Architecture
La maison intergénérationnelle gagne du terrain
La maison intergénérationnelle fait de plus en plus d'adeptes à travers le monde. Coup d'œil sur cette tendance immobilière.
À première vue, difficile d’imaginer que cette maison résolument moderne abrite trois générations sous le même toit. C’est pourtant ici, en Virginie, que Song et Sam Chung ont décidé de s’installer avec leurs enfants et leurs petits-enfants. Un mode de vie que l’on adopte tranquillement aux quatre coins de la planète.
Les Coréens d’origine ont travaillé de concert avec la firme Höweler + Yoon Architecture pour élaborer les plans. Selon l’architecte Meejin Yoon, ils voulaient concevoir une maison si attirante qu’elle allait convaincre leurs enfants de s’y établir pour de bon. Et ils ont réussi leur pari.
Les deux couples ont des espaces subtilement séparés, afin de garder leur intimité. La maison est composée de trois éléments: les chambres principales, les espaces de vie et une rangée de chambres entre les deux. Le verre omniprésent permet au design de garder son harmonie sur les 7 500 pieds carrés de la demeure et de brouiller la frontière entre l’intérieur et l’extérieur. Partout, le paysage se faufile.
Une tendance grandissante
Comme plus de jeunes adultes qu’avant retournent dans le nid familial —ou ne le quittent jamais!— et que la population vieillit, le nombre de maisons intergénérationnelles grandit.
Aux États-Unis, le nombre de personnes vivant dans ce type d’habitations a notamment doublé depuis 1980. Pas moins de 57 millions d’Américains partagent aujourd’hui leur maison avec d’autres générations. Selon les données du Pew Research Center, le logement multigénérationnel n’a cessé de gagner en popularité au cours des trois dernières décennies, atteignant un sommet au cours de la récession de 2008.
Au Canada, le marché progresse toutefois plus lentement que les experts immobiliers l’avaient prédit. Bien qu'elle augmente, la cohabitation entre une famille de différentes générations reste encore relativement marginale pour les Québécois.
L’intergénérationnelle au secours de l’Allemagne
En Allemagne, les maisons intergénérationnelles ont vu le jour en 2003 grâce à Ursula von der Leyen, alors ministre de la Famille de la région de la Basse-Saxe. Quand elle a été promue ministre fédérale, elle a déployé son idée à l’échelle du pays: 500 centres ont ainsi été fondés et reçoivent 40 000 € par an chacun.
L’intergénérationnelle prend toutefois un autre sens là-bas: il s’agit d’une demeure qui abrite sous le même toit garderie, maternelle et résidence pour aînés, et où les jeunes parents peuvent s’arrêter pour prendre une pause et demander conseil.
Les retraités lisent des histoires aux bouts de chou et viennent à la rescousse des parents épuisés. En retour, les adolescents apprennent aux personnes âgées à utiliser les nouvelles technologies.
Cette habitation nouveau genre est un élément clé du plan de l’Allemagne pour sa population vieillissante. Dans les années à venir, l’approche sera essentielle selon le gouvernement pour permettre aux familles de faire face aux hausses des coûts en santé et en services sociaux.
Est-ce pour vous?
Ceux qui seraient tentés par l’aventure de la maison intergénérationnelle ont intérêt à bien planifier et à consulter des experts. L’intimité est la priorité, mais il faut aussi penser à la sécurité, sans oublier l’esthétisme. Il faut également discuter des coûts et de leur partage.
À l’achat d’une intergénérationnelle existante, la prudence est aussi de mise. Au Québec, certaines ne sont pas conformes ou sécuritaires, alors que d'autres ont été construites sans permis dans des quartiers où il est interdit d'avoir ce type de propriété.
La maison intergénérationnelle comporte des avantages. C’est l’occasion de renforcer les liens familiaux, tout en s’entraidant et en profitant de la jeunesse ou de l’expérience des autres. L’option demande toutefois réflexion et préparation, afin que tous se sentent à la maison.