la-Sorgue, plutôt que de filer tout droit vers Fontaine-de-Vaucluse. C’en est fini des vignobles et des champs de lavande. Place aux vergers qui s’égrènent comme un chapelet le long de la route, avec leurs belles pommes rouges presque prêtes à cueillir.

À L’Isle-sur-la-Sorgue, le village vit au rythme de la frénésie de son marché provençal, au bord d’une rivière. Photo: Anne Pélouas

À L’Isle-sur-la-Sorgue, le village vit au rythme de la frénésie de son marché provençal, au bord d’une rivière. C’est à pied qu’on se balade d’étal en étal de fruits et légumes, de kiosques de vêtements et tissus en tables d’antiquités diverses. Un petit tour à ce marché très coloré et nous reprenons nos vélos pour entrer dans la gare, rejoindre le bon quai et attendre le train, billets en main, mais avec transport de vélos gratuit et sans réservation hors des heures de pointe.

C’est à pied qu’on se balade à L’Isle-sur-la-Sorgue. Photo: Anne Pélouas

À bord du TER pour Cavaillon, nous n’aurons que quelques minutes pour tenir nos vélos en main, pieds à terre, avant de débarquer en gare de Cavaillon. L’expérience train est courte, mais convaincante.

’expérience train est courte, mais convaincante. Photo: Anne Pélouas

Bon à savoir

  • Consultez la carte interactive sur le site de Vélo Loisir Provence pour trouver les prestataires chez qui recharger vos batteries de vélo à assistance électrique ou procurez-vous le Carnet de route du Luberon à vélo sur sa boutique en ligne. On peut aussi y télécharger sur son cellulaire les traces GPX des itinéraires qu’on veut suivre, moyen idéal de pédaler sans s’arrêter trop souvent.
  • Le Carnet de route du Luberon à vélo fournit une liste d’agences de voyages offrant des séjours clés en main dans la région et une autre de guides accompagnateurs. Sont aussi recensés des services de transport de bagages.