Le « WOW ! » de la semaine
Maison Cormier: l’art de se réincarner
Une grande tour, un toit mansardé percé de lucarnes, des ornements multiples et une allure monumentale: la maison Cormier est un bel exemple du style Second Empire. Arrêt à Plessisville pour visiter cette bourgeoise d’autrefois.
Construite en 1885-1886, la résidence en briques de trois étages attire le regard des passants sur la rue Saint-Calixte. Elle a été érigée pour Charles Cormier. Le nom ne vous dit peut-être rien, mais sachez qu’il est un personnage important de l’histoire de la région.
Ce membre de l’Association des Fils de la Liberté emménage à Plessisville vers 1850, où il ouvre un magasin. Il devient le premier maire de la municipalité en 1855, avant de siéger comme conseiller législatif, puis comme sénateur de la division de Kennebec au Parlement du Canada-Uni. L’homme d’affaires a aussi cofondé la Fonderie de Plessisville en 1873.
Avec ses 23 pièces, la maison est digne de son statut social. Certains membres de l’élite de la province de Québec et du Canada ont d’ailleurs visité la demeure. C’est l’architecte Elzéar Charest qui a conçu les plans. On lui doit de nombreuses demeures privées dans les quartiers Saint-Jean et Saint-Sauveur, à Québec. Plusieurs palais de justice, dont ceux de Kamouraska et de Hull, portent également sa signature. Il est reconnu comme «l’un des meilleurs représentants de l’éclectisme architectural à Québec ».
La maison Cormier ne manque pas d’élégance. Les éléments décoratifs abondent: motifs de fleur de lys, montants et frontons sculptés des lucarnes, balustrades en fer forgé et oculi — ces ouvertures rondes dans le toit de la tour — cohabitent avec harmonie. À l’intérieur, les riches boiseries, les tapisseries et les corniches en plâtre se côtoient. Toutes les caractéristiques architecturales d’origine ont passé l’épreuve du temps.
Après le décès de Charles Cormier, la maison passe aux mains de son fils, Napoléon-Charles. Ce dernier suit les traces de son père, en s’illustrant en affaires et en politique.
En 1919, la propriété est vendue pour une bouchée de pain à la congrégation des Sœurs de la Charité, qui la convertit en hôpital. À la suite de la relocalisation de l’hôpital, le CLSC de l’Érable achète le bâtiment en 1975 pour loger ses bureaux. La maison est reconnue comme immeuble patrimonial depuis 1978. L’intérieur a été rénové par le ministère des Affaires sociales du Québec huit ans plus tard.