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20 février 2024Auteure : Françoise Genest

Décès de la journaliste Louise Cousineau

C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de Louise Cousineau, critique de télévision vedette de La Presse pendant des décennies. Mme Cousineau était âgée de 86 ans. Elle était à la retraite d’une carrière qui aura duré près de 60 ans, jalonnée de papiers qui ont fait réagir bien des artisans et des artistes du milieu et que les lecteurs savouraient.



Jeune journaliste, elle faisait partie des grands que j’admirais, que je lisais avec délectation. Quelle plume, souvent corrosive et tout aussi souvent teintée de son humour particulier. Elle était venue en conférence dans un de mes cours de journalisme, elle était tout aussi impressionnante que brouillon dans son allure, dans son franc parler,  mais elle en imposait parce qu’elle était authentique. No bullshit avec Louise Cousineau.

Elle faisait partie des piliers de La Presse, la rubrique qu’on avait hâte de lire. Et même s’il ne s’agissait que de télévision, Louise Cousineau savait en parler avec intelligence et avec une profonde compréhension des codes de cette industrie et de sa place au sein de la culture québécoise. Il faut dire qu’à l’époque où elle écrivait, nous n’étions pas tous écartelés entre 100 plateformes et que les Québécois communiaient aux mêmes grandes messes télévisuelles. On se souvient tous en riant ou sérieusement de sa chronique «La scène la plus érotique de la télé?» dont elle avait fait l’apologie en parlant d’un épisode de la série Les filles de Caleb et qu’elle reprochait au beau Roy Dupuis de ne pas assez articuler.

Elle ne s’est pas fait que des amis dans le milieu avec ses chroniques parfois assassines, et n'hésitait pas à critiquer ses propres collègues de l'époque, notamment le Lance et compte de Réjean Tremblay,  mais elle aussi confirmé ou lancé la carrière de bien d’autres. Elle était crainte, mais elle était respectée. Je ne me souviens pas d’avoir lu une chronique d’elle où je sentais que l’envie de faire du style ou de puncher son propos l’ait emporté sur la justesse du propos ou à tout le moins sur sa sincérité. Je l'ai moins suivie à la radio où elle a également chroniqué, ça ne devait pas être ennuyant à écouter.

C’est avec émotion et un profond respect que je souligne son décès. Des personnages comme elle, ceux de l'époque des journalistes cigarette au bec et jurons, il ne s’en fait plus, mais j’ai eu la chance d’en lire et d’en côtoyer quelques-uns et ils m’ont beaucoup appris.

Bon voyage Mme Cousineau, peut-être serez-vous occupée à nous regarder dans cet immense show qu’est la vie, mais qui, hélas, ne ferait pas toujours de la bonne télé. Je ne vous oublierai pas.

Toutes mes condoléances et celles de l'équipe d'Avenues.ca à ses proches.