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Maison Paul-Émile-Borduas: une vraie résidence d’artiste
Paul-Émile Borduas a marqué le Québec. Si on connaît bien l’artiste, peu savent qu’il a aussi réalisé une œuvre architecturale. La maison, à l’image du peintre, rompt avec la tradition. Coup d’œil sur une propriété en avance sur son temps.
Construite entre 1940 et 1942, la maison du 621, chemin des Patriotes Nord, à Mont-Saint-Hilaire, n’est pas tout à fait comme les autres. Elle a été imaginée par Paul-Émile Borduas, qui en a dessiné les plans jusque dans les moindres détails. Et c’est son père, le voiturier Magloire Borduas, qui a donné vie à sa vision.
Érigée entre rivière et montagne, la demeure pouvait accueillir tout le clan confortablement. Le peintre et sa femme, Gabrielle Goyette, de même que leurs trois enfants — Janine, Renée et Paul —, s’en sont servi comme résidence d’été pendant trois ans. En 1945, la famille a quitté Montréal pour s’y installer de façon permanente.
La résidence de facture minimaliste se cache derrière les arbres. Son toit plat, ses formes épurées et son manque d’ornementation caractérisent le style international, tout comme les pleins et les vides des murs et des ouvertures qui rythment les façades. Ce mouvement architectural, dont Mies van der Rohe est souvent considéré comme le maître, se veut le symbole de la modernité et d’un affranchissement de la tradition. La maison était donc l’écrin parfait pour Paul-Émile Borduas, qui y a d’ailleurs écrit le manifeste Refus global.
L’intérieur témoigne de son passage à l’École du meuble comme professeur. Le mobilier, qui est un savant mélange de courbes et de lignes droites, emprunte les éléments de l’Art déco. Plusieurs meubles ont été créés par ses élèves. Le rez-de-chaussée se consacre aux espaces communs, tandis que les chambres sont aménagées autour d’une mezzanine à l’étage. Les grandes baies vitrées, qui donnent sur la rivière Richelieu, laissent entrer la lumière à grands flots.
Borduas a vendu sa maison en 1952 après sa séparation. Les nouveaux acheteurs, le docteur Alphonse Campeau et sa femme Fernande, ont habité les lieux pendant plus de 40 ans et les ont bien conservés. Le bâtiment a toutefois dû être déplacé de quelques mètres à cause d’un problème de fondations en 1972. Ce déménagement a fait disparaître l’atelier du peintre, qui se trouvait au sous-sol.
La Fondation de la maison Paul-Émile-Borduas a acquis la propriété en 1999. Elle abrite aujourd’hui un centre d’exposition sur l’homme et son œuvre, en plus d’accueillir des expositions temporaires d’artistes contemporains.