Des solutions pour contrer la crise du logement
La crise du logement s’accélère, ici comme ailleurs. Malgré la panoplie de promesses provenant des élus et des investisseurs, la pénurie de logements ne fait que s’aggraver. Pourtant, des solutions existent. En voici quatre.
Finlande
La Finlande a implanté en 2018 la politique «Housing First», ce qu’on pourrait traduire par «un toit d’abord». Cette initiative a permis au pays de 5,5 millions d’habitants d’être le seul à connaître une baisse de son nombre de sans-abri en Europe.
Au cœur de cette réforme, une idée toute simple, mais révolutionnaire: offrir aux gens un logement dès qu’ils en ont besoin d’un, sans condition. Plutôt que de voir le logement comme une récompense au bout du tunnel, les personnes en situation d’itinérance se voient proposer dès le départ un logement (et de l’accompagnement adapté) pour les aider à vaincre leurs démons et à vivre de façon indépendante.
À Helsinki, l’État, la Ville et des organismes sans but lucratif ont acheté des appartements, ont construit de nouveaux immeubles et transformé d’anciens abris en logements permanents et confortables.
Les résultats sont probants, malgré le coût initial. La Finlande a dépensé 250 millions d’euros pour créer de nouveaux logements et embaucher 300 travailleurs sociaux supplémentaires. Le programme permet toutefois à la société de faire des économies de 15 000 euros par an et par personne. Le pays économise par exemple sur les dépenses en soins de santé d’urgence et en services policiers. Dix ans après son lancement, le taux de sans-abri avait baissé de plus de 35%.
Au-delà du programme, la capitale mise aussi sur une offre suffisante de logements sociaux. Helsinki en possède 60 000. Un habitant sur sept vit ainsi dans un logement appartenant à la Ville. Elle possède également 70% des terrains situés dans les limites de la municipalité. Elle gère en plus sa propre entreprise de construction et a pour objectif de construire 7 000 nouveaux logements (de toutes catégories) par an.
Japon
Le Japon a réussi à garder les prix de location d’un logement relativement stables au cours des 25 dernières années. Son secret? Le gouvernement contrôle le zonage à l’échelle du pays et permet plus facilement à la construction de logements de suivre la demande.
Un peu plus du tiers des Japonais louent ainsi la maison dans laquelle ils vivent. Une loi de 1991, appelée la loi sur les baux fonciers et à bâtir, rend également difficile pour les propriétaires de résilier les baux ou d’empêcher un locataire de prolonger son contrat de location.
Comme les réglementations sont nationales, les mouvements de contestation du type «pas dans ma cour» ont aussi moins de risques de réussir. Des bâtiments plus hauts et plus denses ont donc pu voir le jour à Tokyo, prenant la place d’immeubles de faible hauteur.
Le complexe Harumi Flag devrait notamment être achevé en 2024 dans le centre de la ville. Composé de 24 bâtiments, il devrait abriter quelque 12 000 personnes dans 5632 condominiums et appartements. Même si certaines unités offrent une vue sur l’océan, elles devraient être moins chères que celles du quartier en raison de «l’énorme quantité d’inventaire dans une zone déjà saturée de Tokyo».
États-Unis
Les nouvelles technologies peuvent également être utiles dans la lutte contre la pénurie de logements. La compagnie ICON, basée au Texas, s’en sert par exemple pour imprimer en 3D des maisons aux États-Unis, une façon plus rapide et plus économique de construire de nouveaux logements sans compromettre la qualité.
Son premier modèle, la Chicon House, était une maison de 350 pieds carrés imprimée en environ 47 heures. Elle comprenait deux chambres, une salle de bain et un coin cuisine avec une grande terrasse couverte. L’entreprise est aussi derrière le village Community First!, toujours aux Texas, conçu pour fournir des logements abordables et permanents aux personnes en situation d’itinérance chronique.
Elle n’est pas la seule, évidemment, mais ICON voit grand. Elle s’affaire actuellement à réaliser le plus grand quartier de maisons imprimées en 3D du monde à Austin. Les 100 demeures résilientes et économes en énergie seront conçues en partenariat avec la firme d’architecture Bjarke Ingels Group et le constructeur Lennar.
Allemagne
En Allemagne, où vivre en logement locatif est la norme, le rêve de posséder sa propre maison ne semble pas être très populaire. Le pays a la deuxième plus faible proportion de propriétaires de l’ensemble des membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Les droits des locataires sont devenus l’objet d’une campagne appelée DW und Co. Enteignen, conçue pour essayer de transférer un quart de million de propriétés des mains des propriétaires privés à la propriété publique. L’objectif est d’offrir des prix plus justes pour les locataires et une meilleure chance d’accéder à la propriété.
Comme l’explique Richard Ronald, professeur à l’Université d’Amsterdam et spécialiste du logement pour le magazine Wired, les locataires ont des baux à long terme et sûrs. Ils peuvent donc décorer et investir, en supposant qu’ils vont y vivre leur vie, avoir des enfants et les faire grandir dans un appartement locatif.