Astérix et Obélix: L’empire du Milieu; un trip de gang fort ambitieux et rassembleur
Ne cherchez pas l’histoire de la nouvelle aventure cinématographique d’Astérix et Obélix qui prend l’affiche chez nous le 1er février dans un des célèbres albums du non moins célèbre duo des regrettés Uderzo-Goscinny. Elle a été inventée en entier par les scénaristes Julien Hervé et Philippe Mechelen, dans une réalisation de Guillaume Canet, qui semble s’être payé un méchant beau trip de gang.
Difficile de ne pas être attiré par la distribution éclatante. Le fort charismatique Guillaume Canet, presque trop cute pour incarner Astérix – il n’en demeure pas moins convaincant –, s’est entouré notamment de Zlatan Ibrahimovic, Angèle, Philippe Katerine, Bigflo & Oli, Orelsan, Jonathan Cohen, José Garcia, Matthieu Chedid et plusieurs autres gros noms du vedettariat de l’heure chez nos cousins de l’autre côté de l’océan pour incarner les personnages de son film au budget impressionnant de 65 millions d’euros (environ 93 millions de dollars), un des films français les plus chers jamais produits.
J’avais surtout hâte de voir si cette cuvée 2023 allait souffrir des comparaisons inévitables avec les derniers films en prise de vue réelle de la série Astérix et Obélix, surtout le Mission Cléopâtre d’Alain Chabat sorti en 2002. Comment allait s’en tirer Gilles Lellouche, grand ami de Canet, en reprenant l’Obélix jadis interprété par Gérard Depardieu qui, lui, avait décliné l’invitation? Le changement ne m’a pas embêté un seul instant tant Lellouche est un fin interprète, jusque dans la justesse des mimiques et expressions du gros Obélix qui, pardon, préfère qu’on dise de lui qu’il est «enveloppé»… Son côté enfantin ressort peut-être même plus que celui d’un Depardieu de plus en plus blasé.
Marion Cotillard (conjointe de Canet), hélas trop peu présente dans les atours de Cléopâtre, nous fait bien marrer en préférant son sexy prof de gym plus jeune à un Jules César fort blessé dans son orgueil, humilié, dépassé et pathétique à la limite.
Fan des potins Paris Matchois, je n’ai pas pu m’empêcher de rire dans ma barbe que je ne porte toujours pas en pensant que le rôle était parfait pour Vincent Cassel qui, dans sa vie personnelle, a «remplacé» Monica Bellucci (la Cléopâtre de 2002) par Tina Kunakey, une jeune mannequin de 31 ans sa cadette. J’ignore si c’était un petit pied de nez à ça, mais j’ai osé y voir là quelque chose en ce sens qui m’a un peu réjouie, je l’avoue. Pour Cassel, César n’est pas tant un rôle de composition…
Pluie de vedettes sur la Gaule
Concernant l’histoire qui, je trouve, possède moins de force et d’importance en fin de compte que la spectaculaire distribution, elle tire plusieurs ficelles en même temps, à commencer par la principale, qui nous transporte en 50 av. J.-C., alors que la princesse chinoise Fu Yi sollicite l’aide des Gaulois, surtout Astérix et Obélix, pour sauver sa mère l’impératrice emprisonnée après un coup d’État orchestré par Deng Tsin Qin (Dancing Queen).
En filigrane, Astérix veut prendre soin de sa santé, manger des fruits et des légumes plutôt que du sanglier, il aimerait diminuer sa consommation de potion magique, il y a aussi des amourettes de passage, un peu de rivalité, des héroïnes féminines plus fortes que les messieurs qui tiennent les rênes de leur existence (OK, on a compris la passe féministe…), un conflit auquel on adhère plus ou moins entre Astérix et Obélix, puis une Falbala qui réalise soudain qu’elle a beaucoup à perdre si elle décline toutes les offres d’Obélix…
Au sujet de Falbala, justement. C’est l’autrice-compositrice-interprète belge Angèle qui l’incarne, attirant ainsi évidemment tout un jeune public nouveau, heureux de la retrouver là, idem pour Bigflo & Oli, entre autres. Cet aspect intergénérationnel parmi la pluie de stars est une des facettes intéressantes du projet, ne serait-ce parce qu’il attire une génération qui ne serait peut-être pas allée découvrir Astérix et Obélix autrement. J’ose espérer mille fois qu’en plus d’y retrouver des vedettes qu’ils ont beaucoup connues sur les réseaux sociaux et Internet, ils iront lire les «vrais» albums d’Uderzo et Goscinny, saisir le grain d’humour, les allusions historiques, etc. Suis-je trop optimiste et ambitieuse? Au moins, ça crée un moment parents-enfants épatant. C’est précieux.