Tourisme d’hiver au Québec
La marmotte et son ombre? Pfffff! Moi, j’ai vu un grizzli sortir de sa tanière dans le parc des sentiers de la nature du Zoo sauvage de Saint-Félicien samedi dernier. Qui dit mieux?
De retour après quelques jours au Lac-Saint-Jean, d’où je suis originaire, j’ai l’impression d’être passée de l’hiver au printemps en quelques heures. N’ayant jamais eu le courage de visiter le zoo en hiver, moi qui m’y suis pourtant baladée des centaines de fois en été, j’ai été soufflée par la neige immaculée, si abondante qu’on aurait dit que tous les nuages du ciel avaient eu envie de s’étendre de tout leur long sur le sol. Avec autant de blanc, du vrai de vrai blanc pur et scintillant, tout m’a paru encore plus éclatant, des bœufs musqués aux orignaux, en passant par les campements traditionnels reconstitués pour rappeler le mode de vie des bûcherons et des coureurs des bois.
Et puis, je ne blague pas: j’ai bel et bien vu un grizzli qui avait une gueule similaire à celle de mon homme quand il a trop dormi. Même le conducteur du train était quasi-hystérique en l’apercevant à côté de sa tanière! «C’est la première fois que j’en vois un, a-t-il assuré aux passagers. Ni hier, ni les autres jours, nous n’avons vu d’ours dans le parc.» Dans la partie pédestre du site, les grizzlis ont quant à eux passé l’hiver en semi-hibernation, ne pouvant résister à la tentation de se tirer du lit tous les jours à l’heure de la collation des lynx. Mais ceux du parc des sentiers, à qui les visiteurs rendent visite dans un train-cage, gardent un rythme plus naturel.
Tant qu’à me trouver au cœur de l’hiver – s’il a plu au Saguenay–Lac-Saint-Jean au début de la saison, la station de ski Valinouet dit avoir reçu 117 centimètres de neige les jours précédant la relâche scolaire! –, je suis allée jeter un coup d’œil au Village sur glace de Roberval, qui célèbre son 10e anniversaire. À moins que le mercure continue de grimper, le site restera accessible jusqu’à la fin du mois.
Ici, c’est l’aspect social qui est mis de l’avant. Les gens arrivent avec leur roulotte ou leur minimaison quand la glace est suffisamment solide (normalement en janvier). Tous les week-ends, le site devient un lieu de rassemblement, un peu comme les campings en été. Les sportifs côtoient les simples promeneurs. N’est-ce pas une fabuleuse manière de s’approprier l’hiver? Le lac, si plein de vie en été, devient le terrain de jeux des familles qui viennent patiner dans l’anneau de glace. Jeunes et moins jeunes se croisent près de la glissade où dans les tentes communes, qui permettent de se réchauffer.
Franchement, je salue les initiatives des différents acteurs de l’industrie touristique de la province, qui nous donnent de plus en plus envie de «jouer dehors» même par temps froid. Nul besoin de faire du ski ou de la raquette pour s’éclater en 2016: on fait du vélo des neiges en Mauricie, de la luge au Massif de Charlevoix, du patin dans un sentier glacé en Abitibi ou de la tyrolienne à Montréal en lumière. Les plus courageux (et les mieux équipés!) vont camper au parc national des Monts-Valin, tandis que les plus douillets optent pour une nuit dans une yourte au nouvel Imago Village (aussi dans les Monts-Valin), pour une cabane sur pilotis chez Kabania dans la région de Lanaudière ou pour le confortable cocon que propose l’incroyable Auberge de montagne des Chic-Chocs en Gaspésie.
Est-ce parce qu’il a été court et doux cette année que l’hiver qui s’achève m’est apparu comme l’un des plus chouettes depuis longtemps? Probablement. Ce n’est cependant pas l’impression de l’industrie, qui voit le Québec comme du reste du Canada perdre du terrain depuis quelques années au profit d’autres destinations comme la Russie et la Finlande. Souhaitons que des partenariats se créent entre les régions plutôt que de les voir se disputer les faveurs des touristes…
Pour le moment, savourons le début de ce printemps plein de promesses!