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Trek Rose Trip: une journaliste d’avenues.ca relève le défi du désert

Notre journaliste saveurs, Véronique Leduc, s’apprête à vivre l’aventure sportive et féminine Trip Rose Trek: quatre jours de marche et d’orientation dans le désert du Maroc. Elle nous livre ses impressions d’avant départ.

La grande aventure débute dans deux jours. Mais en réalité, elle a débuté il y a plusieurs mois déjà. Un soir de janvier dernier, après avoir mis mon téléphone de côté pendant quelques heures, je l’ai repris pour constater qu’une surprise m’attendait. Au sortir d’une soirée de lancement à Montréal du Trek Rose Trip, une initiative française, mes deux amies journalistes m’avaient intégrée à mon insu à leur trio qui allait parcourir à la marche, du 31 octobre au 5 novembre, le désert marocain.

C’est ainsi que j’ai rempli ma fiche d’inscription en plein hiver sans vraiment comprendre ce dans quoi je m’embarquais. Un trek de marche entre femmes au Maroc qui en est à sa première édition, d’accord. Mais combien de kilomètres fallait-il parcourir par jour? Quel équipement fallait-il se procurer? Comment fallait-il s’entraîner? Comment le tout allait-il être organisé? Aucune idée, mais j’avais bien tout le temps de m’informer et de me préparer d’ici le départ, ai-je alors pensé.

De gauche à droite: Ariane, Moi, Sarah
De gauche à droite: Ariane Arpin-Delorme, Véronique Leduc, Sarah-Émilie Nault

La course avant la course

Finalement, dix mois, ça passe vraiment vite! Il faut dire qu’Ariane, Sarah et moi sommes des filles bien occupées par de nombreux contrats et de multiples voyages de presse. Comme il y en a toujours une de nous trop prise par la sortie d’un magazine ou d’un livre, l’organisation d’un lancement ou partie à l’autre bout du monde pour le boulot, nos belles résolutions en ont pris un coup.

La formation à propos de l’orientation avec boussole que nous projetions de prendre ensemble? C’est Sarah qui a finalement fait un cours rapide dont elle a partagé avec nous les grandes lignes dans l’avion.

Les nombreuses randonnées que nous pensions faire à trois pour nous entraîner? Elles ont été moins nombreuses que prévu, mais surtout faites par chacune de nous de son côté.

J’avoue que c’est probablement cet aspect physique du défi qui m’a le plus inquiétée au cours des dernières semaines. J’aurais voulu être mieux préparée, mais la vie étant ce qu’elle est, j’ai plutôt fait du sport comme à mon habitude. Ma plus grande crainte était d’être un boulet pour mes deux amies pendant ces journées où nous marcherons une vingtaine de kilomètres par jour (si nous ne nous imposons pas de rallongement en lisant mal notre boussole!) sous le soleil du désert. Mais depuis que nous nous sommes avoué que nous avions toutes cette peur, ça nous a réconfortées.

Et finalement, que dire de l’équipement à se procurer et du sac à préparer? Sur Facebook, nos messages privés à trois se comptaient depuis quelque temps chaque jour par dizaines.
Fille 1: Les filles, avez-vous assez de pansements?
Fille 2: Oui. Avez-vous pensé à changer les disques de vos bâtons de marche pour qu’ils soient plus larges?
Fille 3: Oh nooonnnn! Je cours en acheter!
Fille 2: Peux-tu m’acheter un t-shirt technique en même temps? Il m’en manque un!
Fille 1: Peux-tu voir aussi s’ils ont des couvertures de survie? Je viens de lire qu’il nous faut ça.
Fille 3: Oh oui? OK! Mais en échange, quelqu’un peut-il me prendre à la pharmacie un traitement probiotique? Pas le temps d’y passer: je n’ai pas commencé mes bagages!

Et ainsi de suite…

À la ligne de départ

Enfin, après ce marathon d’organisation, nous voici fin prêtes et parties de Montréal depuis hier. En proie au décalage horaire, j’écris ces lignes en pleine nuit à partir d’une petite chambre d’hôtel d’Istanbul, en Turquie, où nous avions une escale puisque c’est Turkish Airlines qui nous transporte gracieusement vers le Trek.

Hier, dès que nous nous sommes fait conduire jusqu’à l’aéroport de Montréal, que nous connaissons bien, et qu’on nous a déposées dans le stationnement, une de nous est partie d’un pas assuré dans la mauvaise direction. Ça nous a bien fait rire, et je crois qu’elle est là notre plus grande force d’équipe, au-delà des habiletés techniques et de l’entrainement physique intense: cette faculté que nous avons de rire de nous. Et je me dis que si notre humour s’invite avec nous dans le désert, tout ira bien.

Prêtes pas prêtes, c’est parti!

À 48 heures du grand départ, malgré tout, j’accepte que tout ne soit pas parfait et je réalise finalement que je me sens assez en forme, prête à marcher et somme toute bien équipée. Surtout, je suis prête à être déconnectée, je me trouve chanceuse de vivre ce rêve que j’avais d’une fois dans ma vie me perdre dans le désert (façon de parler, hein!), et je suis heureuse de faire partie de l’aventure avec ces deux filles géniales.

Pour notre équipe, Les Panthères Roses, il a fallu, il y a quelques mois, choisir une phrase qui décrirait l’état d’esprit de notre trio. Nous avons opté pour celle, célèbre, de Christophe Colomb: «On ne va jamais aussi loin que lorsque l’on ne sait pas où l’on va.»

Gageons que cette grande aventure nous mènera très loin.

P.S. Tous les fonds amassés pendant le Trek Rose Trip iront à l’association Enfants du désert.

Halloween et Mardi gras d’antan

L’Halloween tirerait ses origines d’une ancienne fête celte et fut longtemps célébrée essentiellement en Irlande, en Écosse et au Pays de Galles.

Au 19e siècle, les immigrants irlandais et écossais introduisent l’Halloween en Amérique du Nord et la fête gagne en popularité surtout à partir des années 1920. Mais pour les Québécois catholiques, le Mardi gras fut longtemps davantage célébré que l’Halloween qui ne s’est imposée que depuis les années 1950. Voici quelques images de Mardi gras et d’Halloween d’antan!

1- Des gens costumés sur une carriole attelée à un cheval pour le Mardi gras, vers 1925

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

2- Mardi gras, vers 1925

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

3- Mardi gras, vers 1925

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

4- Mardi gras, vers 1925

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

5- Mlle O. Lemoine et W. Gormully en costume, en 1906

Photo: William James Topley. Bibliothèque et Archives Canada
Photo: William James Topley. Bibliothèque et Archives Canada

6- Le jeune Lonia Lacharité, 10 ans, et une amie, costumés pour le Mardi gras

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

7- Le Mardi gras à CKVL, en 1954

De gauche à droite, Léon Lachance, Oswald, Juliette Béliveau, Claude Séguin et l'orchestre de Adrien Avon sont travestis à la mode des années 1900. Photo: Conrad Poirier. BAnQ
De gauche à droite, Léon Lachance, Oswald, Juliette Béliveau, Claude Séguin et l'orchestre de Adrien Avon sont travestis à la mode des années 1900. Photo: Conrad Poirier. BAnQ

8- Marie Darche, 22 mois, célèbre l’Halloween à sa manière, à côté d’une citrouille qu’on a masquée.

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

9- Fête d'Halloween pour enfants (YWCA) à Peterborough, en Ontario

Photo: Bibliothèque et Archives Canada
Photo: Bibliothèque et Archives Canada

10- Groupe de gens déguisés à une fête d'Halloween, à l'hôtel Standish, vers 1950

Photo: Michael Berens. Bibliothèque et Archives Canada
Photo: Michael Berens. Bibliothèque et Archives Canada

11- Mardi gras: Camille St-Denis et Chris Bovey, vers 1947

Photo: Conrad Poirier. BAnQ
Photo: Conrad Poirier. BAnQ

12- Mardi gras: Nicole Beaudelaire, Norah Lenoir et Louis D'Haute Serve

Photo: Conrad Poirier. BAnQ
Photo: Conrad Poirier. BAnQ

13- Mardi gras: Jeanne Saint-Germain et Jacques Simard

Photo: Conrad Poirier. BAnQ
Photo: Conrad Poirier. BAnQ

14- Hélène et Jacqueline St-Jean, 1945

Photo: Conrad Poirier. BAnQ
Photo: Conrad Poirier. BAnQ

15- Des enfants costumés passent l’Halloween, 1947

Photo: Conrad Poirier. BAnQ
Photo: Conrad Poirier. BAnQ

16- Les Bédard fêtent l'Halloween, 1953

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

17- Fête d'Halloween chez Marlene Fisher

Photo: Conrad Poirier. BAnQ
Photo: Conrad Poirier. BAnQ

18- Enfants déguisés pour l'Halloween à Ville LaSalle, 1977

Photo: Adrien Hubert. BAnQ
Photo: Adrien Hubert. BAnQ

19- Citrouille d'Halloween à Ville LaSalle, 1977

Photo: Adrien Hubert. BAnQ
Photo: Adrien Hubert. BAnQ

Sorties plein air dans le Centre-du-Québec

Les couleurs sont encore magnifiques dans la vallée du Saint-Laurent, une bonne raison de profiter des beaux jours en plein air! Je vous propose deux sorties dans la région du Centre-du-Québec, à Nicolet et à Victoriaville.

Entre fleuve et marais

C’est l’un de mes coups de cœur de l’automne: la passerelle du
parc écologique de l’Anse du Port, aussi nommé parc écomaritime, et qui est situé à Nicolet, au confluent de la rivière du même nom et du lac Saint-Pierre.

Comme suspendu dans les airs, ce long chemin de bois court sur 823 mètres de long à partir de l’accueil du parc. On traverse ainsi, les pieds au sec, une jolie forêt inondable comptant beaucoup d’érables argentés, puis des marécages peuplés d’arbustes, suivis de prairies humides et de marécages. Toute une mosaïque de biodiversité que les oiseaux fréquentent assidument! Bien connu des ornithologues, le parc est plutôt déserté par les oiseaux en cette fin d’automne, mais il reste toujours quelques retardataires ou résidents permanents à observer.

De toute façon, la passerelle et ses abords sont en eux-mêmes une curiosité à visiter. Le «sentier» sur pilotis mène à une tour d’observation de douze mètres de hauteur avec vue imprenable sur le lac Saint-Pierre. Très couru au coucher du soleil, ce site n’est pas moins exceptionnel dans la journée, surtout lorsque le soleil est de la partie.

Il faut voir le lac prendre des allures de grand large avec de vraies vagues et les herbes hautes des rives danser sous l’effet du vent. En marchant un peu sur le bord, dans le sable, on peut s’approcher de ces herbes colorées qui ont les pieds dans l’eau. Les gouttes qui les éclaboussent les font littéralement miroiter au soleil, un phénomène tout à fait fascinant.

Créé en 1993 – mais avec une passerelle beaucoup plus récente – le parc est gratuit et ouvert à l’année. Il compte quelques courts sentiers pédestres, en plus de la passerelle.

Photo: Axel Drainville, Flickr
Comme suspendu dans les airs, ce long chemin de bois court sur 823 mètres de long à partir de l’accueil du parc. Photo: Axel Drainville, Flickr

«Victo» et ses oies, les 27 et 28 octobre

On se déplace un peu plus vers l’intérieur des terres pour rejoindre Victoriaville, la capitale régionale. De nombreux oiseaux élisent domicile au réservoir Beaudet, quasiment en ville. Pas moins de 269 espèces ont été recensées au fil des ans près de ce plan d’eau, classé «zone importante de conservation des oiseaux» par Nature Québec. Les oies des neiges s’y donnent notamment rendez-vous chaque année durant leur migration d’automne, histoire de se reposer avant le sprint final vers le Sud. Leur «manège» dure au moins jusqu’à la mi-novembre, disent les habitués. Le spectacle des oies virevoltant sur le réservoir est de toute beauté. Il est facile d’accès car ceinturé d’un sentier de cinq kilomètres de long.

Le weekend prochain offre une excellente occasion d’aller sur place. Aux abords du plan d’eau, se tient en effet la huitième édition du festival artistique et ornithologique «Victo et ses oies». Vingt-quatre artistes, peintres, sculpteurs, céramistes et photographes participent à cet évènement gratuit qui fait aussi la part belle aux conférences sur l’oie des neiges, les oiseaux en général, la photographie… Mais personne ne volera la vedette aux maîtres (temporaires) des lieux, ces 100 000 à 150 000 oies qui font halte ici année après année.

Photo: Facebook Victo et ses oies
Photo: Facebook Victo et ses oies

Voyage dans le temps: Centre-du-Québec

Voyagez dans le Centre-du-Québec par le biais de ces magnifiques photos historiques!

Créée en 1997, la région du Centre-du-Québec, nichée entre le fleuve Saint-Laurent et les Appalaches, a connu une histoire riche en rebondissements, notamment lors de l’invasion américaine de 1775, les soulèvements des Patriotes de 1837 et de grandes grèves ouvrières.

De nos jours, on y retrouve plusieurs musées et lieux historiques à visiter, dont la maison de Sir Wilfrid Laurier, la maison et l’atelier du peintre Rodolphe Duguay, le domaine Trent et le Moulin Michel de Gentilly.

1- Gare du chemin de fer Intercolonial, Drummondville, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

2- Rue Cockburn, Drummondville, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

3- Drummondville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

4- Manoir de Drummondville

Photo: BAnQ
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5- Parc de Drummondville, 1930

Photo: BAnQ
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6- Rue Saint-Georges, Drummondville, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

7- Rue Notre-Dame, Victoriaville, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

8- Avenue de la gare du chemin de fer du Grand Tronc, Victoriaville, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

9- Hôtel de Ville, Victoriaville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

10-Rue Notre Dame, Victoriaville

Photo: BAnQ
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11- Hôtel de Ville, Victoriaville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

12- Rue Principale, Victoriaville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

13- Rue Notre Dame, Victoriaville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

14- Rue de la Fabrique, Victoriaville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

15- Rue Saint-Louis, Plessisville, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

16- Rue Saint-Calixte en hiver, Plessisville, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

17- Rue Saint-Calixte, Plessisville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

18- Plessisville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

19- Rue de St-Louis, Plessisville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

20- Rue St-Édouard, Plessisville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

21- Rue St-Louis, Plessisville

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

22- Rue Brassard, Nicolet, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

23- Sainte-Monique de Nicolet, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

24- Rue Notre-Dame, Nicolet, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

25- Vieille église, Saint-Jean-Baptiste-de-Nicolet, comté de Nicolet, vers 1890

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

26- Couvent du Précieux Sang, Nicolet, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

27- École des Frères des Écoles chrétiennes, Nicolet, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

28- La Compagnie Cantin de Warwick, Warwick, vers 1910

Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord
Photo: Don de M. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

29- Bureau de poste, Warwick

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

30- Chalet des M. M. Baril sur la Rivière aux Pins, Warwick

Photo: BAnQ
Photo: BAnQ

31- Rue à Bécancour, vers 1910

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Photo: Don de Mr. Stanley G. Triggs. © Musée McCord

La «montréalité» de Dan Hanganu

L’architecture n’est pas un sujet de prédilection au Québec. Pour compenser (un peu), Avenues vous invite à découvrir dans les prochaines semaines le travail d’architectes méconnus de la province. Cette semaine, gros plan sur Dan Hanganu.

Qu’ont en commun le siège social du Cirque du Soleil, le Théâtre du Nouveau Monde ou le pavillon de Design de l’UQAM? Ils portent tous la signature de Dan Hanganu. Ce n’est pas exagéré de dire que Montréal n’aurait pas le même visage sans sa contribution.

Né en Roumanie, Dan Hanganu s’est établi à Montréal dans les années 1970. Depuis, la firme à son nom a réalisé des projets de diverses envergures, de la maison unifamiliale à l’institution culturelle, jusqu’à sa mort subite le 5 octobre 2017. Il avait 78 ans. Il s’est d’abord fait connaître à L’Île-des-Sœurs, où il a conçu les Habitations de Gaspé, une série de maisons en rangée avec de grands espaces ouverts.

L’architecture de Dan Hanganu a un style qui lui est propre. Le regretté réussissait avec brio à donner une touche contemporaine aux bâtiments, à les intégrer dans la ville sans renier le passé. Il avait un faible pour les matériaux bruts, comme le métal, la brique ou le béton. Ses œuvres sont des masses qu’il creuse pour faire jaillir la lumière. L’architecture de Dan Hanganu était controversée. En plus de nombreux éloges, il a reçu au fil de sa carrière son lot de critiques.

Même si ses projets ont presque tous vu le jour au Québec, il a fait briller la province à l’international. Il déplorait d’ailleurs notre manque de culture et de vision architecturales.

L’Éperon

Le bâtiment principal de Pointe-à-Callière, aussi connu sous le nom d’Éperon, est sans doute l’œuvre phare de Dan Hanganu. Inauguré en 1992, le musée a reçu les grands honneurs: la médaille d’excellence du gouverneur général pour l’architecture, le Grand Prix de l’Ordre des architectes du Québec, et le prix Orange de l’organisme Sauvons Montréal.

L’édifice contemporain s’intègre harmonieusement au quartier historique et met en valeur les artéfacts qu’il héberge. Comme le soulignait la directrice générale de Pointe-à-Callière Francine Lelièvre dans un article de La Presse plus tôt cette année, Dan Hanganu a conçu l’Éperon «comme un vaisseau amiral en écho au fleuve Saint-Laurent tout à côté. Il a posé un geste architectural qui a su conjuguer le passé maritime de la ville au lieu présent».

L’architecte a respecté l’histoire en reposant les murs du musée sur les anciennes fondations datant de 1846. Sa façade est sobre et recouverte de la même pierre que la plupart des bâtiments de la rue de la Commune. Le mur-rideau en verre apporte pour sa part une grande quantité de lumière. Le plancher de verre, qui permet aux visiteurs de «marcher» sur les lieux de fondation de la métropole, est une idée ingénieuse, qui rappelle le quadrillage des archéologues.

Photo: Facebook Dan S Hanganu, architect
Photo: Facebook Dan S Hanganu, architect

Bibliothèque Monique-Corriveau

Acclamée tant par la critique que par la population en général, la bibliothèque Monique-Corriveau a valu à son architecte plus d’une distinction, dont un Prix d’excellence en architecture en 2015.

Photo: Stéphane Groleau, v2com
 Les deux voiles et le clocher en forme de proue ont été conservés.Photo: Stéphane Groleau, v2com

Dan Hanganu (en collaboration avec Côté Leahy Cardas Architectes) a revampé l’ancienne église St-Denys-du-Plateau, complétée en 1964, en lui donnant un air résolument moderne tout en gardant ses lignes originales. Les deux voiles, qui confèrent un peu au bâtiment l’allure d’une tente, ont été conservées. Même chose pour le clocher en forme de proue. Hanganu a ajouté des structures en verre et en métal, toutes en finesse, qui laissent entrer la lumière et illuminent l’espace la nuit venue. À l’intérieur, le blanc immaculé est enjolivé par quelques touches de couleur.

Le projet a également permis de donner une deuxième vie au travail de Jean-Marie Roy, le concepteur de l’édifice religieux.

À l’intérieur, le blanc immaculé est enjolivé par quelques touches de couleur. Photo: Stéphane Groleau, v2com
À l’intérieur, le blanc immaculé est enjolivé par quelques touches de couleur. Photo: Stéphane Groleau, v2com

HEC Montréal

La vision de Dan Hanganu pour HEC Montréal a été bien mal reçue au départ. On a même décerné à l’édifice érigé en 1996 un prix Citron. Peu invitant au premier coup d’œil, le bâtiment monumental s’apprivoise tranquillement, en l’appréciant d’abord de l’intérieur. C’est une œuvre qui se vit plutôt qu’elle s’admire.

Photo: Michel Brunelle, v2com
La façade industrielle de l'édifice détonne dans le quartier. Photo: Michel Brunelle, v2com

Sa facture industrielle, marquée par les matériaux bruts, détonne dans le quartier et sa présence s’impose sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine. À l’intérieur, la réalité est toute autre. Les lieux sont lumineux et varient selon les saisons, notamment grâce aux terrasses vertes sur trois paliers. Dan Hanganu a multiplié les détails pour améliorer le confort des étudiants. Après avoir abattu des arbres pour construire l’établissement d’enseignement, la nature a repris ses droits. Son intégration au boisé adjacent est d’ailleurs remarquable.

Photo: Steve Montpetit, v2com
Les lieux sont lumineux grâce aux nombreuses fenêtres. Photo: Steve Montpetit, v2com