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La révolution cycliste de Paris
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Paris deviendra-t-elle la capitale mondiale du vélo? C’est en tout cas l’ambition que caresse la Ville Lumière. Avec son Plan vélo 2015-2020, dévoilé ce printemps, c’est une petite révolution que s’apprête à vivre la capitale française.
Paris est aux prises avec un problème de pollution. Le smog est si présent que la ville a été forcée, le 23 mars dernier, de réduire de moitié le trafic automobile. Seules les voitures avec des plaques impaires étaient autorisées à se déplacer.
Mais Paris n’a pas que cette solution drastique dans ses cartons. Elle offre notamment 11 400 euros aux conducteurs qui troquent leur vieille voiture diesel pour une auto électrique. Et elle a un tarif unique pour les usagers du transport en commun, qu’ils habitent en plein cœur du centre-ville ou en banlieue éloignée.
La ville mise maintenant sur le vélo pour assainir son environnement. Son plan de 150 millions d’euros (plus de 202 M$) permettra de doubler la longueur des pistes cyclables d’ici 2020. Elles passeront ainsi de 700 à 1400 km en cinq ans, en partie en faisant de nombreuses voies dans les deux sens. L’objectif? Tripler le nombre de déplacements à bicyclette, qui passerait de 5% à 15% du total des trajets effectués.
Le vélo au cœur de la ville
Avec ce Plan Vélo, un nouveau réseau de voies entièrement dédiées aux bicyclettes va voir le jour.
Cinq autoroutes cyclables bi-directionnelles seront implantées. Les Parisiens - et les nombreux touristes - seront donc bientôt en mesure de déambuler sur les Champs-Élysées et le long des Quais de la Seine sans braver le trafic. Ces nouveaux itinéraires supprimeront même parfois des voies aujourd’hui consacrées à la circulation automobile, comme rue de Rivoli.
Le Plan vélo ne fait pas qu’ajouter des pistes cyclables. Les zones de circulation à 30 km/h seront généralisées dans la capitale, à l’exception des grands axes où il sera encore permis de rouler à 50 km/h. Des cédez-le-passage pour les vélos (leur donnant le droit de franchir un feu rouge si la voie est libre, par exemple) vont aussi être implantés aux carrefours. Puis 7 000 nouveaux sas vélo, permettant aux cyclistes de se placer devant les véhicules à une intersection, seront créés d'ici 2020.
Pour inciter les habitants à utiliser leur propre bicyclette, la ville consacrera 10 millions pour l’aide à l’achat de vélos électriques, de triporteurs et de vélos cargos. 10 000 places de stationnement seront aussi créées. Des cages grillagées et sécurisées seront installées, notamment près des gares, pour prévenir le risque de vol.
Des idées pour les villes du Québec?
Pourrait-on appliquer certaines des mesures parisiennes ici? Les administrateurs municipaux, en tout cas, se font plus timides que leurs collègues européens.
On ne peut toutefois pas en dire autant du maire Luc Ferrandez, à Montréal. L'an dernier, il avait annoncé un cocktail de mesures pour faire du Plateau-Mont-Royal le paradis des cyclistes. En plus de 20 km de nouvelles pistes cyclables, des vélorues, qui donneront la priorité aux bicyclettes, seront aménagées cette année sur les rues Mentana et Saint-André. Les automobilistes ne pourront plus rouler à plus de 30 km/h dans les rues locales. Les artères, quant à elles, seront limitées à 40 km/h. La largeur des grandes voies de circulation sera aussi rétrécie afin d'éviter que les cyclistes se fassent happer par une portière.
Si le système de vélos en libre service fonctionne bien à Montréal, on ne compte qu’une poignée de sas vélo. Depuis le projet-pilote de 2011 à l’intersection de Milton et University, seulement sept sas vélo ont été implantés. À Québec, cette initiative ne fait même pas partie des plans.
L'aménagement de pistes cyclables dédiées et de stationnements à vélo sécuritaires, surtout aux abords des gares, pourraient aussi donner un sérieux coup de pouce aux cyclistes de la province. Autant de mesures dont pourraient s'inspirer nos élus.