L’actrice québécoise Danielle Fichaud brille dans le film français Noël Joyeux de Clément Michel, qui met aussi en vedette les excellents Franck Dubosc et Emmanuelle Devos. Comédie de Noël comme il s’en fait souvent, certes, ce long-métrage qui prend l’affiche le 15 décembre est surtout l’occasion d’aborder la solitude chez les gens âgés. Ne serait-ce que pour ça, il faut le voir.

La prémisse n’a rien d’époustouflant en ce sens qu’elle ressemble aux quêtes dominantes de tous les films de Noël: une famille – les Barand – se prépare à célébrer le réveillon, installe table et couverts, emballe des cadeaux, regarde sa dinde, fait son sapin, attend les invités. Or, justement, ici, la « famille » ne viendra pas pour toutes sortes de raisons, laissant en plan Béatrice (Emmanuelle Devos) et Vincent (Franck Dubosc), parents quinquagénaires dont les trois enfants devenus grands ont déserté le foyer il y a quelques années déjà.

Tristounet, le père, un fan fini de Noël et des rassemblements, décide d’accueillir à la maison une personne âgée esseulée d’une résidence, ou EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), en France. Mais ce n’est pas seule que débarquera la douce, mais macabre Monique (Danièle Lebrun)… Jeanne (Danielle Fichaud), ex-championne de lancer du poids, l’accompagnera avec toute sa rudesse. Si on comprend qu’elle est « Canadienne » plus parce que c’est évoqué une fois que pour l’accent, que Fichaud a joué « international », on comprend surtout que c’est une grognonne qui, bien sûr, s’adoucira – presque – pour devenir la fée des étoiles qui pourrait sauver Noël.

On aurait pu aller plus en profondeur dans la psychologie des personnages, leur passé, leur solitude, leurs valeurs intrinsèques, quoique, ça aurait peut-être alourdi ce qui se veut d’abord un conte des Fêtes, une affaire pour se mettre dans l’ambiance pailletée.

N’empêche, j’ai aimé cette incursion – trop rapide – dans le monde des EHPAD, l’idée de faire intervenir deux femmes âgées, même si ça rappelle un peu Le dîner de cons. Ça demeure un ressort efficace.

J’ai souvent ri de l’humour noir, qui aurait gagné à être encore plus accentué, et je salue la présence incandescente de Fichaud, sans laquelle ce film n’aurait pas la même saveur. Cette actrice est un joyau qui maîtrise les niveaux de jeu avec grand art et qui, il me semble, mériterait d’être davantage mise de l’avant sur nos écrans. Une grande. Drôle comme émouvante, par ailleurs, avec toutes les nuances entre les deux spectres. Dans ce Noël Joyeux, on y trouve de quoi ne plus penser au monde qui craque de partout. Juste pour ça, ça met du rose aux joues.